Des trois modèles de Gigbliss, qui répondent à des usages particuliers, un permet de gagner de l’argent en achetant et vendant de l’électricité. (Photo: JRC/ Commission européenne)

Des trois modèles de Gigbliss, qui répondent à des usages particuliers, un permet de gagner de l’argent en achetant et vendant de l’électricité. (Photo: JRC/ Commission européenne)

Concrètement, à quoi sert la blockchain? À permettre à un sèche-cheveux d’acheter directement de l’énergie, sans intervention humaine, pour ne jamais être à court de batterie. Ou pour gagner de l’argent.

Pourquoi s’arracher les cheveux parce que la batterie de son sèche-cheveux est vide? Parce qu’on n’a pas le bon adaptateur? Parce que la chambre de ce charmant hôtel de Notting Hill ou de Sardaigne n’a pas de prise électrique assez près du seul miroir? Parce que ce nid douillet dans les arbres capte le wifi, mais n’a pas de courant?

Face à des fantasmes d’usagers pas encore devenus chauves,  se sont posé une autre question: pourquoi ne pourrait-on pas permettre à un objet du quotidien d’acheter lui-même de l’électricité au meilleur prix, en utilisant la blockchain?

Trois sèche-cheveux sachant sécher à l’économie

De ces recherches sont nés trois scénarios et trois sèche-cheveux, les Gigbliss «Auto», «Balance» et «Plus», dont la particularité est qu’ils peuvent être rechargés à partir de «smart contracts», des contrats intelligents par la blockchain.

- «Auto», distribué gratuitement à des populations défavorisées, ne s’allumerait que pendant les heures creuses du tarif de l’électricité et permettrait une utilisation gratuite jusqu’à la fin d’une période donnée.

- «Balance» échangerait de l’énergie lorsqu’il n’est pas utilisé et que l’électricité est au meilleur prix.

- «Plus» rapporterait de l’argent aux utilisateurs parce qu’il permettrait d’acheter de l’énergie quand elle est moins chère, de l’utiliser ou de la stocker, et de la revendre à d’autres usagers qui en auraient besoin.

Derrière ce cas pratique étudié par #Blockchain4EU que Susana Nascimento est venue présenter mardi soir, se cache la volonté de démystifier ce buzzword, la «blockchain», d’en montrer les applications concrètes en dehors du secteur financier et des transferts d’argent ou de fonds.

Le paradoxe de la blockchain

C’est l’idée intelligente de PwC, avec son cycle de conférences «Blockchain: (much) more than crypto». Intelligente parce que, comme l’a bien décrit le CEO de PwC, , la blockchain est prisonnière d’un paradoxe.

«Dans un monde où la confiance dans les administrations, dans les politiques ou dans l’économie a disparu, la blockchain pourrait être un outil pour redonner confiance... Sauf que la technologie pour redonner confiance semble trop compliquée à mettre en œuvre» et ne suscite pas une très grande confiance.

À ceci près qu’à des interlocuteurs de confiance – comme sa banque ou une administration – vont se substituer des «validateurs» peut-être moins connus ou moins dignes de confiance, selon comment la chaîne de blocs va évoluer.

Le temps de l’éducation

Comme Infrachain, l’initiative lancée par le gouvernement luxembourgeois autour de la gouvernance des blockchains, ou LëtzBlock, l’initiative de PwC se tourne vers la pédagogie et les applications concrètes.

Le moment n’est pas forcément choisi par hasard puisqu’après un buzz un peu mystérieux où de pseudo-experts assuraient que cette technologie était largement plus révolutionnaire qu’internet à l’heure où on ne parlait qu’à son minitel, de très nombreuses applications voient le jour, entrent en production, voire séduisent leurs premiers clients, comme, au Luxembourg, Tokeny ou la future VNX, que l’on devrait découvrir avant la Venture Capital Conference de novembre.

Les autres modèles présentés mardi

Le JRC a également développé Bloodchain, un concept de transport de sang où tout pourrait être suivi à la trace.

Ou un projet en apparence moins sérieux, Gossip Chain, qui permettrait d’enregistrer, de valider et de vendre des rumeurs. Il y a certainement des débouchés dans la lutte contre les fake news et ceux qui les disséminent.

Le leader global de PwC sur la blockchain (500 personnes qui étudient les tendances et suivent quelque 250 projets), Steve Davies, est venu lui aussi avec quelques exemples concrets:

- les images de Panini, un marché à cinq milliards de dollars par an, et le projet Fantastec. Dans  de 2016, il est assez facile de comprendre l’intérêt d’une telle initiative;

- l’, où il n’est pas simple de gérer les 1,34 milliard de personnes.

Deux cas particuliers à garder en tête

Peut-être moins concret pour le commun des mortels, mais également cité dans les exemples de M. Davies, . Il y a là une tendance qui dépasse la concurrence que peuvent se faire des établissements bancaires ou financiers qui ont compris qu’ils devaient embrasser ces technologies au plus vite, quitte à s’asseoir pendant un temps sur leur concurrence acharnée.

C’est aussi un peu le sens de l’initiative prise par ConsenSys, , la société de l’espace dans laquelle le Luxembourg avait investi 10 millions. Son directeur pour la France, Guillaume Dechaux, est venu évoquer  très différents les uns des autres: les données, les réseaux, les avoirs, les paiements.

Le plus enthousiaste était probablement l’ancien joueur de tennis – qui joue toujours, notamment au TC Arquebusiers – Henri Leconte. «Nous sommes tous des blocs de la même chaîne», disait-il, éternel sourire aux lèvres avant d’aller sagement écouter les intervenants de ce deuxième épisode de ce cycle de conférences.