Le règlement européen sur la protection des données a boosté les affaires de SeeZam en favorisant une prise de conscience. (Photo: Shutterstock)

Le règlement européen sur la protection des données a boosté les affaires de SeeZam en favorisant une prise de conscience. (Photo: Shutterstock)

Dix ans après ses débuts, le coffre-fort SeeZam est à nouveau bénéficiaire. Et la solution de partage crypté de documents vise sans complexe le million d’euros de revenus en 2020.

Sa main droite dessine un tourbillon qui file vers les profondeurs. Sourire aux lèvres, rappelle comment, en mai 2016, son directeur technique, Khamlek Phommaxay, et lui ont repris la main sur les 53% détenus par Systemat depuis 2013.

Selon le CEO de SeeZam, l’effet du management «buy out» est immédiat: la start-up décolle. 2016, bénéficiaire. 2017, bénéficiaire. Et 2018, encore bénéficiaire. Première société privée à obtenir le soutien de 270.000 euros au titre de «jeune entreprise innovante» en 2011, le coffre-fort numérique a tout réinvesti au fur et à mesure, et vise le million d’euros de chiffre d’affaires en 2020.

Le RGPD a été un ascenseur: il a amené à une prise de conscience de l’importance de l’hygiène informatique!

Pierre Van WambekeCEOSeeZam

«Le RGPD a été un ascenseur!», confie-t-il, tout près de son nouveau siège de Fentange, mardi matin, avant de filer à Bruxelles rencontrer un important prospect. «Le règlement a amené à une prise de conscience de l’importance de l’hygiène informatique! À un moment où de nombreux acteurs se demandaient comment passer du papier vers le numérique en conservant un bon niveau de sécurité!»

15.000 fiches de paie cryptées à 3.072 bits

Premier accélérateur, la feuille de paie. «Quand un service de RH doit envoyer des feuilles de paie en format numérique, il n’a que trois solutions: l’e-mail, sorte de carte postale ouverte à tous les yeux, qui pose des problèmes de confidentialité, d’outils pour crypter et décrypter, de stockage par l’employé», explique l’entrepreneur. «Un intranet pose des problèmes syndicaux, puisqu’il existe une obligation légale de disposer de sa feuille de paie. Et un portail à distance. Nous, on s’est différencié en créant ce coffre-fort avec un compte qui reste la propriété du salarié.»

La technologie cryptée à 3.072 bits (la norme pour l’instant recommandée pour après 2030), appuyée par l’authentification multifacteur, compatible avec le règlement européen sur la protection des données, dope les ventes: de 10.000 fiches de paie distribuées avec SeeZam, le chiffre monte à 15.000 l’an dernier.

Pour les RH, affirme le CEO, «le coût passe de 34 euros par an et par personne à un montant allant de 14 à 18 euros. Et l’employé garde le contrôle de son compte, même en quittant l’entreprise. Soit il paie 24 euros par an pour la prolonger, soit il a deux fois trois mois après son départ.»

La fin des fuites dans les CA

SeeZam a aussi réussi à convaincre 80 entreprises, «de belles références», dit M. Van Wambeke, de sa solution pour les documents que les membres d’un conseil d’administration doivent s’échanger dans le cadre de leur gestion de l’entreprise.

Outre le cryptage du document, une chatbox qui permet de parler des documents avec un horodatage précis de la discussion. Les documents portent les noms de ceux qui les consultent, «ce qui évite les fuites», assure le CEO de SeeZam.

«Ni nous, ni l’IT, par exemple, à la base de 28% des fuites d’informations, n’avons accès à l’information. La chatbox évite l’envoi d’une cinquantaine de mails par document, sur lesquels seuls 10 sont en général vraiment utiles.»

La marque blanche séduit lentement

Une poignée de clients, comme de grosses banques de la Place, ont choisi d’intégrer la solution contre une licence annuelle à 50.000 euros.

La démarche commerciale prend «de 9 à 12 mois. Nous avons une petite dizaine de prospects dans le radar. C’est ce qui explique les variations dans notre chiffre d’affaires», commente encore le chef d’entreprise, à la tête d’une équipe de deux employés et de quatre équivalents temps plein.

En avance sur son temps en 2009, SeeZam est désormais dans l’air du temps. Et prête à convaincre.