À la House of Finance, même si on reste prudent, le moral reste bon, un an après le début de la crise sanitaire. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

À la House of Finance, même si on reste prudent, le moral reste bon, un an après le début de la crise sanitaire. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

À l’heure des premiers bilans de l’an 1 du Covid-19, le Statec continue de se montrer relativement optimiste quant à la santé du secteur financier luxembourgeois. Un état de forme lié en partie à sa saine gestion et à la bonne santé de l’économie nationale.

Après le marasme sanitaire de 2020, il y a de fortes craintes que l’année 2021 soit perçue comme celle du marasme économique. À bout de souffle et moins protégées face aux aléas de la conjoncture économique, de nombreuses entreprises européennes entrevoient déjà le spectre de la faillite.

De nombreux emplois sont aussi menacés dans les secteurs qui encaissent la crise sanitaire de front – horeca, tourisme, culture, commerce – et, par ricochet, les banques craignent de voir une part des ménages et des entreprises se déclarer incapables de rembourser leurs emprunts.

Dans , le Statec se montre toutefois rassurant par rapport au secteur financier luxembourgeois. Pour quelles raisons?

1. Plus faible exposition aux secteurs impactés

Sur l’ensemble de la zone euro, les banques luxembourgeoises sont celles qui sont le moins exposées aux secteurs en crise. 15% seulement de leurs encours de crédits aux entreprises concernent les secteurs les plus touchés. La moyenne de la zone euro est plus proche de 25%, et dans des pays comme la Grèce ou Chypre, elle dépasse 45%.

2. La plupart des crédits sont remboursés

Les prêts dits «non performants» – un crédit impayé de plus de 90 jours ou qui risque d’entraîner des recours – restent rares au Luxembourg. Ici aussi, le Luxembourg est le meilleur élève de la classe européenne, avec une moyenne d’à peine 1% sur l’ensemble des crédits accordés. La moyenne européenne est de l’ordre de 3%. En zone euro, 38% des prêts non performants sont liés aux difficultés des ménages. Une part qui n’est que de 20% au Luxembourg.

«Le Luxembourg dispose de marges budgétaires confortables qui font que l’État a pu se montrer plus généreux en matière d’aides aux débiteurs», pointe , secrétaire général de l’ABBL. «Ces mesures ont permis d’assurer une meilleure solvabilité des entreprises.»

3. Une solvabilité plus élevée

Depuis la crise de 2008, les autorités de surveillance européennes attachent une extrême importance aux fonds propres des banques, et notamment au montant de capital dont elles disposent pour les protéger face aux risques de crédit. De 13% en 2008, le ratio de capital Tier 1 est monté à 21% en septembre 2020. C’est plus élevé que la moyenne européenne (17%), et largement supérieur aux minima exigés.

4. Un paysage bancaire plus favorable

Les risques liés à la mauvaise santé de l’économie réelle pourraient se répercuter sur les banques de détail qui accordent des prêts aux ménages et aux entreprises. Le Luxembourg y est moins exposé. «Sur les 128 banques présentes, une dizaine seulement sont dans l’activité de banque de détail», note Camille Seillès. «Le Luxembourg est mieux protégé grâce à la forte présence de banques privées et de banques dépositaires.»

Il profite donc de la santé restée bonne des fonds d’investissement et du système de rémunérations via des commissions en place dans la banque privée. Le Statec explique ainsi que les banques luxembourgeoises ont bénéficié de la forte volatilité des marchés boursiers au premier trimestre 2020, la hausse des transactions d’actifs financiers ayant gonflé le volume des commissions reçues (+23% sur un an à fin mars 2020). «Le Luxembourg a davantage profité de ce gain de commissions parce qu’il y a relativement plus de banques dépositaires et privées portées sur la gestion d’actifs financiers que de banques de détail», pointe l’étude de l’office des statistiques.