Rudi Belli, Senior Vice President, Head of CSR/Sustainability de la Spuerkeess.  (Photo: Maison Moderne)

Rudi Belli, Senior Vice President, Head of CSR/Sustainability de la Spuerkeess.  (Photo: Maison Moderne)

La Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) est récemment entrée en vigueur, faisant évoluer le secteur du service financier. 

La SFDR est entrée en vigueur ce 10 mars. En quoi consiste-t-elle?

Le secteur financier joue un rôle central dans le développement durable. Le règlement SFDR définit le cadre de la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur du service financier. Il constitue un élément central du Plan d’action de la Commission européenne pour une finance durable. Le règlement exige des acteurs financiers (ex.: banques, assurances, asset managers, etc.) qu’ils soient transparents sur la manière dont ils prennent en compte les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). De plus, il s’agit de tenir compte des incidences négatives en matière de durabilité des décisions d’investissement. Afin d’éviter le «greenwashing», le SFDR s’assure que les produits et services bancaires répondent à certaines normes, avant de pouvoir être classés comme durables.

Comment cette réglementation se traduit-elle sur le terrain?

Les créateurs de produits financiers et les conseillers en investissement sont obligés de publier (sur leur site ou dans le prospectus du produit financier) des informations sur les risques durables qu’ils intègrent au niveau de leur stratégie d’investissement. À partir du 30 juin 2021, le règlement exige la transparence quant aux incidences négatives sur la durabilité. Lorsqu’un produit est classé «durable», les clients et les investisseurs ont le droit de connaître les critères. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais en appliquant la taxonomie européenne, je suis convaincu que le marché finira par adopter une définition uniforme de la durabilité.

De quels risques parle-t-on, concrètement?

L’objectif principal du SFDR est de prendre en compte les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Les réglementations environnementales évoluent, et les entreprises sont confrontées à des risques de transition, tels que, par exemple, l’introduction de taxes carbone ou le retard technologique, qui mènent à la dévalorisation de l’activité d’une entreprise. Les risques physiques concernent les dégâts causés, par exemple, par des inondations ou des sécheresses.

Dans ce contexte, quels sont les défis pour le secteur?

À mes yeux, les principaux défis pour le secteur sont le développement des compétences ESG, l’existence de données ESG de qualité, ainsi que l’intégration de ces données dans les systèmes bancaires. En tant qu’acteur financier, nous sommes obligés de développer une expertise dans l’identification et l’évaluation des risques et des impacts ESG. La disponibilité de données extra-financières homogènes et qualitatives constitue le deuxième grand défi, car – en l’absence d’un cadre normalisateur – elle entraîne de grandes incertitudes pour le secteur. Je suis sûr que le métier de banquier évoluera, et les exigences réglementaires en seront le catalyseur.

Quel rôle les banques vont-elles être amenées à jouer?

Les banques feront du risque une opportunité. Notre rôle consistera à faciliter la transition en sensibilisant notre clientèle et en orientant les investissements vers une économie durable. Afin de créer des impacts mesurables en termes de durabilité, le secteur financier devra se rapprocher de la communauté scientifique pour développer son pôle d’expertise ESG.

Comment la Spuerkeess se prépare-t-elle?

Nous sommes conscients du rôle important que la science a à jouer. En 2019, nous avons organisé la conférence «From Climate Risks to Credit Risks». Notre but était de sensibiliser les acteurs de l’économie luxembourgeois aux impacts du risque climatique sur l’économie et la finance. Nous sommes prêts à relever les nombreux défis. Nos efforts seront consacrés à l’introduction de la Taxonomie européenne, et nous préparons l’introduction des standards techniques du SFDR, qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2022. Les différentes initiatives de la finance durable (SFDR, Taxonomie, ECB Guidelines on climate-related and environmental risks, etc.) sont multiples, et nous travaillons intensément pour respecter les délais et faire évoluer le métier de banquier. Nous accordons une grande importance à une transparence vis-à-vis de toutes nos parties prenantes. 

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