Le groupement des entrepreneurs estime qu’en moyenne, les entreprises évacuent entre 15.000 et 20.000 tonnes de terre des travaux de terrassement par jour, soit entre 8 et 10 millions de tonnes par an. (Photo: Shutterstock)

Le groupement des entrepreneurs estime qu’en moyenne, les entreprises évacuent entre 15.000 et 20.000 tonnes de terre des travaux de terrassement par jour, soit entre 8 et 10 millions de tonnes par an. (Photo: Shutterstock)

Le problème de surcharge dans les décharges du pays commence à exaspérer les entreprises de la construction, qui attendent désormais le déblocage de certains dossiers. L’augmentation des capacités de la décharge de Sanem se trouve en haut de la pile.

Fort de son attractivité, le Luxembourg a connu une forte demande dans le secteur de la construction au cours des 30 dernières années. Mais chaque chantier ou presque nécessite a minima un terrassement et donc  d’évacuer d’importantes quantités de terre.  Le Groupement des entrepreneurs estime qu’en moyenne, les entreprises évacuent entre 15.000 et 20.000 tonnes de terre des travaux de terrassement par jour, soit entre 8 et 10 millions de tonnes par an.

Actuellement, plusieurs décharges sont ouvertes aux entreprises pour ce faire. Mais certaines, dont celle de Colmarg-Berg, sont surchargées, .

Une solution à Sanem

«La décharge de Colmar-Berg est la plus surchargée du fait de sa très bonne situation géographique, située juste à côté de l’autoroute. D’un point de vue logistique, beaucoup d’entreprises la privilégient donc», nuance , secrétaire général du Groupement des entrepreneurs.

Il convient qu’il existe d’autres lieux de dépôt. «Les capacités existent, mais encore doivent-elles être autorisées», lance Pol Faber. Mais attention, ce dernier ne rejette pas la responsabilité sur le ministère de l’Économie ou celui de l’Environnement. «Nous avons de très bons échanges sur le sujet. Par exemple, nous avons une décharge à Sanem qui appartient à ArcelorMittal. Elle arrive au terme de ses capacités, mais elle possède un très grand potentiel en matière de capacités supplémentaires. Nous sommes occupés à négocier avec ArcelorMittal, le ministère de l’Économie et les communes concernées. Actuellement, on attend les autorisations, mais c’est surtout à ArcelorMittal de bouger sur le sujet», assure le secrétaire général, qui y voit «la seule solution viable à court terme» au problème de surcharge actuel des décharges pour les déchets de la construction. 

ArcelorMittal est effectivement propriétaire de la zone de stockage située à l’arrière du site sidérurgique de Differdange, localisée en partie sur la commune de Sanem, et dont un secteur est utilisé pour le dépôt de déchets issus des activités de construction. Mais cette zone, qui accueille des matériaux inertes, est directement exploitée par la société Cloos. 

«Afin d’en augmenter les capacités en vue d’offrir aux entreprises du secteur de la construction une solution au problème de surcharge de certaines décharges, un projet d’extension de cette zone de stockage est en cours», souligne le sidérurgiste avant d’ajouter: «Des études menées par ArcelorMittal et ses partenaires ont été réalisées et soumises aux autorités compétentes -communes, administrations et ministères concernés. »

À plus long terme, il faudra cependant trouver d’autres solutions avec l’ouverture de nouvelles décharges ou combler les espaces créés dans les carrières. Mais pour cette dernière solution, il faut évidemment, en premier lieu, extraire de la pierre. «C’est indéniable, il faudra ouvrir de nouvelles décharges pour trouver des solutions sur le long terme. Mais là encore, il n’y a pas beaucoup de terrains disponibles et il est parfois difficile de convaincre plusieurs propriétaires de terrains agricoles de vendre», termine Pol Faber.

À noter qu’exporter les déchets de la construction vers l’étranger ne serait pas une solution viable d’un point de vue écologique, même si, pour le moment, une assez grande quantité de terre est redirigée vers des sites en France. De plus, la Belgique et l’Allemagne, qui connaissent également un phénomène de surcharge dans les décharges, ont interdit l’importation de déchets de la construction depuis le Luxembourg.

Il n’empêche que la situation est de plus en plus exaspérante pour les entreprises de construction du pays.


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L’exaspération des entreprises

, patron de Félix Giorgetti, ou encore , président du conseil d’administration du groupe CDCL, ont déjà exprimé leur ras-le-bol sur ce sujet. Un constat partagé par les patrons du secteur de la construction. «La situation de blocage que l’on connaît aujourd’hui n’est pas nouvelle, mais elle coûte très cher aux entreprises. Normalement, un chauffeur doit pouvoir faire six trajets par jour vers les décharges. Désormais, il ne peut en faire qu’un seul – ou peut-être deux avec de la chance. Mais il part à 7h et revient à 18h», peste , le patron de Bonaria Frères, entreprise installée à Esch-sur-Alzette.

C’est un problème de bureaucratie. Communes, ministères, gouvernements, entreprises, tous se renvoient la balle depuis des années. Cela ne date pas d’aujourd’hui et une décision aurait dû être prise il y a 10 ou 20 ans.
Gérard Thein

Gérard TheinCEOBonaria Frères

«C’est un problème de bureaucratie. Communes, ministères, gouvernements, entreprises et industriels, tous se renvoient la balle depuis des années. Cela ne date pas d’aujourd’hui et une décision aurait dû être prise il y a 10 ou 20 ans. Faire de nouvelles décharges, c’est aussi un problème de terrains qui appartient aux communes, mais qui doivent alors adapter un plan d’aménagement général (PAG), une procédure longue. Dans d’autres cas, le terrain appartient à des particuliers qui bloquent pendant plusieurs années. Il y a 30 ans, l’État aurait dû mettre en place une décharge gouvernementale. Si l’État veut croître, construire des infrastructures, il fallait y penser. Chacun dit qu’il y a blocage à un moment ou à un autre. Au final, tout le monde est responsable de cette situation qui dure depuis trop longtemps», lance encore Gérard Thein, qui voit également une conséquence directe de cette surcharge dans les décharges sur les routes du pays régulièrement saturées.

«Pour le moment, tout est contre nous. Si la surcharge des décharges est un problème important actuellement, il faut aussi ajouter les effets de la crise sanitaire, les problèmes d’approvisionnement, l’augmentation des prix des matériaux, les contraintes réglementaires sur la pollution de la terre, etc. Mais je reste pour autant combattif face aux nombreux problèmes», termine Gérard Thein, qui a repris les rênes de l’entreprise familiale en 2019.