Le tour de table ronfle comme le V8 biturbo d’une Ferrari F8: aux côtés d’Addition, la jeune société américaine de capital-risque dirigée par Lee Fixel, qui a emmené Freshworks à une valorisation de 10 milliards de dollars ou Roblox à 42 milliards de dollars, la levée de 320 millions d’euros de Satispay a aussi été souscrite par le chinois Tencent; la société Block, de Jack Dorsey (anciennement Square), qui a d’abord soutenu Satispay dans sa série C de 2020; Greyhound Capital, déjà présente depuis 2018 et qui a aussi Revolut et N26 dans son portefeuille; le fonds américain Coatue (aussi dans Monzo, N26 et Checkout.com); Lightrock et Mediolanum Gestione Fondi, une société d’investissement italienne.
La levée de fonds propulse la fintech italienne au statut très honorifique de licorne (société qui vaut plus d’un milliard de dollars), mais en euros.
Deux fois plus de revenus en 2021
Arrivée en 2018 au Luxembourg, la filiale luxembourgeoise de la fintech née en Italie, où elle a toujours son siège social, a obtenu sa licence d’établissement de monnaie électronique… mais reste déficitaire. En 2021, elle a bouclé l’année avec un déficit de 3,5 millions d’euros, qui s’ajoutent aux 6,5 millions d’euros de pertes accumulées jusque-là, malgré un chiffre d’affaires en plein boom, qui a doublé en un an, passant de 2,3 millions d’euros à 5,26 millions d’euros l’an dernier.
«Nous avons commencé en pleine pandémie, en 2020, et l’intérêt des commerces indépendants et des consommateurs n’a pas tardé à se manifester», assure le cofondateur et CEO de la jeune entreprise, Alberto Dalmasso. «Depuis, le nombre de nouveaux utilisateurs et de commerçants ne cessent d’augmenter. Cela confirme le succès que nous avons en Italie, où, aujourd’hui, nous comptons plus de 3 millions d’utilisateurs qui profitent chaque jour de nos fonctionnalités de paiement. Nous avons toujours considéré le Luxembourg comme la porte d’entrée des pays francophones et, aujourd’hui, nous venons de lancer le service également dans certaines villes en France.»
De 300 à 600 employés d’ici 18 mois
Les 3 millions de clients sont surtout italiens pour le moment, malgré les grands renforts de publicité de la fintech sur le cashback. Les clients potentiels peuvent en obtenir s’ils utilisent ce nouveau moyen de paiement, sans frais d’activation ni frais mensuels pour les commerçants, qui ne paient qu’une commission de 20 centimes pour les paiements supérieurs à 10 euros. Selon le communiqué, 200.000 commerçants (dont 350 au Luxembourg) ont recours à Satispay en Italie, au Luxembourg et en Allemagne.
Pour avoir une idée de sa traction, il faut se souvenir qu’elle comptait déjà 1,8 million de consommateurs et 160.000 commerçants dans les trois pays il y a un an, au moment de lancer son nouveau service, l’intégration des cartes de fidélité des commerçants qui utilisent sa technologie.
Satispay prévoit de doubler ses effectifs de 300 à 600 au cours des 18 prochains mois, en embauchant dans ses quatre bureaux (Milan, Berlin, Luxembourg et en France), a expliqué le fondateur dans une interview accordée à Sifted, en amont de la publication du communiqué.
Dans une autre interview à TechCrunch, il indique également réfléchir sérieusement à développer une approche «buy now pay later» (achetez maintenant, payez plus tard). Selon lui, les clients utilisent son app pour 10 à 18 transactions par mois.
En début d’année, Satispay a immatriculé une deuxième société au Luxembourg, Satispay International, confiée à un conseil de gérance à trois, composé de son directeur financier, Samuele Pinta, le président du conseil d’administration de la luxembourgeoise Satispay Europe et CEO d’YT Investor Services, Andrea Prencipe, et de son directeur opérationnel, Giorgio Ponticelli. Probablement pour piloter son développement… à l’international.
En février, Scalapay était devenue la première licorne italienne après un tour de table à 497 millions de dollars, là encore largement piloté par les Chinois de Tencent et Tiger (le premier fonds de Lee Fixel).