Geoffroy Bazin, conseiller - président du groupe de travail Développement durable à la Chambre de commerce de Luxembourg. (Photo: DR)

Geoffroy Bazin, conseiller - président du groupe de travail Développement durable à la Chambre de commerce de Luxembourg. (Photo: DR)

En amont du 10x6 Entrepreneurship: 10 CSR Strategies organisé par le Paperjam + Delano Club le jeudi 21 octobre, Geoffroy Bazin, président du groupe de travail Développement durable à la Chambre de commerce du Grand-Duché de Luxembourg, partage sa vision de la RSE.

On parle beaucoup de RSE, mais cet acronyme peut prendre plusieurs formes dans l’imaginaire commun. Comment le définiriez-vous?

. – «RSE, Responsabilité sociale ou sociétale des entreprises, vous avez le choix. Mais ce qui est avant tout très important, c’est le mot Responsabilité. Être responsable, c’est une posture magnifique quand on y pense, cela donne du sens à ce que l’on est, pourquoi on fait des choses, à quoi sert-on et pour qui sommes nous utiles? C’est pourquoi je pense qu’agir avec responsabilité doit être au centre de notre système de valeur personnel et collectif, au centre même de nos réflexions stratégiques et actions opérationnelles aussi bien dans nos vies professionnelles que personnelles.  

Avant on se préoccupait surtout, en tant que dirigeant d’entreprise, d’avoir de l’impact positif sur les clients et du résultat financier pour l’actionnaire. Depuis quelques années, dans les milieux économiques, on a commencé à comprendre que ce n’est pas suffisant et que ce n’est plus durable. On ne peut pas seulement créer et développer de la valeur si d’autres, à cause de notre “business model”, en subissent des impacts négatifs qui dégradent progressivement les environnements qui nous ont permis de fonctionner jusqu’à présent et tendent vers de graves déséquilibres. Cela n’est pas une attitude responsable. Le véritable sens de la RSE, c’est vraiment d’élargir le spectre de responsabilité à toutes les parties prenantes de l’entreprise qui sont liées à son modèle, qu’ils soient actionnaires, clients, salariés, fournisseurs ou liées à l’environnement local dans lequel l’entreprise se développe. La RSE n’est plus une dimension à positionner à la marge. Elle est à positionner au cœur de la stratégie de chaque entreprise sans tarder. La mission de la RSE est ambitieuse et exigeante. Car il s’agit bien de développer à la fois de la valeur pour l’entreprise et pour la société qui l’entoure, en apportant des solutions efficaces sur le long terme pour répondre aux défis sociétaux et environnementaux de notre temps. 

Penser RSE est-il devenu une obligation pour les entreprises aujourd’hui? 

«Oui, je le crois fortement. Penser RSE, c’est anticiper les contraintes réglementaires auprès des entreprises qui vont s’accélérer pour tous les secteurs d’activité. Et c’est sans doute un des rares sujets sur lequel plus il y aura de réglementations mondiales et communes, complétées par des politiques d’incitations publiques, mieux ce sera pour la planète. C’est aussi important pour l’environnement économique, car il en va de la compétitivité des entreprises et il faut s’assurer que toutes sont soumises progressivement à des règles uniformes de concurrence. C’est aussi se préparer aux évolutions financières d’accès aux financements et investissements qui se concentreront de plus en plus vers les entreprises qui auront adopté des stratégies crédibles de développement durable.

Penser RSE, c’est enfin saisir les opportunités de business découlant du développement durable, en intégrant les nouvelles attentes des clients qui se portent de plus en plus sur l’achat de produits responsables. Pour l’entreprise, cela nécessite d’investir et d’innover de manière responsable, pour créer de nouvelles offres de biens et de services et pour moderniser ses processus de production. Ne pas penser RSE, c’est hypothéquer l’avenir de l’entreprise.

À quoi pourrait ressembler le futur de la RSE selon vous?

«Tout comme le digital et la transition numérique ont constitué, depuis ces dix dernières années, un pilier nouveau et fondamental pour la stratégie et la modernisation des entreprises, je suis profondément convaincu qu’il en sera de même pour la RSE comme levier majeur d’orientation des stratégies d’entreprise durant cette nouvelle décennie. L’impérative décarbonisation de l’économie, la prise en compte de plus en plus systématique des impacts environnementaux et sociétaux vont modifier profondément les attentes de la Société par rapport au rôle des entreprises. Pour rester performantes et compétitives, les entreprises doivent comprendre les impacts, évaluer leurs risques en y intégrant les nouveaux critères de gestion dénommés “ESG” pour évoluer leur modèle d’affaires.

Au sein de l’entreprise, la RSE sera partout, tel le réseau sanguin d’un être humain. Elle se déclinera dans toute la chaîne de valeur, de l’approvisionnement, via la production, jusqu’à la distribution et au service après-vente. Les trajectoires zéro émission nette issues des bilans carbone, la mise en place de modèles d’économie circulaire avec les pratiques d’éco-conception dans la fabrication des produits ou de prestations de services, et les mises en œuvre de diligence raisonnable au sein des chaînes d’approvisionnement et de distribution deviendront progressivement la base de la gestion d’entreprise du XXIe siècle. En quelque sorte, la RSE deviendra un véritable “passeport vaccinal” pour se protéger les uns et les autres, rester durablement en bonne santé, et relever les nombreux défis de la planète repris dans les 17 ODD des Nations Unies.»

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