Selon le cabinet de recrutement JCW, 47% des employeurs estiment que le niveau des embauches va augmenter en 2022 dans l’industrie financière (Photo: Shutterstock)

Selon le cabinet de recrutement JCW, 47% des employeurs estiment que le niveau des embauches va augmenter en 2022 dans l’industrie financière (Photo: Shutterstock)

Le secteur financier luxembourgeois offre des salaires supérieurs au niveau du Benelux, rivalise à niveau égal avec l’Allemagne, mais se positionne loin derrière Londres et la Suisse. Le segment de l’audit peine à recruter alors que ceux de la cybersécurité et de la compliance continuent de croître.

«Comme la majorité des cabinets de recrutement, nous nous attendions à une forte hausse des embauches en 2021 et cela s’est avéré être une réalité», déclare John Newton, chief revenue officer chez JCW. Ce cabinet, basé en Europe et aux États-Unis, actif dans le recrutement au sein du secteur des services financiers, a réalisé une étude sur les salaires et les attentes des salariés concernant les principales places européennes, dont le Luxembourg.

Si les embauches dans le secteur financier ont été en hausse en 2021, les employeurs ont toutefois été confrontés à des soucis liés à «l’attraction et la rétention» de leurs employés. «Les candidats sont beaucoup plus sélectifs quant aux opportunités», souligne John Newton, qui explique alors que les organisations ont dû s’adapter aux nouvelles méthodes de travail, dont le travail hybride. «Nos clients n’ont pas constaté de baisse de la productivité. Au contraire, elle a augmenté.»

Au-delà de l’environnement de travail, il ressort de l’étude menée par JCW que 54% des candidats ne sont pas satisfaits de leur rémunération. «Le fait que 32% des candidats déclarent ne recevoir aucune prime devrait être un signal d’alarme pour les employeurs», note l’étude. Ce qui constitue des facteurs poussant 60% des candidats à envisager une mobilité professionnelle.

De belles perspectives pour l’actuariat

Dès lors, 60% des candidats envisagent une mobilité professionnelle. Leur motivation à changer de poste semble d’autant plus élevée que 38% d’entre eux sont prêts à déménager à l’étranger. Ce défi de fidélisation des employés démontre donc une concurrence sur le marché de l’emploi entre les différentes places financières européennes.

La compétition entre les employeurs devrait être encore plus féroce en 2022, sachant que 47% des entreprises du secteur financier estiment que le niveau des embauches va augmenter par rapport à 2021. Du côté des candidats, 71% d’entre eux recherchent une augmentation salariale cette année.

Le cabinet de recrutement JCW a alors entrepris une analyse salariale comparative des segments de la finance. Alors qu’un actuaire junior peut y espérer 55.000 euros annuels – ce qui reste dans la moyenne européenne –, un responsable de service aura en moyenne 250.000 euros contre 211.000 à Londres (tous les montants hors euro ont été convertis au cours de la date de publication, ndlr), 213.000 aux Pays-Bas et 220.000 en Belgique. De tels chiffres montrent que le besoin d’embauche dans l’actuariat ne s’affaiblit pas et pourrait même devenir encore plus attractif avec l’arrivée de la norme IFRS 17 pour les compagnies d’assurances.

L’audit en perte de vitesse

Autre segment de la finance, l’audit externe semble, quant à lui, plus perturbé. «Le manque de futurs successeurs augmente et le nombre de talents disponibles pour les postes à pourvoir continue de diminuer.» En cause aussi, l’absence de nouveaux concurrents dans un marché qui est pourtant en pleine croissance.

Si un auditeur junior peut espérer obtenir davantage que la moyenne européenne en débutant à 55.000 euros par an au Luxembourg, un manager senior atteindra environ 90.000. Même si cette somme ne diffère pas des salaires allemands et est supérieure de 15.000 euros à ceux en Belgique, Londres et la Suisse restent nettement plus attractifs, offrant respectivement, en moyenne, 141.000 et 160.000 euros. En Suisse, la demande d’audit externe dans les services financiers est particulièrement élevée pour les candidats germanophones.

Face à un marché de l’audit externe en difficulté, certains candidats s’orientent vers l’audit interne «pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée». D’autres se spécialisent dans l’audit IT où les salaires sont légèrement supérieurs.

L’essor de la technologie et de la cybersécurité

Les métiers liés à la gestion des données peinent également à rester attractifs au Luxembourg. Alors qu’un data analyst peut obtenir 70.000 euros à Luxembourg, soit une somme au-dessus de la moyenne européenne, un head of data & analytique pourra gagner 173.000 euros. Une somme toujours inférieure à Londres et la Suisse, et même à l’Allemagne.

Un junior legal counsel luxembourgeois gagne, pour sa part, en moyenne 55.000 euros par an, tout comme un confrère allemand, mais bien davantage qu’un autre aux Pays-Bas (46.000 euros) ou en Belgique (48.000 euros) ou à Londres (54.000 euros). Ce qui reste en revanche bien loin du salaire moyen d’un confrère suisse qui s’élève à 97.000 euros. C’est tout particulièrement l’expertise de la cybersécurité qui attire dans le domaine juridique. «Les organisations restent très vulnérables en raison de la grande quantité de données sensibles et des violations de données qui deviennent de plus en plus fréquentes», rapporte le cabinet JCW.

Le marché de la technologique et de la cybersécurité est lui aussi resté dynamique au regard du nombre croissant d’attaques contre les organisations. C’est à nouveau du côté de la Suisse que les regards se tournent: «La Suisse est de plus en plus considérée comme une plaque tournante de la cybersécurité au niveau mondial. Il n’est pas surprenant que certains des meilleurs cabinets de conseil, des entreprises de cybersécurité et des candidats possédant de nombreuses connaissances techniques sont basés en Suisse.» Ce qui se reflète au niveau des salaires. Par exemple, un spécialiste de la security architecture gagnera en moyenne 112.000 euros en Suisse, contre 94.000 à Londres, 80.000 à Luxembourg et 70.000 aux Pays-Bas.)

La tendance à la hausse de la compliance

Sans surprise, le segment de la compliance maintient sa tendance. «Les fonctions telles que la fraude, l’AML (anti-money laundering, ndlr), la lutte contre la corruption et les sanctions font l’objet d’une demande sans précédent et rien ne laisse présager un ralentissement», relève l’étude.

Alors qu’un analyste AML peut demander 68.000 euros annuels au Luxembourg, ce n’est qu’à Londres et en Suisse qu’il pourra espérer mieux avec des moyennes respectives à 94.000 et 92.000 euros. Parmi les professionnels de la compliance, un spécialiste des sanctions pourra négocier, par contre, un salaire autour de 85.000 euros à Luxembourg, soit un chiffre supérieur à la plupart des places européennes à l’exception, de nouveau, de Londres et de la Suisse.

Un chief compliance officer pourra, quant à lui, s’attendre à une moyenne de 225.000 euros au Luxembourg, contre 191.000 aux Pays-Bas, 198.000 en Belgique et 174.000 en France. C’est encore Londres, avec 352.000 euros, et la Suisse, avec 291.500 euros, qui se positionnent en tête de classement.