Son équipe et le soutien des autorités aux PME: les deux jambes d’un nouveau Supermiro, mis en musique en moins d’une semaine par sa CEO, Elfy Pins. (Photo: Anthony Dehez)

Son équipe et le soutien des autorités aux PME: les deux jambes d’un nouveau Supermiro, mis en musique en moins d’une semaine par sa CEO, Elfy Pins. (Photo: Anthony Dehez)

En une semaine, la CEO de Supermiro, Elfy Pins, a dû réinventer sa start-up. Pas d’autre choix pour la chief entertainment officer, puisque les événements ont été annulés les uns après les autres, et les bonnes adresses, fermées.

«Nos business developers, nos ‘chouchouteuses’ comme nous les avons baptisées, commencent à avoir du mal à signer. Une question nous taraude: est-ce que c’est à cause du coronavirus? Les rendez-vous sont annulés, elles sont un peu désespérées.»

L’histoire de Supermiro, start-up communautaire sur les rendez-vous et événements sympas, les bons plans et les bonnes adresses, qui se réinvente commence là, début mars. Avec cette question.

Depuis neuf ans au Luxembourg, Elfy Pins continue à donner l’impression de s’amuser, sur les réseaux sociaux. Derrière le vernis, un plan de bataille va émerger. La chief entertainment officer se raconte. Sans se cacher. 

Vendredi 13, le carnage: «Les premières annonces liées au coronavirus par les autorités publiques, en Belgique où nous sommes présents à Bruxelles, en France puisque nous allons jusqu’à Metz, et au Luxembourg, à ce moment-là dans une moindre mesure, se traduisent par des annulations massives. Nous référençons 3.000 à 3.500 événements par mois. Les annuler requiert une intervention manuelle. Je commence à comprendre qu’il va falloir faire autre chose.»

Vendredi 13, le coup dur: «Et non seulement on ne signe plus, mais des clients qui avaient signé, qui représente 7% de notre chiffre d’affaires annuel, décident d’annuler le contrat. C’est un gros coup dur.»

Vendredi 13, l’espoir renaît: «Une personne bienveillante dans mon réseau me dit de commencer à penser au chômage partiel, très tôt, pour remplir un dossier assez vite. Je suis contente que quelqu’un m’y fasse penser. Une autre personne de mon réseau accepte gratuitement de remplir les dossiers pour moi, ce qu’il fait habituellement dans le cadre de son activité professionnelle. C’est super utile.»

Vendredi 13, rebadaboum: «On adapte notre plan marketing en se concentrant sur les business locaux. Mais ils ferment les uns après les autres aussi. Là, il faut clairement proposer autre chose à la communauté. Mais quoi? J’éloigne ma famille, aussi bien pour la protéger que pour pouvoir me concentrer sur le business.»

Lundi 16, le besoin de l’équipe: «Je ressens le besoin de parler à mon équipe, de lui expliquer ce que j’ai fait comment et pourquoi, ce que j’attends d’elle. Tout le monde est réuni, en respectant les consignes de distance. Que fait-on pendant deux mois? Comme d’autres, on en profite pour prendre du temps pour nous ou on se bouge? Ça dure de 9h à 14h. On va se bouger! Et nous nous mettons en remote.»

Lundi 16, le PowerPoint de la relance: «Camille, ma nouvelle marketeuse, est venue avec un plan de crise, un PowerPoint magnifique. Les choses se réorganisent. Notre mission est toujours la même: occuper le temps libre des gens… qui sont désormais coincés à la maison. Il nous faut leur amener de nouveaux formats et essayer de les faire rire au quotidien.»

Lundi 16, le code à refaire: «Le premier challenge… est de refaire 80% du code. Notre solution est basée sur la géolocalisation. Mais comme il n’y a plus d’événement géolocalisé, il faut supprimer ça. Et peut-être ajouter un dispositif qui indique que c’est du contenu pour le temps du coronavirus. On est aussi prêts à finir l’app, qui doit sortir.»

Mardi 17, la team, la team, la team: «La team est incroyable. Tout le monde travaille à fond et s’implique du matin au soir alors qu’avant, j’expédiais tout le monde à 18 heures en leur disant de se préserver. Là, ça bosse, pour le code et aussi pour les nouveaux formats. Plus que jamais, la joyeuse équipe est joyeuse, malgré les circonstances. Ça fait du bien pour un chef d’entreprise. Surtout que j’ai eu 40% de turnover l’an dernier, mais l’esprit d’équipe est resté. Nous sommes neuf plus des free-lance.»

Mercredi 18, les nouveaux formats: «En parallèle, on bosse sur les nouveaux formats. Probablement plus vers la vidéo. La petite vidéo bricolée parce qu’on n’est pas des cinéastes. Mais aussi avec des coachs de vie, des coachs sportifs et des profs de yoga, des danseurs ou des pianistes. Comme des cours en ligne. Cette nuit, une de mes 'Content'  m’a même envoyé une capsule à 3h du matin.»

Jeudi 19, un mot pour le gouvernement: «Là, on est prêts. On va lancer nos capsules, au fur et à mesure, et continuer à raconter nos péripéties, à discuter de et avec nos communautés et des petits business locaux. Mais je veux aussi dire que j’ai eu très vite l’impression que le gouvernement prenait des décisions assez rapidement. Quand tu es un jeune entrepreneur, tu as de la trésorerie parfois pour quatre mois, c’est un peu rassurant de voir les dispositifs d’aide qui sont mis en place. Nous verrons si nos demandes sont acceptées et comment ça va se passer! Mais on sent qu’on ne va pas nous laisser tomber!»