Guy Ertz, chief investment advisor chez BNP Paribas Wealth Management. (Photo: BGL BNP Paribas)

Guy Ertz, chief investment advisor chez BNP Paribas Wealth Management. (Photo: BGL BNP Paribas)

Dans un monde en constante évolution, les investisseurs à la recherche de rendement doivent s’intéresser à plusieurs tendances de fond. Guy Ertz, chief investment advisor chez BNP Paribas Wealth Management, apporte son éclairage sur les secteurs à tenir à l’œil en 2024.

Depuis la fin 2021, l’univers des taux d’intérêt connaît un changement de paradigme radical. Les banques centrales ont renoncé à leur politique de taux zéro, tandis que les emprunts d’État ont enregistré leur plus forte hausse de rendement ainsi que leur plus forte baisse de prix depuis la fin des années 1970. Sous l’effet de la hausse des taux, l’inflation est aujourd’hui en diminution et les investisseurs découvrent un choix de plus en plus large d’opportunités pour générer des revenus intéressants.

«Au-delà de ces considérations globales, les investisseurs doivent être attentifs à certaines tendances de fond, explique Guy Ertz, chief investment advisor chez BNP Paribas Wealth Management. L’évolution de l’environnement nous oblige à revoir la façon dont nous construisons et diversifions nos portefeuilles. Les investisseurs doivent ainsi se demander quelles classes d’actifs peuvent réellement offrir une diversification supplémentaire pour élargir et optimiser leurs portefeuilles dans un monde en perpétuel mouvement.»

Le défi de la décarbonation

La dynamique autour de la transition énergétique continue de s’accélérer, amplifiée par les vagues de chaleur inédites enregistrées en différents points du globe en 2023. Les progrès insuffisants enregistrés jusqu’à présent pour atteindre les objectifs climatiques et l’importance accrue accordée à la sécurité énergétique obligent les gouvernements mondiaux à engager d’énormes ressources financières pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles. «Depuis les températures record de l’été 2023, le besoin urgent de décarboner l’économie mondiale s’est accéléré, constate Guy Ertz. La clé de la transition énergétique est l’électrification, qui nous permet de sortir progressivement de la dépendance aux combustibles fossiles. L’attractivité de l’économie, la prise de conscience de la société et les nombreuses initiatives de soutien des gouvernements devraient contribuer à encourager les lourds investissements initiaux nécessaires dans les infrastructures électriques, notamment dans la production, la transmission et le stockage de l’électricité.»

D’autre part, l’essor des véhicules électriques destinés à la logistique et au transport des personnes exige d’importants investissements de départ pour produire les matières premières nécessaires, puis pour les transformer en produits finis tels que les voitures, mais également les câbles et les panneaux solaires. «Dans ce contexte général, l’efficacité énergétique est aussi un axe majeur de cet effort de transition, car cela reste beaucoup moins cher d’économiser l’énergie que de la produire. C’est pourquoi nous recommandons une politique d’investissements multi-actifs: actions, obligations, infrastructures et matières premières», précise le chief investment advisor.

L’IA: une révolution accessible

La nécessité pour les investisseurs d’élargir le type d’actifs pour atteindre une véritable diversification doit les conduire à s’intéresser à l’intelligence artificielle. «La surperformance spectaculaire des sept méga-caps technologiques américaines, à savoir Amazon, Apple, Google, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla, depuis 2020 et encore en 2023, a entraîné une concentration des portefeuilles d’investissement mondiaux dans ces valeurs, phénomène qui n’a pas été observé depuis la bulle technologique de l’an 2000 et l’épisode des Nifty Fifty des années 1970. Dans les deux cas, les groupes de valeurs prisées qui ont fait l’objet de valorisations extrêmes avaient vu leur cours chuter au cours des années suivantes, entraînant des pertes importantes au sein des portefeuilles», explique le chief investment advisor. Pour notre expert, les investisseurs doivent accélérer la diversification des portefeuilles, potentiellement surexposés à ces sept géants technologiques américains. «Aux côtés de ces leaders de la révolution de l’intelligence artificielle générative, il est crucial de chercher à identifier les secteurs et les industries qui peuvent tirer d’énormes bénéfices des applications de l’IA.»

La clé de la transition énergétique est l’électrification, qui nous permet de sortir progressivement de la dépendance aux combustibles fossiles.
Guy Ertz, chief investment advisor, BNP Paribas Wealth Management

Guy Ertz, chief investment advisor, BNP Paribas Wealth Management

Démographie: la révolution du bien-être

«Le secteur de la santé a sous-performé en 2023 car l’attention s’est focalisée sur l’IA et les valeurs technologiques ‘Magnificent Seven’. Aujourd’hui, à mesure que l’économie ralentit, les possibilités de croissance et les caractéristiques défensives du secteur pourraient devenir plus attractives», souligne Guy Ertz. Selon les prévisions, la part de la population de plus de 60 ans doublera pour atteindre 2,1 milliards d’ici 2050. Par ailleurs, le nombre de cas d’obésité a presque triplé dans le monde depuis le milieu des années 70. Depuis la pandémie, dans un contexte de vieillissement de la population et d’augmentation des revenus, le bien-être est plus que jamais au centre des préoccupations des consommateurs, ainsi que l’allongement de l’espérance de vie «en bonne santé».

«L’IA peut réduire le coût de la mise au point de médicaments et stimuler l’innovation dans le secteur. Les enjeux autour d’une alimentation durable et saine, les technologies médicales, les traitements au service du bien-être et l’innovation dans les produits pharmaceutiques, y compris les traitements pour lutter contre le surpoids, vont provoquer une rupture majeure par rapport aux pratiques actuelles, créer de la volatilité et être une source importante d’opportunités», précise Guy Ertz.

Les principaux enjeux des années à venir sont liés à la réduction des émissions de CO2 et aux innovations liées à la santé. Dans ces deux domaines, les récents développements en matière de robotique et d’intelligence artificielle ouvrent de nouvelles perspectives. En effet, l’utilisation de l’intelligence artificielle va permettre d’accélérer le développement de nouveaux médicaments, notamment pour les maladies liées à l’obésité. Et les solutions liées à l’électrification et à l’efficacité énergétique offrent elles aussi un énorme potentiel.

Autres principales tendances

• L’impact des hausses de taux cumulées ne se fait pas encore pleinement sentir sur la croissance économique et l’inflation, surtout aux États-Unis. De plus, les banques centrales réaffirment leur volonté de conserver des taux élevés pendant une période prolongée, ce qui laisse entendre qu’elles ne baisseront pas les taux d’intérêt tant qu’elles ne seront pas convaincues que l’inflation enregistre un ralentissement significatif.

• Le mouvement de bascule observé de la globalisation au profit des intérêts nationaux va se poursuivre, ce qui pourrait entraîner des pénuries de matières premières et de biens. Ce changement a également pour effet de renforcer les relocalisations et les productions de proximité afin de consolider les chaînes d’approvisionnement, en particulier dans les secteurs stratégiques clés tels que les semi-conducteurs.

• Les modes de vie ont probablement changé de façon permanente après la pandémie de 2020: le travail à domicile ou le temps libre sont désormais mis sur un pied d’égalité avec le salaire et toute autre compensation financière. Cette situation a de profondes répercussions sur les modes de consommation ainsi que sur la demande de bureaux dans les grandes villes.

• Nouveaux traitements contre l’obésité: la lutte contre l’obésité avec la mise sur le marché de médicaments efficaces par Novo Nordisk et Eli Lilly pourrait être le principal progrès pour augmenter l’espérance de vie depuis les campagnes mondiales antitabac des années 70.

• Les géants de la tech ont consolidé leur position dominante sur les marchés d’actions internationaux, ce qui représente un risque de concentration croissant au sein de portefeuilles censés être diversifiés.

Cet article a été rédigé pour le supplément  de l’édition de  parue le 24 avril. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam. 

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