Guy Wagner compte sur la conjonction d’une demande des ménages et des investissements publics pour stimuler la croissance. (Photo: Banque de Luxembourg)

Guy Wagner compte sur la conjonction d’une demande des ménages et des investissements publics pour stimuler la croissance. (Photo: Banque de Luxembourg)

Malgré, ou à cause, des incertitudes planant sur la trajectoire de l’économie, Guy Wagner, CEO de Banque de Luxembourg Investments, pense que l’investisseur devra continuer à regarder vers les actions.

Pour Guy Wagner, CEO de , 2020 a été une «année très spéciale». Pour lui, les dégâts économiques ont été très importants et le fort rebond du second semestre est un rebond artificiel dû «aux énormes mesures de soutien mises en place par les autorités». Avec, comme revers de la médaille, un problème de surendettement des États encore plus important qu’avant la crise.

De manière générale, il observe que certaines tendances qui existaient avant la pandémie ont été renforcées par celle-ci. Outre le surendettement des économies, il évoque le ralentissement structurel de la croissance que l’on observe dans les pays industrialisés depuis la crise financière – une baisse qu’il chiffre à 1% l’an en moyenne – et le creusement des inégalités sociales.

Pour autant, il estime qu’«il y a potentiellement un scénario positif à construire pour 2021» grâce à la conjonction d’une demande refoulée et solvable des ménages et des investissements publics, qui ne devrait pas s’arrêter à court terme. Étant entendu que tant que «la pandémie n’étant pas sous contrôle, on ne peut avoir aucune certitude».

Si la croissance est donc potentiellement de retour, qu’en est-il de son comparse l’inflation? Pour l’instant, dans les pays de l’OCDE, elle reste faible, bien en deçà des objectifs des banques centrales. Mais la donne pourrait changer sur les moyen et long termes. Ce n’est pas tant les évolutions de la masse monétaire qui inquiètent l’économiste, mais l’abandon des principes de l’orthodoxie monétaire de l’idée même de rigueur budgétaire. «Après un environnement de 40 ans d’inflation faible, le paradigme change. Il faut garder ça à l’esprit.» Il voit d’ailleurs dans la progression du prix de l’or et du bitcoin une réaction à ce changement de paradigme qui s’annonce.

Observant que cette évolution n’a pas eu lieu en Asie et en Chine, il se pose la question de savoir si les valeurs refuges – principalement les emprunts et les devises – «ne sont plus désormais à l’ouest, mais à l’est?»

En conclusion, les éléments structurels pesant sur la croissance restent présents, mais des facteurs cycliques pourraient accélérer la croissance. Dans la mesure où la pandémie n’est pas encore sous contrôle, les incertitudes restent particulièrement élevées. La poursuite des politiques monétaires très expansives et l’abandon progressif de la rigueur budgétaire augmentent le risque inflationniste à moyen terme.

Les actions toujours

Cela à des implications directes sur les marchés financiers.

La générosité revendiquée des banques centrales pour les années à venir implique que les politiques monétaires resteront expansives et les taux courts et longs resteront à des niveaux très faibles. «Ce qui est très positif pour les marchés boursiers.» Plus pour les actions que pour les obligations, qui offrent désormais «un risque sans rendement».

L’investisseur devra donc regarder du côté des actions.

Une interrogation se pose: après le premier confinement, les marchés actions ont rebondi. «Un rebond paradoxal, car les marchés sont plus hauts qu’en février dernier, alors que l’économie et les bénéfices ont souffert.» Déconnexion des marchés vis-à-vis de l’économie réelle, voire bulle spéculative? Guy Wagner met cette hausse sur le compte des multiples de valorisation qui sont montés parce que les taux longs ont baissé. Avec comme conséquence que le potentiel de rendement des actions à moyen et long termes se réduit. Mais leur valorisation reste cependant plus attrayante que celle des obligations.

Prudent face aux risques potentiels – «une reprise de la pandémie, une remontée des taux longs et un changement d’attitude des banques centrales» –, Guy Wagner garde un œil sur certains secteurs défensifs, tels que la consommation de base et la santé, sur les titres asiatiques et sur l’or comme réserve de valeur.