Le silicium est souvent utilisé comme matériau semi-conducteur. (Photo; Shutterstock)

Le silicium est souvent utilisé comme matériau semi-conducteur. (Photo; Shutterstock)

Les semi-conducteurs, nécessaires par exemple à la fabrication des ordinateurs, manquent au Luxembourg et les stocks disponibles se réduisent. La pénurie pourrait aussi avoir des effets chez certains concessionnaires.

Il s’agit d’un composant minuscule. Pourtant, depuis qu’il manque, le semi-conducteur met à l’arrêt de très importantes entreprises dans le monde. Ce matériau, à la fois isolant et conducteur d’électricité, se retrouve aussi bien dans les ordinateurs portables, consoles, que dans les voitures les plus récentes. Nécessaire à leur fabrication, il est en pénurie depuis plusieurs mois.

L’une des explications principales réside dans la forte demande en matériel informatique engendrée par la crise sanitaire, entre travail et divertissement à domicile. Combinée au déploiement de la 5G, créant des demandes supplémentaires. Alors que les plus gros producteurs (TSMC, Samsung, SK Hynix, Intel) sont basés en Asie ou en Amérique, l’Union européenne ne détiendrait que 10% du marché, selon plusieurs médias. Certains, comme le taïwanais TSMC, ont annoncé des investissements pour augmenter leurs capacités. Mais ils prévoient que la crise dure jusqu’en 2022.

Impact sur les prix

Au Luxembourg, on en ressent déjà les effets. «Nous construisons des ordinateurs. 80% ont besoin de composants qui sont introuvables», témoigne Adrien Uzan, gérant du magasin Obiwan Computer. La pénurie touche surtout les cartes graphiques (qui produisent l’image qui s’affiche sur l’écran). «Les fournisseurs officiels n’ont rien. Certains en achètent auprès de revendeurs, on obtient une accumulation des intermédiaires et une explosion des prix. Une carte qui se vendait 300 euros l’année dernière est maintenant à 600», illustre-t-il. «Ce qui fait qu’au bout de la chaîne, le client se trouve avec un prix à la hausse.» Même pour les ordinateurs que l’entreprise vend, mais ne produit pas elle-même, «95% des références sont indisponibles pour les cartes graphiques», dit-il. En plus de la crise sanitaire, il met en cause le minage des cryptomonnaies dans cette crise, qui demande de puissantes cartes graphiques. Pour lui, la pénurie commence à s’étendre aux imprimantes, aux télévisions, car «des semi-conducteurs, il y en a partout».

Ce que confirme le magasin d’électroménager et d’électronique Hifi International. Côté ordinateurs, «nous avons beaucoup de difficultés à trouver des entrées de gamme. Les constructeurs ont peut-être privilégié le moyen ou haut de gamme», devine le responsable marketing, Emmanuel Berg. Pareil pour les ordinateurs de gaming (suffisamment puissants pour jouer aux jeux vidéo), dont les cartes graphiques manquent. «C’est tendu aussi pour les télévisions, pour les mêmes raisons. Les usines ont redémarré, mais il y a une forte demande.» Qui risque de s’accélérer, comme à chaque fois, avec l’Euro de football 2021 cet été. Il cite également les imprimantes. Mais se veut plus rassurant. «À l’intérieur du mégastore, on n’a pas l’impression d’un magasin pénurique.» Emmanuel Berg ne parle pas de pénurie, mais de «tension», qu’on remarque plutôt au niveau du stock. Il ne donne pas de chiffres, mais indique qu’il est «bas».

Il ne constate cependant pas d’impact sur les prix. Même si on ne peut plus trouver d’entrée de gamme à 399 euros, illustre-t-il, ceux à 499 ou 599 euros ont un meilleur processeur et restent donc au juste prix. «Quand un client vient chez nous, on ne trouve peut-être pas le modèle qu’il veut dans la même couleur, mais on trouve toujours quelque chose qui correspond à ses besoins.»

De l’espace à l’automobile

Kleos Space utilise aussi des semi-conducteurs dans ses ordinateurs pour «traiter les données de ses satellites», explique son CEO Andy Bowyer. L’entreprise «augmente constamment ses capacités» et a donc des besoins réguliers, même si elle ne communique pas de chiffres précis. «Assez peu pour qu’on réussisse à trouver des solutions», précise juste Andy Bowyer. La crise des semi-conducteurs «nous affecte, mais n’arrête pas notre activité». L’entreprise réussit à se fournir autrement, même si cela lui demande plus de temps et un prix parfois supérieur.

Qu’en est-il des voitures, alors que plusieurs usines dans le monde ont été mises à l’arrêt, comme celle de Stellantis (ex-PSA) à Rennes?

Au Luxembourg, le concessionnaire Losch avoue simplement «livrer ce qui vient». Le groupe Volkswagen répond par écrit à Paperjam que «ces derniers mois, nous avons travaillé intensément pour minimiser les effets du goulot d’étranglement mondial des semi-conducteurs sur la production dans l’ensemble du groupe. C’est pourquoi la production n’a pas encore été affectée à plus grande échelle. Mais nous supposons actuellement que l’offre de puces continuera d’être tendue dans les mois à venir. Pour cette raison, de nouveaux ajustements de la production ne peuvent être exclus. En Allemagne, l’usine de voitures particulières Volkswagen de Wolfsburg et le site de production d’Emden doivent réduire leur production ce mois-ci. Celle à Zwickau/Dresde n’a pas été affectée jusqu’à présent.» Le groupe avait déjà réduit sa production dans les mois précédents, selon plusieurs médias.

Chez BMW Belux, «nous surveillons la situation d’heure en heure. Pour le moment, il n’y a pas d’impact sur la production».