Deux milliards de litres de diesel et un demi-milliard de litres d’essence: chaque année, le Luxembourg consomme des quantités considérables de carburant. Notamment sous l’effet de la consommation des frontaliers, du tourisme à la pompe et des besoins du secteur du transport routier.
Pourtant, après avoir connu une forte hausse dans les années 80, les ventes tendent aujourd’hui vers une diminution. Cela s’explique notamment par le fait que les stations-service augmentent leur capacité, mais diminuent en nombre. Et surtout la mise sur le marché de véhicules moins gourmands en carburant.
On note en effet un léger tassement du nombre de stations-service (234 aujourd’hui, contre 244 en 2010), sans toutefois avoir d’impact conséquent sur l’emploi dans ce secteur qui reste stable: entre 2.500 et 2.600 personnes sur les dix dernières années.
Impossible toutefois de connaître la part de chaque marque (Total, Aral, Esso, Shell...) dans le secteur, ces chiffres n’existant tout simplement pas pour le Groupement pétrolier luxembourgeois.
Une adaptation nécessaire
avec les années, celles du fuel destiné au transport aérien ont doublé en moins de dix ans. En 2018, elles correspondaient à 20% de la vente totale des carburants alors qu’elles ne comptaient que pour 11% en 2010 et 7% en 1980.
«Le gouvernement a mis en place (atteindre minimum 23% de part d’énergie renouvelable dans la consommation finale en 2030, initier une mobilité durable en misant sur l’électromobilité, ndlr) en ce qui concerne les énergies renouvelables. Le secteur va devoir s’adapter à ces mesures. Mais actuellement, il est difficile de se projeter sur dix ans. Ce qui est certain, c’est que les pétroliers devront s’adapter à la stratégie du gouvernement», estime Jean-Marc Zahlen, adviser energy & environment à la Fedil.
Pour 2019, le gouvernement a fixé l’obligation d’addition physique d’au moins 5,85% de biocarburants.
L’expert évoque également plusieurs pistes que devront suivre les constructeurs automobiles et producteurs pétroliers pour survivre dans les prochaines années: «Selon les critères de durabilité définis par la Commission européenne, il s’agit en principe des biocarburants dits de deuxième génération, produits à partir de déchets. Pour 2019, le gouvernement a fixé l’obligation d’addition physique d’au moins 5,85% de biocarburants avec un taux minimal de biocarburants dits de ‘seconde génération’ de 35%.»
À noter que le diesel peut contenir jusqu’à 7% de biodiesel, l’essence 95 E10 peut contenir jusqu’à 10% de bioéthanol. «Il faut également savoir que la Renewable Energy Directive prévoit un objectif de 10% d’énergies renouvelables dans le secteur des transports en 2020», ajoute-t-il.
2 milliards d’accises
Afin de soutenir cette politique environnementale, le gouvernement a notamment . Des accises qui rapportent 2 milliards d’euros chaque année à l’État (cigarettes et carburants confondus).
«Il est clair que les volumes vendus au Luxembourg posent problème par rapport aux objectifs environnementaux fixés par l’Europe. Mais c’est le secteur du transport routier qui sera impacté en priorité. Les sociétés qui disposent de poids lourds devront s’adapter et trouver des solutions pour diminuer leur consommation de fuel», précise Jean-Marc Zahlen.
Approvisionnement étranger
Comme de nombreux secteurs au Luxembourg, celui du pétrole déplore également le manque de place de stockage. Actuellement, , dans un dépôt dont l’autorisation d’exploitation est en passe d’être renouvelée; d’autre part, à Mertert dans une moindre mesure.
«L’approvisionnement se fait dans les pays voisins avant tout en Belgique, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. Le stock stratégique est fixé par la loi et il correspond à neuf jours de consommation dans le pays. Mais nous disposons également de réserves stockées à l’étranger pour 90 jours de consommation au Luxembourg», commente l’expert en énergie.
Si pour l’heure, le secteur pétrolier n’est pas encore dans la tourmente, cela pourrait toutefois arriver dans les prochaines années s’il ne se renouvelle pas. L’importance des énergies renouvelables va aller croissant, il est donc urgent pour les constructeurs et les pétroliers d’envisager d’adapter et de repenser complètement le secteur pour survivre.