Esch2022 s’est clôturée le 22 décembre dernier. La dernière conférence de presse a été donnée ce mardi 23 mai, les contrats de l’équipe sont quasi tous achevés. Y a-t-il encore des dossiers ouverts actuellement?
. – «Il y a quelques projets au niveau du tourisme qui sont encore en voie de développement. C’est le cas par exemple du Minett Cycle où la signalisation doit encore être mise en place. Au niveau du développement durable, nous avons la charte ELO qui est un document que les organisateurs d’évènementiel peuvent s’approprier et faire évoluer en améliorant l’un ou l’autre point.
Le bilan économique sera très conséquent. Beaucoup d’argent a été investi, que ce soit à travers Esch2022, mais aussi par l’État directement.
Il nous reste aussi le bilan économique à dresser, ce à quoi nous allons nous atteler dans les prochains jours. Notre volonté est que ce bilan puisse être lisible par tous et pas seulement par les spécialistes, afin que tous ceux qui ont participé à Esch2022, y compris les centaines de bénévoles, puissent comprendre l’impact économique de cette année culturelle sur notre territoire. Sinon, pour le reste, tout est clôturé.
Même si le bilan économique reste à faire, comme vous venez de le préciser, quel est votre sentiment à ce sujet?
«Ce bilan sera très conséquent. Beaucoup d’argent a été investi, que ce soit à travers Esch2022, mais aussi par l’État directement, comme pour la rénovation de la Mollerei par exemple, ou encore les communes. Le secteur culturel est un acteur économique important. Il ne faut pas l’oublier.
Beaucoup d’entreprises ont aussi été impliquées dans la rénovation et la construction des nouvelles structures culturelles par exemple. Sans oublier tout le volet touristique. Esch2022 a beaucoup apporté à la région d’un point de vue économique, j’en suis certaine.
Un important travail a été réalisé par Esch2022 avec les entreprises du territoire pour les sensibiliser au mécénat culturel. Peut-il y avoir une suite à cela?
«Un des grands défis pour les porteurs de projet a été en effet de rassembler les fonds nécessaires au financement de leurs projets, puisqu’Esch2022 ne pouvait intervenir sur les projets partenaires qu’à hauteur de 50%. Pour cela, nous avons initié le Business for Culture Club qui avait comme objectif de mettre en relation des entreprises désireuses de participer à Esch2022 et les porteurs de projet. Cette initiative a été fructueuse et a permis d’accompagner, soit par du financement direct, soit par des actions en nature, de nombreux projets.
Actuellement, nous sommes en train de voir s’il ne serait pas possible de poursuivre et pérenniser cette initiative. Le secteur culturel est très demandeur de cette démarche et plusieurs entreprises sont aussi prêtes et volontaires pour s’engager. Même si le FOCUNA (Fonds culturel national Luxembourg, ndlr) peut servir d’intermédiaire, il nous manque encore à l’heure actuelle une structure adéquate pour consolider cette relation entreprise-secteur culturel et faciliter les engagements mutuels.
C’est formidable que le ministère de la Culture puisse augmenter son budget de 30%, mais cela ne suffit pas.
Nous devrions prendre exemple sur ce qu’il se fait à l’étranger, en France notamment, et développer enfin une vraie culture du mécénat culturel au Luxembourg. Le défi financier est une grande réalité pour nombre de structures. Par ailleurs, les entreprises sont aussi demandeuses de ce type d’actions qui rentrent dans leur plan de développement RSE. Au-delà de la simple présence de logo, qui est la base, il y a beaucoup plus à développer entre le secteur culturel et les entreprises. C’est un travail sur mesure qui est à élaborer en fonction des besoins de chacun.
C’est formidable que le ministère de la Culture puisse augmenter son budget de 30%, mais cela ne suffit pas. Je vois déjà que certaines entreprises continuent à s’investir dans la culture, je m’en réjouis et il faut les encourager à poursuivre. Pour cela, il faut ouvrir la discussion entre différents acteurs et partenaires, aussi bien dans le milieu culturel qu’économique.
Vous avez participé également à la capitale européenne de la Culture en 2007. Les expériences sont-elles similaires?
«Pas du tout! Je m’étais d’ailleurs dit au départ qu’après cette année culturelle à Esch, je prendrai une année de coupure pour recharger mes batteries et prendre du recul. Mais en fait je pense que cela ne sera pas nécessaire. Pour Esch2022, nous avons géré les choses complètement différemment et je ne me sens pas submergée.
La responsabilité a été transmise il y a quelques mois aux communes et régions pour qu’elles puissent poursuivre à leur tour la dynamique. Nous avons atteint nos objectifs et c’est maintenant à elles de s’investir pour faire perdurer l’impact voulu. J’ai un bon sentiment, car les partenaires sont là et leur envie intacte.
Personnellement, qu’avez-vous appris?
«J’ai acquis de l’expérience au niveau politique. En 2007, nous n’avions qu’une seule commune comme interlocuteur. Pour Esch2022, nous avions tout un groupe de communes, au Luxembourg et en France, avec chacune des objectifs et des réalités très différentes.
La dimension européenne a été très importante, à tel point que nous servons d’exemple à d’autres Capitales européennes de la culture.
La dimension européenne a-t-elle été respectée à vos yeux?
«À l’image d’autres secteurs d’activités de notre économie, comme la santé ou la finance par exemple, beaucoup de professionnels provenant de pays étrangers ont participé à cette année culturelle. Et nous avons aussi exporté plusieurs projets, que ce soit à la frontière française dans nos villes partenaires, à Kaunas ou Novi Sad, les deux autres capitales européennes. Cette dimension européenne a donc été très importante, oui, à tel point que nous servons d’exemple à d’autres Capitales européennes de la culture.»