Les orthèses n’auraient qu’un faible impact sur la correction du mouvement. (Photo: Shutterstock)

Les orthèses n’auraient qu’un faible impact sur la correction du mouvement. (Photo: Shutterstock)

De plus en plus de coureurs ont recours aux semelles orthopédiques pour corriger leur mouvement. Mais le débat sur leur efficacité reste d’actualité. Pour le professeur Jan Cabri (Liroms), leur efficacité reste souvent à prouver.

C’est un des grands sujets de débat qui alimentent les pelotons: faut-il ajouter des orthèses à ses chaussures de course pour corriger un défaut lié au pied? Personne n’a de pieds parfaits, et beaucoup de coureurs sont détectés pronateurs ou supinateurs – selon la manière dont ils attaquent le sol avec la semelle – lors d’un passage chez un podologue.

Une semelle orthopédique est censée corriger cela. Est-ce nécessaire? «On les recommande beaucoup trop vite», observe le professeur Jan Cabri, directeur scientifique au Luxembourg Institute of Research in Orthopedics, Sports Medicine and Science (Liroms) et responsable du Laboratoire du mouvement au CHL.

De nombreux sportifs de haut niveau, marathoniens ou triathlètes, ont été analysés dans son laboratoire du mouvement. Et sa conclusion est claire: «Dans de nombreux cas, l’effet du port des orthèses sur la cinématique, donc la qualité du mouvement, est très faible.»

Pour Jan Cabri, l’élément essentiel reste la construction de la chaussure elle-même. «Si on regarde la littérature scientifique sur le sujet, on ne trouve pas beaucoup de preuves d’un effet préventif des semelles sur les blessures causées par le surmenage. Ces observations ont été récemment confirmées par l’équipe des docteurs Theisen et Malisoux, chercheurs au LIH(1)

On ne trouve pas beaucoup de preuves d’un effet préventif des semelles sur les blessures causées par le surmenage.
Jan Cabri

Jan Cabridirecteur scientifiqueLiroms

Il pointe d’ailleurs le cas de grands champions, clairement pronateurs, à qui cela n’a jamais posé de problème. «On a récemment découvert que des athlètes de haut niveau parviennent à supporter des volumes d’entraînement importants parce qu’ils parviennent inconsciemment à modifier leur technique de course au cours d’une séance. Grâce à cela, ils évitent de mettre en péril muscles, tendons et os du pied.»

Tout le monde, évidemment, n’y arrivera pas, mais chacun doit en tout cas faire preuve de bon sens par rapport à sa technique de course: «Les semelles sont à utiliser quand le système est malade, comme, par exemple, dans le cas des pieds d’une personne diabétique», explique le professeur. «Mais si vous ne ressentez aucun problème… ne changez rien!»

Alterner les paires de chaussures

Le meilleur truc, selon lui, pour prévenir les blessures, est de disposer de deux ou trois paires de chaussures confortables à des stades d’usure différents et d’alterner les paires de semaine en semaine. «En changeant de chaussures, on modifie sa technique de course, ce qui permet de diversifier les structures anatomiques sous charge», observe le professeur Cabri.

Notez quand même que chaque changement brusque dans la technique de course peut s’avérer traumatisant pour le corps. Si vous portez actuellement des semelles, ne décidez pas de vous en passer du jour au lendemain. Chaque modification doit se faire de manière graduelle.

(1) «Journal of Athletic Training», novembre 2020

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Running, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité du running au Luxembourg.