La nouvelle méthodologie d’Eurostat, décortiquée par Rexecode, montre les différences de temps de travail entre les États membres, à manier avec précaution compte tenu des structures du marché et des réglementations des uns et des autres. (Photo: Shutterstock)

La nouvelle méthodologie d’Eurostat, décortiquée par Rexecode, montre les différences de temps de travail entre les États membres, à manier avec précaution compte tenu des structures du marché et des réglementations des uns et des autres. (Photo: Shutterstock)

Les salariés à temps complet au Luxembourg travaillent une semaine de plus que les Allemands chaque année, trois semaines de plus que les Belges et quatre semaines de plus que les Français, indique une étude de Rexecode à partir de la nouvelle méthodologie d’Eurostat.

1.825 heures par an. Le nombre d’heures qu’un salarié à temps complet passe au travail au Luxembourg est supérieur de 35 heures à celui des Allemands, 125 heures à celui des Belges et 157 heures à celui des Français, indique une étude de Rexecode, qui s’appuie sur la nouvelle méthodologie d’Eurostat.

«La durée du travail effective est la durée du travail réellement effectué sur l’année, contrairement à d’autres notions de durée, comme la durée hebdomadaire habituelle, qui ne prennent pas en compte les périodes d’absence (pour congé, maladie, etc.)», indiquent ses auteurs. «La comparaison réalisée sur les salariés à temps complet est celle qui rend le mieux compte du cadre réglementaire, contrairement à d’autres champs (temps partiel, non-salariés) pour lesquels la durée résulte également d’autres facteurs, notamment des comportements des entreprises et des salariés (temps partiel choisi ou subi par exemple).»

Pour expliquer les différences entre les Français et les Allemands, Rexecode a demandé à Eurostat de sortir une extraction particulière qui fait apparaître des différences entre les deux populations: les Français sont deux fois plus absents que les Allemands sur une semaine entière (7 semaines contre 3,7), notamment pour prendre leurs congés ordinaires (4,3 semaines contre 1,6) et en raison de maladie (2,1 semaines contre 1,2) alors que les Allemands sont plus souvent absents pour moins d’une semaine que les Français (3,7 semaines d’absence de moins d’une semaine contre 2,2). Au final, alors que le nombre de semaines travaillées était identique au départ (52,1), les Français ont travaillé 42,9 semaines contre 44,8 pour les Allemands.

Le Luxembourg au-dessus de la moyenne européenne

La France n’est devancée que par la Finlande sur cette durée effective annuelle moyenne avec 1.640 heures, tandis que les Roumains travaillent plus de 2.000 heures par an (2.043). Le Luxembourg est au-dessus de la moyenne européenne (1.792 heures) avec ses 1.825 heures.

Cet indicateur est préféré à tous les autres. Par exemple, disent les auteurs, «les comparaisons de durée de travail des salariés à temps partiel sont délicates à interpréter car les différences peuvent résulter de causes distinctes: dysfonctionnement du marché du travail, choix individuels, difficile conciliation entre vie de famille et vie professionnelle (qui par elle-même résulte de normes sociales, des dispositifs et structures dédiés aux enfants en bas âge), maladie, etc.»

Là encore, les salariés luxembourgeois, à temps partiel donc, sont au-dessus de la moyenne européenne et travaillent beaucoup plus que les Allemands et un peu plus que les Français… mais moins que les Belges. Il n’y a «que» 10% des salariés à temps partiel au Luxembourg qui sont obligés de rester à temps partiel faute de trouver un emploi à temps complet alors que ce chiffre arrive à 60% en Roumanie et en Italie.

La question de la réduction du temps de travail hebdomadaire a été très clivante pendant la campagne électorale, les deux partis finalement au gouvernement y étant opposés, considérant que c’est en entreprise que cette question doit être débattue, tandis que le LSAP a fait de la réduction un de ses principaux arguments de campagne. 

À la Chambre des députés, le Premier ministre, (CSV), a toutefois ouvert une porte à une réduction de quatre heures par semaine pour un salarié à temps complet qui doit s’occuper de son enfant, sans que l’on connaisse encore le détail de cette idée.