Les mesures de strict confinement ont entraîné une baisse de l’ordre de 25,8% de l’activité économique par rapport à une situation sans crise, selon le Statec. Le poids du secteur financier qui a été épargné permet au Luxembourg de présenter un bulletin meilleur que celui des pays voisins.

Avec Pierre Pailler

La crise inédite déclenchée par la pandémie de coronavirus pousse tout un chacun à s’adapter. Après la gestion sanitaire et la priorité portée sur la santé de la population vient progressivement le temps des analyses et d’une lecture a posteriori des événements pour en tirer les enseignements utiles pour les prochaines crises.

Parmi les paramètres particulièrement scrutés, suite à la réouverture des chantiers le 20 avril et à quelques jours de la réouverture des commerces le 11 mai, figurent les estimations de l’impact de la crise sur l’économie.

Après avoir publié de «confinement limité» tel que celui que nous vivons actuellement et qui aurait pour effet une baisse du PIB de l’ordre de 6% et un rebond de 7% en 2021, .

«II en ressort un impact de I’ordre de -25% par rapport à une situation sans crise, pendant la période de confinement aigu allant du 23 mars (fermeture des chantiers, ndlr) au 17 avril (avant la remise en route des chantiers)», précise le rapport du Statec. «Cette baisse d’un quart de I’activité se compare plutôt favorablement par rapport à celle relevée en moyenne dans les autres pays pris en référence, plus proche d’un tiers.»

Le Luxembourg fait donc mieux que la Belgique, la France et l’Allemagne grâce au secteur financier qui représente environ un quart de la valeur ajoutée totale (soit la création de richesse au sens économique), «contre à peine 5% en moyenne dans les trois pays frontaliers.» Le caractère sanitaire – et non financier – de la crise et la capacité des entreprises de la Place  pour poursuivre leurs activités ont donc contribué à contenir une baisse… qui reste tout de même spectaculaire.

Le poids des mesures gouvernementales

Le gouvernement a déjà projeté un déficit «inégalé dans l’histoire du pays» (5 milliards d’euros) en dévoilant la semaine dernière le Programme de stabilité et de croissance (PSC) pour 2020 qui s’appuyait notamment sur les données de cadrage du Statec.

«Les mesures rigoureuses qui ont dû être introduites afin de limiter la propagation du virus auront des répercussions importantes sur l’activité économique», indiquait le document.

Le ministre des Finances, (DP)

La publication du Statec permet un regard complémentaire sur ces mesures, dont celle – très utilisée – du chômage partiel. Entre mars et avril, environ 30% des salariés étaient en chômage partiel. Contre 3,4% lors de la crise de 2009.

Un «freinage des rentrées nettes de TVA» et plus largement des recettes fiscales s’observe déjà au 1er trimestre. Ce qui s’explique par «une accélération des remboursements de TVA aux entreprises, une mesure du programme de stabilisation de l’économie».

L’épargne et la confiance

Le scénario d’un rebond économique au 3e trimestre et d’un retour vers une normalité se confirmera-t-il? La confiance des ménages et des acteurs économiques est un élément de la réponse. Or, comme dans la zone euro, «la confiance des acteurs économiques luxembourgeois s’est effondrée au mois d’avril», point le Statec. Des niveaux historiquement bas qui s’observent aussi chez les consommateurs.

A contrario, ces derniers pourraient apporter leur pierre à la reprise en activant leur épargne qui n’a pas été entamée durant la première phase de la crise. «Même s’il y a des situations difficiles ou que des faillites apparaîtront, les ménages ont globalement gardé leur pouvoir d’achat», déclare Ferdy Adam, conseiller au Statec. Empêchés en quelque sorte de consommer en raison de la fermeture de nombreux commerces, les ménages ont accumulé une épargne, son augmentation est estimée à 6%. «Les ménages ont la capacité de relancer la consommation, cela peut jouer pour les secteurs qui ont été obligés de fermer comme le commerce ou l’horeca», ajoute M. Adam.

Quand les statistiques rejoignent l’idée de solidarité nationale exprimée à l’égard des commerçants et autres acteurs locaux en prélude à la reprise progressive de leurs activités. Et de vacances d’été qui se passeront probablement en partie près de chez soi.

Et pour nous rappeler la double vision qu’offre cette crise, le secteur pétrolier – important pour les caisses de l’État – s’est vu confronté à une baisse importante de consommation. Qui se retranscrit sur une baisse temporaire de la circulation routière et donc des émissions de CO2.