Selon Raphaël Cohen, les employeurs souhaitent recruter des banquiers capables de ramener rapidement des contrats, ainsi, «Il n’est pas rare que les banques privées demandent d’arriver avec un book de 200 millions d’actifs sous gestion.» (Illustration: Ellen Withersova)

Selon Raphaël Cohen, les employeurs souhaitent recruter des banquiers capables de ramener rapidement des contrats, ainsi, «Il n’est pas rare que les banques privées demandent d’arriver avec un book de 200 millions d’actifs sous gestion.» (Illustration: Ellen Withersova)

La banque privée est réputée pour être un secteur où l’on gagne bien sa vie. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement?

Le secteur bancaire est l’un des mieux rémunérés au Luxembourg. Dans la banque privée, notamment, les salaires se révèlent particulièrement avantageux.

Banquier privé, un métier attractif

La fonction la plus intéressante est sans conteste celle de banquier privé. «Il s’agit de la force commerciale, celle qui est la plus génératrice de revenus et qui, donc, est la mieux payée», commente Aurélie Abarnou, senior associate au sein de Michael Page Luxembourg.

«Ces profils sont très difficiles à recruter, car les banques privées sont aujourd’hui à la recherche de personnes disposant de compétences spécifiques, sur une zone géographique précise», poursuit Raphaël Cohen, associate consultant du même cabinet.

Les employeurs souhaitent recruter des banquiers capables de ramener rapidement des contrats. «Ils exigent des garanties, un business plan solide, poursuit Raphaël Cohen. Il n’est pas rare que les banques privées demandent d’arriver avec un book de 200 millions d’actifs sous gestion.»

Pour les personnes qui bénéficient d’une expérience de plus de 10 ans, les salaires peuvent monter très haut.

Aurélie Abarnousenior associateMichael Page Luxembourg

Un banquier privé disposant de cinq à six ans d’expérience opérationnelle touche ainsi entre 100.000 et 110.000 euros brut par an, auxquels il faut ajouter la mise à disposition d’une voiture et des bonus, à savoir un pourcentage calculé sur les montants qu’il rapporte à la banque.

«Pour les personnes qui bénéficient d’une expérience de plus de 10 ans, les salaires peuvent monter très haut, ajoute Aurélie Abarnou. Ça fonctionne au cas par cas, mais en moyenne, ces personnes gagnent entre 160.000 et 250.000 euros de package.»

Pour les banquiers privés qui débutent, le salaire tourne autour des 55.000-60.000 euros, mais ces profils juniors sont de moins en moins recherchés au Luxembourg.

Des fonctions en passe de dépasser le banquier privé

Face au poids réglementaire de plus en plus lourd, les banques privées recrutent tout un arsenal de collaborateurs dans le middle-office. En première ligne de défense, on retrouve les fonctions de compliance.

«Ces personnes, qui disposent d’un profil juridique, le plus souvent, s’occupent d’analyser la réglementation et de l’implanter en interne. Elles sont aussi chargées de l’onboarding des clients», explique Aurélie Abarnou. Il s’agit de postes relativement récents, dont l’importance est de plus en plus grande depuis une dizaine d’années. Dans ce domaine, un profil junior, avec une expérience de un à trois ans, gagne déjà entre 45.000 et 55.000 euros par an.

«Ces profils prennent en charge le travail opérationnel et administratif lié à leur activité, plus que la mise en place de processus au sein de la banque privée, souligne la senior associate de Michael Page. Les profils plus transversaux, qui peuvent s’appuyer sur une expérience de cinq à huit ans, touchent quant à eux entre 60.000 et 90.000 euros, car la technicité de leur métier et les enjeux de leur travail sont plus importants.»

Ces personnes implémentent des contrôles pour vérifier que la réglementation est bien appliquée en interne. Bien souvent, on retrouve à ces postes des anciens consultants de Big Four.

Raphaël Cohenassociate consultantMichael Page Luxembourg

Tout en haut de la pyramide, on retrouve le chief compliance officer (CCO), agréé par la CSSF. Possédant une expérience minimale de 10 ans dans le domaine, le CCO touche entre 110.000 et 160.000 euros brut par an (hors avantages), en fonction de la taille de la banque privée et de l’équipe qu’il est amené à gérer. Autre département du middle-office: le risque.

«Ces personnes implémentent des contrôles pour vérifier que la réglementation est bien appliquée en interne. Bien souvent, on retrouve à ces postes des anciens consultants de Big Four», indique Raphaël Cohen.

Ici, les profils juniors gagnent entre 45.000 et 55.000 euros, et les profils intermédiaires, entre 60.000 et 85.000 euros. Également agréé par la CSSF, le chief risk officer (CRO) reçoit une enveloppe similaire à celle du CCO: entre 110.000 et 150.000 euros, avec voiture et bonus en sus.

Le troisième niveau de contrôle concerne l’audit interne. En charge de contrôler les processus mis en place au sein des différents départements de la banque privée, les auditeurs sontles garants d’une bonne organisation interne et ils formulent des recommandations pour l’améliorer.

Dans ce domaine, les salaires sont équivalents à ceux pratiqués dans le risque, et de la même manière, le chief internal auditor (CIA) est agréé par la CSSF. «En tant que personnes agréées par la CSSF, les CCO, CRO et CIA sont engagés de manière juridique, précise l’associate consultant de Michael Page. Il est donc logique qu’ils reçoivent, à travers une rémunération plus importante, une sorte de prime de risque.»

Un marché de l’emploi qui se tend

On le voit, le niveau de rémunération fixe dans les départements réglementaires se rapproche petit à petit de celui en vigueur pour le banquier privé. Une situation qui s’explique par l’importance grandissante de la mise en conformité.

«Les banques privées ont besoin de ces fonctions réglementaires pour fonctionner. Et alors que les marges de la banque privée se sont réduites, la mise en conformité est devenue un enjeu stratégique. Si elle est appliquée correctement, elle peut devenir source de valeur ajoutée et ouvrir de nouvelles opportunités de business, analyse Raphaël Cohen. Dans cette optique, les banquiers privés ne sont plus les seuls à rapporter de l’argent…»

Les banques veulent des candidats polyvalents, qui connaissent la réglementation locale. Or, elles sont de moins en moins nombreuses à former de jeunes collaborateurs

Raphaël Cohenassociate consultantMichael Page Luxembourg

Parallèlement, «les banques veulent des candidats polyvalents, qui connaissent la réglementation locale. Or, elles sont de moins en moins nombreuses à former de jeunes collaborateurs», constate Raphaël Cohen. Le marché luxembourgeois se tend, les salaires grimpent très vite.

«La rémunération est 15 à 20% plus élevée que dans les autres pays d’Europe. Elle atteint des niveaux similaires à ceux de Londres et Genève, poursuit-il. Si les banques ne s’adaptent pas aux évolutions salariales, elles prennent le risque de se faire débaucher leurs talents…»

Juridique et comptabilité ne sont pas en reste

Dans une banque privée, on trouve aussi toujours un département juridique qui, dans ce même contexte, prend lui aussi de plus en plus d’importance. «La demande pour ces profils progresse rapidement, et la rémunération peut vite flamber», confie Raphaël Cohen.

Dans ce cas, les banques privées sont à la recherche de collaborateurs disposant de quatre à cinq ans d’expérience, capables d’être tout de suite opérationnels. Ceux-là pourront toucher entre 80.000 et 90.000 euros. Les profils seniors peuvent quant à eux compter sur un salaire situé entre 90.000 et 125.000 euros, quand le directeur juridique se verra octroyer de 125.000 à 180.000 euros, une rémunération à la hauteur de celle pratiquée dans les cabinets d’avocats.

Dans cette branche, toutefois, les fonctions sont désormais de plus en plus automatisées, digitalisées et souvent délocalisées.

Aurélie Abarnousenior associateMichael Page Luxembourg

De la même manière, les fonctions liées au département comptabilité et finance se voient de mieux en mieux valorisées. Les salaires varient entre 40.000 et 55.000 euros pour un junior, 60.000 et 80.000 euros pour un profil intermédiaire, et 90.000 et 120.000 euros pour un senior. Le chief financial officer (CFO), quant à lui, se voit attribuer entre 110.000 et 150.000 euros, avec voiture et bonus, un salaire qui évolue également selon la taille de la banque privée.

Le back-office, des difficultés à se renouveler

Enfin, on trouve le back-office, qui a longtemps fait tourner l’industrie luxembourgeoise. «Dans cette branche, toutefois, les fonctions sont désormais de plus en plus automatisées, digitalisées et souvent délocalisées. Les métiers tendent à disparaître, le volume d’effectifs se réduit. Les recrutements sont donc peu nombreux», estime Aurélie Abarnou.

La rémunération pour un profil disposant de quelques années d’expérience oscille entre 50.000 et 55.000 euros par an, un senior pourra quant à lui pousser jusqu’à 65.000 euros. Si ces salaires sont moins élevés que ceux pratiqués dans les autres départements de la banque privée, ils n’en restent pas moins attrayants…