«Je suis un entrepreneur en série, Airfund étant ma quatrième entreprise dans les domaines de la technologie et de la gestion de patrimoine», a déclaré Alexandre Harkous, président et fondateur d’Airfund, lors d’une interview, le 5 février 2024. Il a expliqué que leur mission était de démocratiser l’accès aux actifs privés pour les investisseurs individuels par le biais d’une plateforme B2B2C où les partenaires généraux présentent le profil complet de leurs produits, tels que l’immobilier, la dette privée et l’infrastructure.
Le marché privé n’est pas encore une industrie de masse et il repose encore en grande partie sur le papier.
Plateforme numérique créée en 2021, «Airfund est toujours détenue majoritairement par des entrepreneurs issus des secteurs de la gestion de patrimoine et de la technologie», explique Alexandre Harkous. La société a été soutenue par des business angels (CEO ou anciens entrepreneurs) jusqu’à l’acquisition d’une participation minoritaire au quatrième trimestre 2023 par Amundi et Indosuez Wealth Management. Les deux sociétés ont injecté six millions d’euros de capitaux frais dans Airfund.
L’injection de capital «nous permet d’acquérir l’expérience d’Indosuez et d’Amundi, de compléter nos activités par le biais de Fund Channel et d’accéder aux meilleures technologies pour améliorer la plateforme d’Airfund», ajoute Alexandre Harkous.
«Amundi et Indosuez seront impliquées dans la gouvernance et les plans stratégiques d’Airfund, tout en conservant les fondateurs de la société», complète Nicolas Renauld, responsable mondial des marchés privés chez Indosuez Wealth Management.
La numérisation pour améliorer les services
Le secteur des marchés privés «n’est pas encore une industrie de masse et il repose encore largement sur le papier», détaille Nicolas Renauld. Selon lui, les investisseurs institutionnels comptent encore sur les avocats pour effectuer la due diligence du fonds, remplir à la main les demandes de souscription, etc. Il fait l’éloge d’Airfund pour avoir facilité le processus d’intégration aussi bien des investisseurs institutionnels que des investisseurs de détail grâce à une interface numérique entre les gestionnaires d’actifs, les distributeurs et les investisseurs.
«La plateforme met en relation les gestionnaires d’actifs et les distributeurs, qui peuvent aussi bien être des banquiers privés, des conseillers financiers ou des family offices que des assureurs.» Alexandre Harkous indique que les investisseurs initiaux étaient des investisseurs institutionnels, mais qu’ils se sont progressivement tournés vers de nouveaux domaines tels que les clients «privés», et maintenant les clients de détail.
Parmi les principaux avantages de la plateforme, Alexandre Harkous explique qu’Airfund a entièrement numérisé le processus d’investissement, de l’initiation de l’affaire à la souscription, y compris les signatures nécessaires ainsi que les appels de capitaux et les rapports, ce qui rend le système facilement extensible.
«Le plus important pour nous est d’avoir l’infrastructure en place, car nous devions améliorer nos processus et nos interactions avec les clients», explique Nicolas Renauld. L’investissement et le partenariat arrivent à point nommé puisque le est entré en vigueur le 10 janvier 2024. Il a fait remarquer que les investisseurs institutionnels récemment recrutés s’attendent également à une meilleure expérience de la numérisation.
Airfund: un tremplin pour la distribution des fonds d’actifs privés d’Indosuez
«Nous sommes une banque et un gestionnaire d’actifs privés, mais nous ne distribuons pas de fonds provenant de sociétés tierces», affirme Nicolas Renauld. D’après lui, Airfund aidera Indosuez à élargir la base de clients pour la distribution de ses fonds en interne (Indosuez, Amundi) et en externe (conseillers financiers) dans un modèle B2B2C.
«Les marchés privés font partie des activités d’Indosuez Wealth Management depuis plus de 20 ans. (...) La société a eu très tôt pour objectif de démocratiser les actifs privés auprès des family offices et des holdings familiaux (…) et d’augmenter le poids des actifs privés (près de 8 milliards d’euros d’actifs sous gestion) dans les portefeuilles de nos clients», ajoute Nicolas Renauld.
Dans une interview récente, Nicolas Renauld aurait déclaré aux Echos, le 14 novembre 2023: «Nos clients sont prêts à accepter une certaine illiquidité en échange d’une prime de performance et d’investissements plus concrets liés à l’économie réelle.» Il pense que les métriques de valeur ajoutée sur le marché privé sont plus faciles à comprendre par rapport aux entreprises publiques, qui sont sensibles à la volatilité des marchés.
Le B2C pourrait être possible d’ici deux à trois ans sur des petits tickets via des tokens plutôt que des parts de fonds.
En outre, Nicolas Renauld note que son taux de rendement interne annuel a été de 13% en moyenne pour les fonds d’actifs privés d’Indosuez depuis leur création en 2001 jusqu’à 2023. Indosuez affirme que cette performance tient compte du biais de survie, mais ce chiffre n’a pas été vérifié par des parties indépendantes. «L’écart-type peut être important entre les bons et les mauvais investissements... mais nous pensons toujours que le secteur peut générer des taux de rendement internes bien supérieurs à 10% par an à travers les cycles économiques.»
Comment fonctionnera l’interaction entre Airfund et Fund Channel?
«Fund Channel est une plateforme européenne bien connue pour la distribution de produits Ucits qui mettent en relation des gestionnaires d’actifs et des distributeurs... Airfund est maintenant devenue une extension de Fund Channel», explique Alexandre Harkous.
Airfund offre toutes les options possibles: «Elle peut fonctionner comme un B2B ouvert [pour les gestionnaires et les distributeurs] ou garder un environnement privé pour l’écosystème Fund Channel-Indosuez.»
Pouvez-vous acheter votre fonds d’investissement privé sur Airfund?
Alexandre Harkous affirme qu’Airfund est techniquement prête à servir les clients de détail dans un environnement B2C complet. Cependant, il pense que les fonds d’investissement privés ne sont pas suffisamment connus pour être distribués à grande échelle. Il estime que les distributeurs et les clients doivent être mieux informés sur les différentes stratégies.
«Il y a des questions réglementaires transfrontalières à prendre en compte pour la distribution sur les marchés cibles. Elles sont examinées attentivement par les distributeurs [de fonds]... en plus de», déclare Nicolas Renauld.
«Le B2C pourrait être possible dans deux ou trois ans sur des petits tickets par le biais de jetons au lieu de parts de fonds», a déclaré Alexandre Harkous. En attendant, il a souligné l’importance des conseillers financiers ou des banquiers privés pour guider les clients particuliers dans leurs décisions d’investissement.
Cet article est issu de la newsletter Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg, en anglais et en français.
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