À l’heure de la pandémie qui frappe la planète, les scientifiques et les médecins sont les figures qui incarnent alors la possibilité d’une sortie de crise. Au travers de leurs études, leurs analyses, mais surtout par le biais de nombreuses recherches sur des traitements et en particulier un éventuel vaccin. Le secteur de la santé se retrouve ainsi sous les feux de la rampe et les investisseurs le regardent également d’un autre œil. Ce sont ces sujets que nous avons évoqués avec Judith Finegold, Médecin et Gérante de portefeuille chez Fidelity International.

Généalogie et bilan de la pandémie

Si le virus responsable de la pandémie que nous avons connue est parti de Wuhan en Chine, et qu’il est d’origine animale, on ne sait pas exactement quand s’est fait le passage à l’homme. La majorité du corps scientifique estime que cela s’est probablement produit dans le courant du mois de novembre. Il s’est ensuite répandu comme une traînée de poudre à travers la planète, provoquant des politiques de confinement dans de très nombreux pays d’Europe. Si les mesures se sont assouplies depuis, certaines régions du monde comme l’Amérique du Sud sont encore frappées de plein fouet. Aux USA, où un confinement global fut imposé, le nombre de cas variait grandement entre les États. Le virus est par exemple aujourd’hui encore très actif au Texas ou en Arizona par exemple, alors qu’il ne l’était pas au début.

Recensement du nombre de cas dans le monde. Source: Johns Hopkins CSSE Graphique Maison Moderne

Recensement du nombre de cas dans le monde. Source: Johns Hopkins CSSE Graphique Maison Moderne

L’avancée des traitements 

La meilleure façon de penser à la question du traitement est de la séparer en deux. D’une part les traitements curatifs visant à soigner les personnes ayant contracté et souffrant du coronavirus, et d’autre part les traitements préventifs afin de protéger le plus grand nombre contre cette atteinte du système immunitaire et ainsi stopper la pandémie.

La première vague d’essais consistait à proposer un traitement supposé efficace pour vaincre le coronavirus. Ces essais se sont principalement articulés autour de médicaments existants pour traiter d’autres pathologies et qui pourraient avoir un impact significatif sur le traitement du coronavirus; cela a notamment été le cas de nombreux antiviraux déjà présents sur le marché. Il faut reconnaître que certains traitements ont pu se révéler globalement efficaces et limiter dans certains cas les dégâts de la contamination.

Les vaccins sont la réponse la plus efficace sur le long terme, (…) mais il faudra ensuite résoudre le problème de [leur] fabrication et de [leur] distribution.
Judith Finegold

Judith FinegoldHealthcare Analyst et Portfolio ManagerFidelity International

Cependant et dans le but de poursuivre cette lutte contre le coronavirus, ces prochains mois, nous assisterons à une deuxième vague d’essais concernant les traitements curatifs. Il s’agira ici de médicaments totalement nouveaux, qui devraient être développés assez rapidement par les entreprises. Nous en sommes aux essais cliniques actuellement et ils devraient être disponibles d’ici la fin de l’été ou au début de l’automne. Il y a de bonnes raisons d’espérer que ces traitements ciblent de façon bien plus efficace le virus. 

Le deuxième aspect concerne donc la partie préventive. L’objectif ultime est bien entendu la création d’un vaccin sur lequel de nombreux efforts se concentrent à travers le monde. Il est intéressant de voir qu’il existe différentes pistes d’investigation, différents types de vaccins, qui sont à l’étude, ce qui est très encourageant. Les vaccins sont en effet la réponse la plus efficace sur le long terme. Il faudra ensuite encore répondre à une dernière question: comment vacciner la planète au plus vite? La problématique de la fabrication à grande échelle puis de la distribution demeure encore.

Le risque d’une deuxième vague

«Une deuxième vague est inévitable», estime Judith Finegold, avant de poursuivre: «Vu l’étendue de la propagation, il est impossible d’empêcher le virus de se répandre à certains endroits.» Mais qu’entend-on exactement par deuxième vague? La première vague a été à ce point désastreuse car inattendue et nous ignorions quasiment tout de la nature du virus, la façon de le diagnostiquer et bien sûr de le traiter. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, nous avons avancé sur la compréhension du virus, sur les tests de dépistage et nous sommes prêts à isoler les porteurs. La seconde vague devrait donc avoir une amplitude bien moins forte.

Une deuxième vague est inévitable, (…) mais elle devrait avoir une amplitude bien moins forte.
Judith Finegold

Judith FinegoldHealthcare Analyst et Portfolio ManagerFidelity International

Une opportunité pour le secteur de la santé

Les sollicitations croissantes et la mobilisation du secteur de la santé lors de cette crise sanitaire semblent considérablement bénéficier à ce secteur du point de vue des investisseurs. En effet, l’étude réalisée par les analystes Fidelity indique que 70% des analystes jugent que tous les voyants sont au vert pour les investissements dans la santé au mois de juin (contre 45% en avril et mai).

Certains sous-secteurs se sont extrêmement bien comportés durant la pandémie, et ce au vu des nombreuses sollicitations et travaux entrepris par ces entreprises. C’est le cas notamment de la biopharmaceutique à l’échelle mondiale, qui ressortira forcément gagnante de cette crise. Dans la mesure où ces sociétés apporteront la solution à la pandémie, c’est un résultat logique. Il est important de rappeler que ce secteur était plutôt ignoré par les marchés ces dernières années. Aujourd’hui enfin reconnu comme essentiel, les marchés ainsi que les gouvernements lui accordent du crédit afin de pouvoir investir davantage en recherche & développement et innovation.

En parallèle, d’autres secteurs de la santé ont été frappés de façon disproportionnée. Il s’agit par exemple de secteurs tels que l’industrie des technologies médicales. En effet, en réponse à la pandémie, de nombreux établissements de santé ont appliqué des procédures bien plus strictes et complexes, ce qui a significativement réduit ou retardé un grand nombre de leurs activités et investissements habituels.

C’est la raison pour laquelle certains domaines du secteur de la santé ont moins performé durant cette période de crise.

Source : Fidelity International, June 2020. Graphique Maison Moderne

Source : Fidelity International, June 2020. Graphique Maison Moderne

Et demain?

Cette pandémie va fondamentalement changer la façon dont sont perçus la recherche et le développement à l’avenir. Il y a eu un sous-investissement sur certains secteurs de la santé, comme celui des maladies infectieuses par exemple. Aucun gouvernement ne refera sans doute cette erreur une deuxième fois et investira bien plus dans cette direction.

C’est notamment ce que révèle une étude interne réalisée par les analystes Fidelity qui envisage que d’ici à fin 2021, certains secteurs, dont l’IT ou la santé, auront des activités plus importantes qu’avant la crise du Covid-19. Ainsi, la santé devrait observer une augmentation de ses activités de plus de 10%.

Source : Fidelity International, June 2020. Graphique Maison Moderne

Source : Fidelity International, June 2020. Graphique Maison Moderne

En outre, cette crise devrait également modifier l’interaction des organismes de réglementation. Nous avons observé une incroyable interaction et collaboration des organismes de réglementation au cours de cette pandémie afin de mettre en place des règles, faire en sorte que les populations soient en sécurité et dans les meilleures conditions. La mise en place notamment du télétravail en masse a été l’une des dispositions prises relativement rapidement au sein de toute l’industrie en réponse à la pandémie. Il convient de penser qu’à l’avenir, les organismes de réglementation interagiront bien plus afin d’être davantage proactifs dans de telles situations.  


Lire aussi


Retrouvez d’autres épisodes du Podcast Fidelity sur