Il y a un quart de siècle que la Russie développe des technologies, au sol, de brouillage de satellites. Ce jeudi, le Luxembourg a rejoint la liste des pays qui ont été un jour amenés à se plaindre de cette guerre silencieuse.
SES a d’ailleurs reconnu ce jeudi soir qu’un de ses satellites à haute orbite, Astra 4A, avait été la cible d’un brouillage du signal montant depuis le Luxembourg. «Le Luxembourg et d’autres administrations ont lancé le processus de réglementation au sein de l’Union internationale des télécommunications», commente un porte-parole. «Cela a affecté la distribution de contenu vidéo de clients en Europe.» Le satellite n’est pas hacké mais son signal est brouillé, ce qui affecte la transmission de son signal et prive les utilisateurs finaux de leur produit.
Dans la journée, Bloomberg avait indiqué que la Suède, la France et les Pays-Bas ont également déposé des plaintes auprès de l’Union internationale des télécommunications, qui coordonne le partage mondial des fréquences radio et des orbites des satellites avant une réunion décisive sur ce sujet.
Astra 4A a été lancé en 2007 sur la position orbitale 5 degrés Est pour servir notamment l’Ukraine en services de télévision. Il dessert particulièrement l’Europe de l’Est.
Dans certains cas récemment, et en particulier depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des compagnies aériennes ont dû annuler des vols ou prendre des mesures d’urgence, craignant que le signal GPS soit perturbé par des brouillages et cela ne leur permette plus de savoir exactement où est leur avion ou où sont les autres avions. Depuis septembre 2023, «2.309 vols Ryanair et 1.368 avions Wizz Air ont enregistré des problèmes de navigation par satellite dans la région baltique», ainsi que «82 vols de British Airways, sept de Jet2, quatre vols d’EasyJet et sept opérés par TUI», avait révélé le Financial Times en avril dernier.
Depuis 2015, la Russie dispose de Borisoglebsk de deuxième génération, capable d’intercepter et de brouiller les communications radios HF/UHF et les signaux GPS, technologie développée par Sozvezdie et montée sur des véhicules tout-terrain. Déployés en Syrie et le long des frontières de la Russie, aujourd’hui probablement dans l’enclave de Kaliningrad, les Borisoglebsk-2 sont aussi précieux pour empêcher les drones d’affecter les opérations militaires.