Romain Schneider et Dan Kersch sont sur le départ. Pour le LSAP, il s’agit de trouver la parade, un pari évidemment avec une part de risque. (Photo: Matic Zorman/archives)

Romain Schneider et Dan Kersch sont sur le départ. Pour le LSAP, il s’agit de trouver la parade, un pari évidemment avec une part de risque. (Photo: Matic Zorman/archives)

Les ministres Dan Kersch et Romain Schneider pourraient tirer leur révérence avant la fin de l’année. Et ne plus être candidats pour le LSAP lors des élections législatives de 2023. Se pose inévitablement la question de leur succession. 

(Article mis à jour à 13h22 avec le démenti de Romain Schneider)

Annoncés, les départs du gouvernement du vice-Premier ministre et ministre du Travail,  (LSAP), mais aussi du ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, et de la Sécurité sociale, (LSAP), ont fait l’objet de nombreuses spéculations quant au moment auquel ils allaient se concrétiser. La plupart des observateurs, sur base d’informations commençant à fuiter, pariaient sur la fin de l’année civile. RTL, ce lundi matin, avance sans citer de sources que ce sera avant les congés de Noël, auprès de Paperjam à la mi-journée ce lundi. Ce qui, en soi, ne change rien, ou presque.

Connue, leur décision ne sera cependant pas sans effet pour le LSAP et la stratégie à mettre en place dans la perspective des élections de 2023. Plusieurs conclusions s’imposent.

Premièrement, ce double départ dégage un petit peu plus encore un boulevard déjà largement ouvert pour la ministre de la Santé . Cela en devient même une voie royale. Saluée pour sa gestion de la crise sanitaire, le principe de la double tête de liste LSAP – un tandem masculin-féminin – la rendait de facto incontournable. D’autant plus qu’elle caracole et est tout simplement la figure politique la plus appréciée du pays.

Mais cela impose aussi le constat que, derrière elle, c’est un peu le désert. Si, dans le top 10 du dernier Politmonitor, le LSAP place cinq personnalités, on sait que le populaire  ne souhaitera pas être tête de liste et ne voudra sans doute pas non plus d’autres responsabilités que le ministère des Affaires étrangères. Kersch et Schneider hors jeu, reste , qui ne pourra former un tandem avec Lenert de par son sexe et, qui plus est, ne bénéficie pas d’une énorme aura, même si son travail monte en puissance et a plus de visibilité depuis quelques mois.

Deuxièmement, donc, se pose la question de celui qui sera chargé de mener, avec Paulette Lenert, les socialistes vers le scrutin. Le nom de , ministre de l’Économie ayant pris la succession d’Étienne Schneider, revient régulièrement. Tout comme celui du député , par ailleurs président du parti. Pour , l’heure ne serait pas encore venue, même si beaucoup estiment qu’il serait la bonne personne à la bonne place. Le député-maire de Dudelange estimerait de son côté que les planètes ne seraient pas alignées et que la balance bénéfices-risques ne pencherait pas assez en sa faveur.

Troisièmement, il est légitime de se demander si le LSAP parviendra à surmonter sans trop de dégâts ce double départ.

Deux poids lourds

Romain Schneider est en effet un poids lourd, quatrième personnalité préférée des Luxembourgeois, toujours selon le Politmonitor, où il a toujours, ou presque, été très régulier. Mais c’est aussi un ténor dans sa circonscription Nord, presque entièrement dominée par le CSV, sauf son bastion de Wiltz et Diekirch. Lors des dernières élections législatives, les résultats du LSAP étaient en berne, et seule la présence de Romain Schneider avait permis d’éviter une débandade. Avec 12.331 voix, il avait fait mieux que (déi Gréng), (DP), (DP)… Le second de sa liste socialiste, , évidemment cité pour lui succéder, ne récoltant «que» 7.721 voix.

Dan Kersch avait, pour sa part, signé le troisième score de la liste LSAP dans la circonscription Sud, avec 21.441 voix, devancé par Jean Asselborn et . Son départ sera aussi difficile à compenser dans une circonscription où le parti socialiste, qui n’était pas le seul dans le cas, était également en repli. Mais attention: si Dan Kersch a annoncé qu’il ne souhaitait plus être ministre, il pourrait tout de même être candidat. 

, qui pourrait pour sa part devenir ministre du Travail, avait obtenu 19.204 voix, toujours dans la circonscription Sud.

Clairement, le LSAP tente un pari en provoquant le changement maintenant, et veut donner un maximum de visibilité à de nouveaux visages, profitant de l’année et demie qui précédera le scrutin. Avec comme objectif de faire mieux que de rester dans la course, c’est-à-dire de demeurer le parti privilégié, car indispensable à d’autres pour former une majorité gouvernementale mais, pourquoi pas, de revendiquer le poste de Premier ministre. Un pari que Paulette Lenert imagine évidemment gagnant.