La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a évoqué les nombreux chantiers en cours ou à venir, et elle a également insisté sur la dimension de souveraineté nationale de l’aéroport. (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

La ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a évoqué les nombreux chantiers en cours ou à venir, et elle a également insisté sur la dimension de souveraineté nationale de l’aéroport. (Photo: Eva Krins/Maison Moderne)

Si, jeudi soir, lors de la table ronde organisée par le Paperjam Club chez PwC, la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, a évoqué de nombreux projets et investissements en cours, elle a également réaffirmé son opposition aux partenariats public-privé ainsi qu’à toute remise en cause de la souveraineté nationale du contrôle aérien.

«Notre aéroport revêt une importance cruciale non seulement pour notre pays, mais aussi pour la Grande Région. Pour nos visiteurs, il constitue la première impression du Luxembourg. Pour nous, il représente une véritable carte de visite. Son rôle est également politique: il s’agit de notre seule frontière extérieure vers nos partenaires européens et le reste du monde. C’est aussi un moteur essentiel de croissance économique», a déclaré la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, (DP), jeudi soir chez PwC, en amont d’une table ronde sur l’avenir de l’aéroport, tout en reconnaissant les difficultés rencontrées lors des périodes de pointe ou des vacances scolaires.

La ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement à soutenir la croissance du site. «Je peux illustrer cet engagement par la décision récente d’affecter la Cité de l’Aéroport à Lux-Airport, offrant ainsi une option supplémentaire pour répondre aux défis et aux besoins futurs. Nous entretenons un contact étroit et régulier avec la société exploitante Lux-Airport. Par ailleurs, les plans de développement des flottes des compagnies aériennes locales, Cargolux et Luxair, traduisent clairement une vision optimiste de l’avenir et de leur connexion avec le site.»

 Avant d’insister sur «des investissements massifs ont été réalisés pour moderniser l’aéroport», comme:

– le renouvellement et la modernisation des systèmes de traitement des bagages,

– la rénovation complète de la piste,

– la construction d’une nouvelle caserne des pompiers,

– un hangar de maintenance pour Luxair,

– ou encore l’agrandissement et de la construction de places de parking.

Mme Backes a également évoqué d’autres rénovations du terminal, visant à repenser les espaces intérieurs et à améliorer les infrastructures afin d’offrir un confort accru. «Je suis convaincue qu’un voyage réussi commence par une expérience sans stress. C’est pourquoi l’aéroport a mis en place des processus optimisés pour garantir un passage rapide des contrôles de sécurité.»

Quatre travaux de modernisation en cours

«Quatre travaux d’amélioration et de modernisation» a-t-elle dit, «sont en phase de mise en œuvre:

– la modernisation des lignes de sécurité: au-delà de repenser les processus, l’aéroport installera des systèmes de contrôle plus rapides et plus efficaces, réduisant ainsi les temps d’attente pour les passagères et passagers. Une Fast Lane a été également introduite en 2020 permettant de faciliter le contrôle de sécurité pour une clientèle prise par le temps.

– l’agrandissement de la surface du terminal qui permettra d’accueillir un plus grand nombre de voyageurs et d’améliorer le confort général.

–  l’extension de la business lounge, qui sera déplacée au premier étage et offrira des espaces de détente supplémentaires, alors que son emplacement actuel au rez-de-chaussée sera transformé en un espace tax-free;

– l’augmentation des places de stationnement répondra à la demande croissante des usagers. Le parking L ouvert en juillet 2024 a ajouté 650 nouvelles places pour porter le total à plus de 9.000. L’extension du parking M proposera 800 places supplémentaires d’ici la fin de l’année.»

Le passage entre les terminaux A et B ainsi que l’espace de retrait des bagages seront modernisés grâce à un éclairage plus agréable et à un mobilier plus confortable. Les installations sanitaires de l’aéroport feront également l’objet d’une rénovation, avec une augmentation de leur capacité.

Concernant le fret aérien – Cargolux figurant parmi les dix premières compagnies européennes – «il est indispensable de poursuivre la modernisation de nos infrastructures cargo et d’intégrer des technologies d’avenir afin de garantir notre compétitivité à long terme. Cela constitue clairement l’une de mes priorités pour l’avenir de l’aéroport et représente l’investissement le plus important des six à sept prochaines années.»

Carburant vert

«En juin 2023, une nouvelle étape a été franchie avec l’introduction, pour la première fois à l’aéroport de Luxembourg, de carburant d’aviation durable (SAF), en partenariat avec Cargolux, World Fuel Services et Neste. Ce biocarburant, produit à partir de déchets renouvelables, a ainsi permis à Cargolux d’opérer un vol neutre en carbone jusqu’à Zhengzhou», a rappelé la ministre.

«Il s’agit d’une avancée majeure qui témoigne de notre engagement en faveur d’une aviation plus responsable et moins émettrice de CO₂. La construction d’une nouvelle Fuel Farm débutera sous peu afin d’adapter l’aéroport aux carburants du futur et d’augmenter la capacité de stockage. Ce projet, en gestation depuis longtemps, a pu être accéléré ces derniers mois.»

 D’autres investissements importants dans les prochaines années concernent:

– la construction d’un nouveau terminal pour la Business Aviation (General Aviation Terminal) et du Salon d’honneur, qui constitue également une priorité du gouvernement,

–  la rénovation du taxiway et de trois parkings d’avion,

–  la construction d’un nouveau hangar atelier pour Luxair, ainsi que d’autres hangars nécessaires,

–  la construction d’une nouvelle infrastructure pour le catering,

–  et – last but not least – la construction d’une nouvelle tour de contrôle.

Après avoir évoqué le Skypark Business Center – le plus grand immeuble en bois d’Europe – ainsi que son hôtel, le Moxy, déjà complet, et après avoir souligné les enjeux de la digitalisation et de l’automatisation dans l’assistance aux passagers, la gestion du stationnement ou encore la reconnaissance faciale facilitant les contrôles de sécurité, Mme Backes a réaffirmé que «le gouvernement considère que le contrôle aérien est un élément essentiel de la souveraineté nationale et restera, de ce fait, dans le giron de la fonction publique. Le Luxembourg pourra en outre tirer parti de sa position stratégique pour s’imposer comme un centre de compétences et proposer des services de contrôle aérien à d’autres aéroports.»

Elle a également souligné la nécessité de développer des solutions alternatives pour certains segments d’activité, l’aéroport de Luxembourg réunissant en effet l’aviation commerciale, le cargo, l’aviation d’affaires, l’aviation sportive, les hélicoptères, et, à l’avenir, les drones.

Pas de PPP

«Lorsqu’il est question du développement de l’aéroport, j’entends certains proposer le recours à des partenariats public-privé. Or, l’aéroport est une infrastructure critique pour notre pays. Pour moi, il est impensable, et même irresponsable, de s’engager dans une telle voie pour le développement de notre aéroport», a-t-elle déclaré avec fermeté.

Enfin, elle a souligné, «en tant que ministre de la Défense, qu’au cours des prochains mois et années, notre aéroport devra s’adapter aux nouvelles attentes et défis en matière de résilience, dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe. Il sera amené à jouer un rôle croissant dans le cadre de notre défense collective au sein de l’Otan.»