Transformation: Les technologies de CPPE permettent de limiter l’impact environnemental des fumées industrielles. (Photo: CPPE)

Transformation: Les technologies de CPPE permettent de limiter l’impact environnemental des fumées industrielles. (Photo: CPPE)

La société luxembourgeoise CPPE a développé des technologies pour récupérer, et surtout transformer, les gaz nocifs des émissions industrielles. Quand l’économie circulaire se décline concrètement.

Discrètement installée dans les bâtiments d’Arcelor­Mittal sur le site de Dommeldange, Carbon Process & Plant Engi­neering (CPPE) affûte ses technologies pour participer à la lutte contre le changement climatique. Son atout: transformer des gaz nocifs et métaux lourds contenus dans des fumées émanant d’usines en nouveaux produits utilisables dans l’industrie.

L’histoire n’est pas neuve. La société est centenaire et a mis au point le charbon actif qui permet de capter des matières nocives. Intégrée au groupe industriel allemand Lurgi, elle a attiré l’attention d’un Luxembourgeois, Alain Strickroth, et de son partenaire allemand, Egbert Montag. «Nous avons racheté le fonds de commerce en 2008. Il comprenait deux brevets importants. Deux ans plus tard, nous avons trans­féré la société de Francfort vers le Luxem­bourg», explique Monsieur Strickroth, actionnaire à plus de 90%.

Le premier brevet (Sulfacid) concerne la transformation du SO2 tiré des fumées de l’industrie chimique et métallurgique en acide sulfurique, utilisé à son tour dans la chimie industrielle. Le second (Kombisorbon) permet l’élimination des métaux lourds et de la dioxine, surtout présents dans les fumées d’incinération des boues d’épuration. «Notre activité est liée à de gros acteurs partout dans le monde», poursuit Alain Strickroth. CPPE a, par exemple, fourni sa technologie Sulfacid au groupe marocain OCP, spécialisé dans les engrais, qui transforme le SO2 en acide sulfurique, qui servira à son tour dans la fabrication d’engrais. Plus récemment, CPPE a collaboré avec le géant minier Codelco au niveau de la plus grande mine de cuivre au monde, El Teniente au Chili. 44.000 tonnes de SO2 par an sont captées et transformées en acide sulfurique, réinjecté dans le processus de solubilisation du cuivre.

CPPE emploie une cinquan­­­taine de personnes, la plupart orientées vers la recherche de nouvelles technologies. «Le nouveau défi, c’est l’élimination du CO2, pointe Alain Strickroth. Nous avons reçu des subsides du gouvernement depuis 2014 pour développer de nouvelles solutions.» CPPE a désormais breveté un procédé et mis au point une unité pilote qui permet de capter le CO2 grâce à «son» charbon actif et de le transformer en de nouveaux produits chimiques.

«Notre atout est clairement de privilégier une économie circulaire par la transformation de substances polluantes en de nouvelles matières premières, insiste l’actionnaire de CPPE. Mais il faut maintenant des législations environnementales plus restrictives et plus ouvertes aux nouvelles technologies pour que nos procédés soient perçus comme une solution incontournable par les industriels. Tant qu’on laissera la possibilité de polluer, on le fera. C’est plus pratique et ça ne coûte rien.»