De nombreuses personnes, qui gagnaient leur vie avant la crise, se retrouvent désormais dans une situation précaire, constate la présidente de Caritas, Marie-Josée Jacobs. Une helpline sociale a été mise en place pour leur venir en aide. (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

De nombreuses personnes, qui gagnaient leur vie avant la crise, se retrouvent désormais dans une situation précaire, constate la présidente de Caritas, Marie-Josée Jacobs. Une helpline sociale a été mise en place pour leur venir en aide. (Photo: LaLa La Photo, Keven Erickson, Krystyna Dul)

Alors que la crise sanitaire et économique rend la situation encore plus difficile pour les sans-abri, la présidente de Caritas Luxembourg, Marie-Josée Jacobs, rappelle qu’elle précarise aussi de nombreuses personnes qui jusque-là gagnaient leur vie.

Quelles sont les conséquences de la crise sur le travail de Caritas?

Marie-Josée Jacobs. – «Le travail est devenu plus intense et en même temps il est plus difficile de s’organiser. Mais il y a beaucoup de bonne volonté de la part de nos collaborateurs. Les ‘streetworkers’ font ainsi davantage de tours pour avoir plus de contacts avec les sans-abri. Car la situation est encore plus compliquée pour eux.

Avec les mesures de confinement et de distanciation sociale, leurs moyens sont encore plus limités puisque les rues sont vides et qu’ils ne peuvent plus bénéficier de l’argent que les gens leur donnaient.

Et certains ont peur du Covid-19, ils sont très anxieux et viennent parfois deux à trois fois par jour pour se faire prendre leur température. Il faut reconnaître que leur santé n’est pas au mieux après parfois des années passées dans la rue.

Comment aidez-vous les personnes qui se trouvent précarisées par la crise?

«Un certain nombre de personnes qui, avant la crise, gagnaient leur vie, se retrouvent en effet dans une situation difficile désormais. Ce sont souvent des personnes au chômage partiel, par exemple dans la restauration, qui parfois se retrouvent avec 20% de leur revenu en pourboire en moins. Ces personnes ne sont pas encore dans les réseaux des services sociaux et il est parfois psychologiquement difficile pour elles d’y recourir.

Nous avons donc créé une helpline, la , joignable au 40 21 31 – 999 ou par e-mail via [email protected]. Et la possibilité de recourir aux épiceries sociales de la Croix-Rouge et de Caritas, dans lesquelles il est possible d’acheter des produits au tiers de leur prix, a été élargie en rendant les examens plus brefs.

Nous avons aussi des inquiétudes concernant les aspects psychologiques du confinement, surtout quand les gens se retrouvent nombreux dans un petit appartement: les risques de violence et de problèmes psychologiques augmentent alors. Nous préparons donc un programme pour conseiller les victimes et les orienter à travers les différentes structures d’aide.

Avez-vous mis en place de nouvelles structures d’aide pour faire face à cette situation?

«Deux foyers d’accueil ont été créés. L’un s’adresse aux personnes malades, qui sont en voie de guérison mais peuvent toujours être contagieuses, et qui ne bénéficient pas dans leur logement de la possibilité de garder une distance de deux mètres. Il s’agit surtout de demandeurs d’asile.

L’autre structure permet d’accueillir des personnes malades et donc très vulnérables, qui nécessitent d’être protégées. Ainsi, un enfant atteint d’un cancer, qui est encore sous traitement, en bénéficie.

Quels sont vos besoins?

«Tout d’abord d’obtenir des aides financières. . Des gens généreux nous soutiennent d’ailleurs en nombre.

Nous avons aussi besoin de logements disponibles. Soit pour des sans-abri, soit pour des réfugiés qui n’ont pas encore d’habitation, et pour améliorer la situation dans les foyers accueillant les demandeurs d’asile.

Je rappelle qu’il est possible de passer un contrat avec Caritas pour les habitations, qui nous rend responsables du versement des loyers et du maintien en bon état des maisons.

Caritas a ainsi pu se proposer pour prendre en charge les 12 enfants en provenance de Grèce, qui sont maintenant dans une maison, seuls avec leurs éducateurs. Ils ont d’ailleurs été testés négatifs au Covid-19 et pourront davantage sortir d’ici une semaine.»