Denise Voss, ancienne présidente de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, a constaté que s’impliquer dans des groupes de travail professionnels lui a permis de créer des réseaux qui sont devenus inestimables pour sa carrière. (Illustration: Maison Moderne)

Denise Voss, ancienne présidente de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement, a constaté que s’impliquer dans des groupes de travail professionnels lui a permis de créer des réseaux qui sont devenus inestimables pour sa carrière. (Illustration: Maison Moderne)

Denise Voss explique comment, grâce à son engagement associatif, une jeune femme introvertie qui a grandi à Albany, au nord de l’État de New York, est devenue l’une des plus grandes voix de la finance luxembourgeoise.

«Ma mère avait l’habitude de me comparer à une plante verte», raconte . «Je ne sortais pas, mais je n’étais pas inactive non plus!». Elle décrit une enfance faite de lectures et de rêves. De caractère introverti, détestant parler en public – chose difficile à vivre dans le système scolaire américain –, Denise Voss se sentait à l’aise pour étudier, et elle se tenait très en retrait des événements sociaux. «Je n’étais pas du genre à danser sur la table lors des fêtes», dit-elle.

Cette partie effacée de son caractère perdure. «Je suis toujours celle qui aime rassembler les gens, mais pas être sous les feux de la rampe», dit-elle. Même lorsqu’elle a été nommée présidente de l’Alfi en 2015, un poste prestigieux dans une association qui représente plus de 1.500 fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg, sans parler des nombreuses entreprises qui servent le secteur, elle a refusé de s’attarder trop longtemps sur le buzz et les félicitations.

«Ne vous méprenez pas, je me suis assise dans mon jardin pendant une heure et j’ai pris plaisir à regarder les messages sur les réseaux sociaux concernant l’annonce. Mais je me souviens très clairement avoir pensé ‘ça suffit, maintenant j’ai du travail’.»

Licence de lettres en poche

Les débuts de Denise Voss étaient bien loin de son style de vie européen actuel. Née à des milliers de kilomètres du Luxembourg, à Los Angeles aux États-Unis, elle a fait une licence de lettres avant de trouver sa vocation dans la finance. Son dynamisme, comme elle le décrit, est hérité de sa mère, qui était elle-même une mère active, et célibataire de surcroît.

Après avoir obtenu son diplôme, Denise Voss a commencé à travailler comme auditrice chez Coopers & Lybrand – qui est devenu par la suite PriceWaterhouseCoopers – à Boston, aux États-Unis, avant de s’installer avec son employeur au Luxembourg. L’état de la ville de Luxembourg et de l’industrie des fonds en 1990 était très différent de celui d’aujourd’hui et il en va de même pour Denise Voss.

«Je me souviens du Kirchberg comme d’une étendue de champs, avec le concessionnaire Ford comme point de repère. Mais c’était le début de l’Ucits et les choses changeaient. J’étais auditrice, j’avais une formation dans le domaine. Même à l’époque où j’étais directrice financière chez Franklin Templeton, je ne me décrirais toujours pas comme quelqu’un qui s’exprime activement en public, qui dirige des personnes ou qui promeut des choses.»

L’expérience qui a conduit Denise Voss à devenir l’un des plus grands promoteurs de l’industrie des fonds luxembourgeois n’allait clairement pas venir de son travail de l’époque. D’où, alors?

«Elle est venue lorsque j’ai assumé des rôles dans des groupes de travail professionnels. En fait, c’est un de mes collègues qui m’a suggéré de rejoindre un groupe de travail de l’Alfi pour commercialiser de manière proactive l’industrie des fonds luxembourgeois. C’est à partir de là que tout a décollé.»

Prendre part à un groupe de travail professionnel ouvre toutes sortes de portes, explique Denise Voss. Des participants de tout le secteur y prennent part, des solutions sont élaborées à huis clos et un incroyable esprit d’équipe s’en dégage.

L’effet réseau

L’un des avantages les plus durables a été l’effet de réseau. Tout à coup, elle a eu accès à des professionnels de diverses entreprises luxembourgeoises, en plus de ses collègues immédiats. Ces personnes sont devenues des contacts précieux avec lesquels elle pouvait échanger des idées et trouver de l’inspiration. De plus, et c’est essentiel, ces personnes opéraient à différents niveaux, de la direction générale à la gestion.

«Faire partie d’un groupe de travail m’a mise en contact avec des mentors et des sponsors. Quelle est la différence? Je pense qu’un mentor vous aide à vous développer. Un sponsor va défendre activement votre carrière.»

L’avantage d’un «sponsor de carrière» est progressivement accepté et même enseigné dans les MBA du monde entier. Une personne en position de leadership, qui croit en vous en tant qu’employé, est une source de capital de carrière qui va bien au-delà du salaire ou de toute qualification professionnelle. Un tel soutien de carrière peut accroître votre visibilité au sein d’une organisation et vous défendre si nécessaire. Il peut vous mettre en avant pour des opportunités, explique Denise Voss.

Dans son cas, elle a rencontré plusieurs soutiens de carrière par le biais des groupes de travail de l’Alfi, qui lui ont suggéré de se porter candidate au comité exécutif. «Marc Saluzzi, le président de l’Alfi de 2011 à 2015, a été d’un grand soutien», se souvient-elle.

Denise Voss a finalement été élue présidente du conseil d’administration de l’Alfi, un poste qu’elle a occupé de 2015 à 2019. Ce rôle l’a amenée à parcourir le globe. «J’ai rencontré des régulateurs du monde entier et j’ai vraiment affiné mes connaissances à propos de la distribution mondiale, qui sont devenues inestimables pour mon travail professionnel», confie-t-elle.

Tout cela à partir d’une contribution initiale de deux heures de temps par semaine. Pour Denise Voss, il était essentiel que son entreprise, Franklin Templeton, soutienne son travail à l’Alfi. En fait, Franklin Templeton a non seulement soutenu la contribution de Denise Voss à l’association, mais lui a accordé du temps pendant ses heures de travail pour assister aux multiples réunions.

Opportunités luxembourgeoises

Le Luxembourg est un excellent environnement pour ce type d’opportunités, selon Denise Voss. «Dans n’importe quelle juridiction plus importante, la concurrence pour siéger dans des groupes de travail serait intense, mais la petite taille du Luxembourg et sa dynamique industrielle importante signifient que ce type d’occasions est de plus en plus disponible à un stade plus avancé de la carrière.»

Pour ceux qui sont actifs dans l’industrie des fonds, l’Alfi est une excellente occasion de s’impliquer davantage dans la communauté des fonds. Dans le secteur bancaire, l’Association luxembourgeoise des banques (ABBL) est le choix évident. Dans le secteur des assurances, il y a l’Aca. En dehors de ces secteurs, il existe encore de nombreuses opportunités non professionnelles, telles que les chambres de commerce américaine ou britannique, mais aussi d’autres possibilités dans les domaines caritatif et artistique.

Toutefois, le revers de la médaille de la petite taille du Luxembourg est aussi qu’il faut vraiment être impliqué, met en garde Denise Voss. «Si vous ne venez pas, on le remarque», dit-elle avec subtilité.

Pour Denise Voss, le bénévolat professionnel a rendu ce qui aurait déjà été une carrière exceptionnelle chez Franklin Templeton beaucoup plus gratifiante et ambitieuse qu’elle ne l’aurait cru possible. Après avoir pris sa retraite en 2020, elle continue à consacrer son temps à l’industrie des fonds. Elle est actuellement présidente de Luxflag, agence indépendante qui attribue des labels ESG internationalement reconnus aux fonds d’investissement, présidente de la plateforme d’éducation des investisseurs de l’Efama et membre du conseil stratégique de l’Alfi.

Elle est également professeur invitée au cours de finance durable et verte du MSc en gestion de patrimoine et au cours de finance durable du MSc en finance et économie à l’Université du Luxembourg, conseillant une nouvelle génération de diplômés en finance sur les orientations qui s’offrent à eux.

«Je me suis dit que lorsque je prendrais ma retraite, je ferais un tiers de bénévolat comme Luxflag, un tiers de travail professionnel et un tiers avec ma famille», dit-elle. En reconnaissant que «dans le tiers de bénévolat, les limites sont déjà repoussées». Elle rit. «On ne peut pas faire du bénévolat juste pour l’avancement professionnel. C’est mon conseil à tout le monde. Il faut aimer ça.»

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.