Un travailleur coûte 50,7 euros par heure en moyenne au Luxembourg, selon les derniers chiffres du Statec. (Photos: Shutterstock. Montage: Maison Moderne)

Un travailleur coûte 50,7 euros par heure en moyenne au Luxembourg, selon les derniers chiffres du Statec. (Photos: Shutterstock. Montage: Maison Moderne)

Le coût de la main d’œuvre a encore augmenté en 2022 pour atteindre 50,7 euros bruts par heure en moyenne au Luxembourg. Soit le montant le plus élevé de l’Union européenne.

Un salarié a coûté 50,7 euros bruts par heure en moyenne au Luxembourg en 2022, selon les derniers chiffres du Statec et d’Eurostat. Ce qui fait de la main-d’œuvre du pays la plus «onéreuse» de l’Union européenne (UE).

Les statistiques sont fournies sur base d’estimations trimestrielles calculées par Eurostat à l’aide de données provenant de l’Inspection générale de la Sécurité sociale (IGSS) pour le Luxembourg.

Ainsi, , les montrent en fait que le Grand-Duché le dépassait déjà en 2021. Ceci avec un coût horaire moyen de 48,4 euros, contre 45,7 euros.

En 2022, le Danemark garde sa deuxième place, avec un coût de 46,8 euros. La Belgique arrive troisième à 43,5 euros par heure, la France quatrième à 40,8 euros et l’Allemagne septième à 39,5 euros. La moyenne européenne se situe à 30,5 euros.

Quelques biais statistiques

«Le coût élevé pour le Luxembourg découle principalement de la structure de l’emploi, davantage centré sur les services à haute valeur ajoutée», justifie le Statec.

Même s’il faut toujours relativiser en tenant compte du coût de la vie. Sa parité de pouvoir d’achat – combien d’unités monétaires sont nécessaires d’un pays à l’autre pour acquérir un même bien ou service – arrive à 1,53 en 2021, 1 représentant la moyenne dans l’Union européenne (UE). Un indice élevé, mais qui n’est pas non plus le plus haut, puisque la République tchèque (18,4), le Danemark (10,7), la Hongrie (224), la Pologne (2,6), la Roumanie (2,4) ou encore la Suède (14) le dépassent.

Il faut aussi noter que l’étude ne porte que sur les entreprises de 10 salariés ou plus, apprentis inclus. Or, au Luxembourg, . L’agriculture et l’administration publique ne sont pas non plus prises en compte. Pour l’enseignement, seul le secteur privé est représenté.

La place financière en tête et l’horeca en queue de classement

Le secteur financier emploie la main-d’œuvre la plus onéreuse en moyenne: 88,3 euros par heure travaillée. Les activités spécialisées, scientifiques et techniques arrivent après, avec 68,3 euros. Puis, l’information et la communication (55,7 euros). L’hébergement et la restauration se placent en bas du classement, avec un coût horaire moyen de 30,3 euros.

Entre 2020 et 2022, on observe des taux de croissance supérieurs à la moyenne dans les transports et entreposage (+5,7% par an), les activités financières (+4,2% par an), la santé (+3,9% par an) et les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+3,8% par an).

Le Luxembourg dépasse ses trois voisins dans des secteurs comme la santé et l’action sociale ou encore les activités financières et les transports. Mais il paie moins, par heure en moyenne, ses salariés de la construction. Le coût horaire se situe entre ceux de la France, de l’Allemagne et de la Belgique dans le commerce, l’industrie et les activités de services administratifs et de soutien.

86,3% de coûts directs

Ce sont en tout cas bien les revenus directs qui projettent le Luxembourg en tête du classement de l’UE. 86,3% du coût de la main-d’œuvre est considéré comme tel (salaires et traitements bruts). Le reste, indirect (13,7%), concerne les cotisations et prestations sociales à charge de l’employeur. Une part faible par rapport à la moyenne de l’UE (25%).

Plus précisément, 67,4% du coût total est versé sous forme de rémunération régulière directe chaque mois. 7,2% sont dus aux congés et jours fériés. 8,3% sont des versements non réguliers (primes). Les avantages en nature (voiture, logement, repas gratuits) représentent quant à eux 3,1%, contre 0,9% en moyenne dans l’UE.

Une surévaluation entre 2016 et 2020

En tout, le coût horaire a augmenté de 5,12% par an, en moyenne, entre 2016 et 2020, selon le Statec. Puis de 3,53% par an jusqu’en 2022. Alors qu’entre 2012 et 2016, il n’avait varié que de +2,34% par an.

Le Statec explique la croissance exceptionnelle par «les mesures de confinement, qui ont conduit à une augmentation mécanique du coût moyen horaire de la main-d’œuvre en raison d’une baisse soudaine des heures travaillées qui ne s’est pas entièrement reflétée par une baisse correspondante des salaires. Ceci est principalement dû aux subventions accordées aux entreprises par l’État». Les heures effectivement travaillées ont ainsi diminué de 10% entre 2016 et 2020. Le Statec évoque donc une «surévaluation» pour cette période.

Alors qu’entre 2020 et 2022, la progression est surtout due aux tranches indiciaires successives et à la hausse du salaire minimum au 1er janvier 2021.