Christian Strasser, CEO de Lalux, s’est récemment entretenu avec Delano pour parler des tendances qui façonneront le secteur de l’assurance en 2024.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Christian Strasser, CEO de Lalux, s’est récemment entretenu avec Delano pour parler des tendances qui façonneront le secteur de l’assurance en 2024.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Christian Strasser, CEO de Lalux, a partagé ses perspectives pour le secteur de l’assurance au Luxembourg en 2024. L’entretien a mis en évidence les défis particuliers auxquels est confrontée l’assurance-vie au niveau international. Sur une note positive, les marchés de l’assurance et de la réassurance non-vie sont confrontés à moins de défis, avec des prévisions de fin d’année plus favorables.

«Nous devons tout d’abord préciser que l’assurance au Luxembourg ne se résume pas à une seule question, mais que nous parlons de différentes branches d’assurance. En fait, nous devons d’abord faire la différence entre le marché local et les autres marchés à l’étranger», indique d’emblée , CEO de Lalux, l’un des plus grands assureurs luxembourgeois, lors d’un entretien au siège de la société à Leudelage, à la mi-décembre.

 Christian Strasser explique qu’au niveau international, l’assurance-vie devient plus complexe et que le nombre de nouvelles polices devrait diminuer d’ici la fin de l’année 2023. Les facteurs incluent des situations de marché sophistiquées dues à des autorités locales qui restreignent la liberté de fournir des services, comme on le voit sur le difficile marché italien. Les complications proviennent également de l’incertitude et des taux d’intérêt qui affectent l’adaptation des produits, en prévoyant que les taux d’intérêt resteront inchangés.

Se référant au bilan du secteur de l’assurance au Luxembourg, M. Strasser indique qu’«au niveau de l’assurance-vie, nous sommes en fait en baisse, les revenus de 2022 étant inférieurs à ceux de 2021. Et, malheureusement, nous prévoyons que 2023 sera inférieure à 2022 pour l’assurance-vie.» Il explique également que cette tendance est évidente dans la diminution globale de 2022 par rapport à 2021. La principale cause de cette baisse est l’assurance-vie, qui a enregistré une diminution de 4,5%. Bien que l’assurance non-vie ait augmenté de plus de 10% et la réassurance de plus de 4%, leur croissance combinée n’a pas pu compenser entièrement la baisse des primes d’assurance-vie.

Cette année, l’assurance-vie reste un défi, mais M. Strasser prévoit une compensation de la part d’autres secteurs. «Il est essentiel de noter que les primes seules ne dictent pas la rentabilité; le modèle de réassurance diffère considérablement de celui de l’assurance-vie, ce qui a un impact sur les bénéfices nets et les performances financières globales», a-t-il commenté.

Le fait que le régulateur, les politiciens et les entreprises du secteur travaillent ensemble est la clé du développement de l’industrie de l’assurance au Luxembourg.
Christian Strasser

Christian StrasserCEOLalux

Christian Strasser souligne aussi le fait que «les primes ne tombent pas du ciel mais doivent être réalisées année après année». Il ajoute: «Le fait que le régulateur, les politiciens et les entreprises du secteur travaillent ensemble est la clé du développement du secteur de l’assurance au Luxembourg.»

Il se dit confiant quant à la gestion des défis à venir et estime que la collaboration entre les acteurs du secteur de l’assurance permettra d’obtenir des résultats positifs.

«L’Aca n’est pas une seule personne»

Christian Strasser est président de l’Association luxembourgeoise d’assurance et de réassurance (Aca). À ce propos il indique que «l’Aca n’est pas une seule personne. Le conseil d’administration de l’Aca est composé d’un grand nombre de personnes qui sont toutes très impliquées et qui travaillent ensemble pour obtenir des résultats. Et croyez-moi, c’est un vrai plaisir de voir comment le conseil travaille ensemble pour faire avancer l’assurance. Je pense que si nous n’avions pas cette bonne ambiance, cette approche positive entre nous au sein du conseil de l’Aca, notre secteur ne serait pas aussi efficace et performant qu’il l’est aujourd’hui. C’est quelque chose de très important pour moi.»

Technologie et innovation

«L’innovation, la numérisation ou l’adaptation des processus nous faciliteront la vie. À mes yeux, elles doivent être considérées comme une solution pour améliorer la qualité et non comme une solution pour remplacer la main-d’œuvre humaine», déclare-t-il. Selon lui la numérisation offre d’immenses possibilités, avec des exemples tels que la rationalisation des processus d’assurance maladie par le biais d’applications mobiles.

Toutefois, l’ampleur de la numérisation varie en fonction de la taille du marché et de sa situation géographique. Par exemple, l’assurance maladie bénéficie d’avantages considérables, tandis que l’assurance-vie, qui implique des scénarios complexes, nécessite davantage d’intervention humaine. Bien que les progrès technologiques et l’IA transforment le secteur, l’automatisation complète est un défi. L’IA peut rationaliser les tâches mineures, mais l’évaluation humaine reste vitale, soulignant la nécessité de l’implication humaine dans les interactions avec les clients et la résolution des problèmes.

Malgré le vaste potentiel de l’IA, l’accent doit être mis sur l’aide apportée par l’IA à l’efficacité humaine, et non sur le remplacement des humains. L’objectif est d’exploiter la technologie pour améliorer l’efficacité, la rapidité et la qualité sans diminuer le rôle essentiel de la compréhension humaine.

Les défis à relever

En ce qui concerne les principaux défis à venir, M. Strasser indique: «Pour l’assurance-vie, cela dépendra vraiment des questions [de restriction]. Si les principes de la libre prestation de services, qui sont les principes fondamentaux de l’Union européenne, ne sont pas respectés dans les pays de l’UE, c’est très négatif pour notre secteur de l’assurance-vie, en particulier s’il s’agit de pays dans lesquels nous avons beaucoup d’activités. L’Italie, comme je l’ai déjà mentionnée, est le deuxième marché le plus important, sur lequel nous n’avons pas été performants, ce qui a un impact sur les résultats généraux. Je suis assez confiant pour l’assurance non-vie ainsi que pour la réassurance. En ce qui concerne l’assurance-vie, il est essentiel que les principes européens de liberté des services soient respectés.»

En ce qui concerne les effets des risques géopolitiques sur le secteur de l’assurance, M. Strasser souligne que le secteur était indirectement exposé à la situation générale du marché, citant l’exemple de la réassurance dans le contexte de la situation géopolitique en Ukraine. Même s’ils ne sont pas directement exposés, les impacts du marché, tels que les fluctuations des actions, peuvent affecter les assureurs.

Cet article a été publié pour la newsletter Delano Finance, la source hebdomadaire d’informations financières au Luxembourg. .