Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Élection aux États-Unis, Brexit, guerre commerciale avec la Chine, place de l’Union européenne dans le monde... les paramètres de la boussole macroéconomique risquent de s’affoler en 2020. Entre perceptions, éléments tangibles et projets politiques, nos experts donnent le cap. Cette série débute avec Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux.

Qui aurait imaginé en juin 2016, lorsque le référendum sur le Brexit a été organisé, qu’il ferait l’objet d’autant de négociations et de secousses constitutionnelles? Mais voilà, plus de 3 ans après la victoire du «oui» au Brexit, on n’est pas encore au bout de nos surprises. C’est un peu à l’image de la saga Harry Potter: tout le monde attend avec impatience la lecture du tome suivant, en se demandant comment il pourra encore être surpris. Et pourtant, on continue à l’être!

En 2020, il y aura assurément de nouvelles surprises. Tout d’abord, mis à part dans le cas d’une large victoire des conservateurs aux élections de décembre (ce texte a été rédigé avant les élections du 12 décembre, ndlr), une nouvelle extension du délai pour le Brexit se profile, afin qu’un nouveau référendum ait lieu, sur le Brexit lui-même ou sur un éventuel accord, ou parce que de nouveaux amendements seront déposés au Parlement britannique. N’oublions pas non plus que si les parlementaires écossais devaient apporter leur soutien à une majorité, le prix à payer en serait un nouveau référendum sur l’adhésion de l’Écosse au Royaume-Uni, ce qui complique encore la situation.

Par ailleurs, quelle que soit la date du Brexit, il faut aussi se rappeler que celui-ci ne marque pas la fin de la saga. En effet, au lendemain du Brexit, commencera la période de transition. Durant celle-ci, le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’UE, mais tous les traités en vigueur (dont l’union douanière) restent en application. Par contre, cette période doit être mise à profit pour négocier les futures relations commerciales entre les deux entités. Cette période de transition se termine officiellement le 31 décembre 2020 et si le Royaume-Uni souhaite en demander la prolongation, il doit le faire avant la fin juin, sachant qu’elle entraînerait une contribution supplémentaire du pays au budget européen. Cette éventualité, presque inéluctable, promet de nouveaux débats houleux au Parlement.

Mais en toile de fond, les entreprises et les citoyens restent dans l’incertitude. De plus, le risque d’un non-accord ou de tensions commerciales entre les deux entités reste bel et bien présent. Ceci continuera de coûter en consommation et en investissements. C’est un risque de plus dans le scénario de 2020.