Exclue du réseau de messagerie Swift, Sberbank pourrait faire face à des difficultés pour effectuer des paiements aux investisseurs. (Photo: Shutterstock)

Exclue du réseau de messagerie Swift, Sberbank pourrait faire face à des difficultés pour effectuer des paiements aux investisseurs. (Photo: Shutterstock)

L’Union européenne évince Sberbank, soit la plus importante banque de Russie, du réseau Swift. Une réponse considérée comme des plus sévères, posant des questions quant à la marge d’action laissée dans une approche proportionnée et graduelle des sanctions.

Outre , la Commission européenne a rempli son sixième train de sanctions à l’encontre de la Russie d’une mesure visant à exclure trois banques russes du réseau de messagerie financière Swift, dont Sberbank. «Sberbank est la plus grande banque russe, avec 37% du secteur bancaire russe. C’est donc une bonne chose que nous excluions maintenant Sberbank de Swift», a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans la soirée du 30 mai.

Selon les données de la banque centrale russe, Sberbank constitue la plus importante banque systémique russe, avec des actifs sous gestion à hauteur de 37,5 trillions de roubles. L’institution bancaire compte environ 100 millions de clients sur son marché domestique.

Dans la foulée de l’annonce du nouveau train de sanctions européen, Sberbank a indiqué, ce 31 mai, que ces dernières n’auraient pas d’impact sur ses opérations. «La coupure de Swift ne change pas la situation actuelle des règlements internationaux. Les opérations russes ne dépendent pas de Swift et seront effectuées par la banque en mode standard», a-t-elle expliqué par communiqué de presse.

L’UE rejoint les États-Unis et le Royaume-Uni

Lors de son troisième train de sanctions contre la Russie, conclu le 2 mars, l’exécutif européen avait déjà empêché sept institutions financières russes de participer au réseau Swift, en l’occurrence Bank Otkritie, Novikombank, Promsvyazbank, Rossiya Bank, Sovcombank, Vnesheconombank (VEB) et VTB Bank.

Le 6 avril, les États-Unis et le Royaume-Uni prenaient de concert la décision d’ajouter Sberbank sur leurs listes respectives de sanctions. Le 8 mai, les États-Unis étendaient leurs sanctions à huit dirigeants de Sberbank. Jusqu’à présent, la Commission européenne avait épargné Sberbank d’une exclusion de Swift, considérant cette mesure comme l’une des mesures les plus sévères et par crainte de conséquences pour les paiements pétroliers.

L’éviction de Sberbank de Swift remet à nouveau au centre de l’attention la capacité de la Russie à assurer le remboursement de sa dette, alors que les préoccupations de ce genre ne cessent de croître depuis l’invasion de l’Ukraine. «En raison des sanctions de blocage imposées à Sberbank par les États-Unis et le Royaume-Uni, l’infrastructure financière internationale empêche [Sberbank] d’effectuer des paiements aux investisseurs comme indiqué dans les documents d’émission», déclarait la banque dans un communiqué de presse, le 24 mai dernier.

Un système alternatif en développement

Le 30 mai, le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, annonçait travailler à un système de règlement des obligations russes permettant de s’absoudre de l’infrastructure de paiement occidentale. De la sorte, les investisseurs devraient ouvrir un compte devises étrangères et un autre compte en roubles dans un établissement de crédit russe. Cette dernière effectuerait alors les paiements d’obligations en roubles, alors converties en devises étrangères via l’infrastructure de règlement russe, le National Settlement Depository (NSD), avant de les transférer sur le compte en devises étrangères de l’investisseur. Un procédé qui n’est pas sans rappeler les paiements des achats européens de pétrole .

Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Sberbank avait annoncé quitter le marché européen à la suite de la mise en faillite de plusieurs de ses filiales. En effet, le 28 février, la Banque centrale européenne (BCE) rapportait que Sberbank Europe, la filiale européenne de la banque russe domiciliée en Autriche, était en faillite ou susceptible de l’être. En effet, Sberbank Europe avait connu des retraits de dépôts massifs, détériorant sa position de liquidité. Outre sa maison mère en Autriche, Sberbank Europe détient des filiales en Croatie et en Slovénie.