52% des citoyens russes possédaient une carte de paiement Mir à la fin de 2021. (Photo: Shutterstock)

52% des citoyens russes possédaient une carte de paiement Mir à la fin de 2021. (Photo: Shutterstock)

Mastercard, Visa et American Express ont annoncé la désactivation de leurs systèmes sur le marché russe.  Depuis 2014, le système national de paiement Mir a été développé dans la perspective de sanctions futures. Pour compenser sa faible couverture internationale, Mir s’est associé avec le système de paiement chinois UnionPay.

L’appel du président ukrainien Volodomyr Zelensky de ce samedi visant à isoler encore davantage et boycotter l’économie russe n’est pas resté sans réponse. Les systèmes de paiement Visa, Mastercard et American Express ont annoncé, dans la foulée, suspendre leurs opérations en Russie.

«Nous sommes obligés d’agir après l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie et les événements inacceptables dont nous avons été témoins», a déclaré Al Kelly, CEO de Visa Inc, ajoutant: «Nous regrettons l’impact que cela aura sur nos précieux collègues, et sur les clients, partenaires, commerçants et titulaires de cartes que nous servons en Russie. Cette guerre et la menace permanente à la paix et à la stabilité exigent que nous réagissions conformément à nos valeurs.»

Les cartes de paiement de Visa, Mastercard et American Express émises à l’étranger cesseront donc de fonctionner pour des achats en Russie, sans distinction que la transaction s’opère en physique chez le commerçant ou en ligne. Les cartes ne pourront également plus être utilisées aux distributeurs de billets en Russie. Les titulaires russes ne pourront, quant à eux, plus faire usage de leur carte en dehors de la Russie dès le 10 mars.

Une mesure relativisée

Selon nos confrères du journal Les Échos, le marché russe contribue à près de 4% des revenus nets de Visa et Mastercard, soit un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars chacun. En revanche, leurs cartes représentaient 74% des transactions de paiement en Russie en 2020.

Au regard des parts de marché des opérateurs américains, leur décision de se retirer du marché russe pourrait être lourde de conséquences aussi bien pour les consommateurs que pour les commerçants russes. Toutefois, le système national de paiements russe, Mir, a publié dimanche un communiqué de presse dans lequel il relativise: «Toutes les cartes de ces systèmes de paiement déjà émises par les banques russes continueront à fonctionner dans notre pays comme avant.»

Pour les paiements en dehors de la Russie, Mir indique: «Les clients pourront utiliser des espèces ou des cartes Mir dans les pays où elles ont déjà été acceptées – par exemple, en Turquie, au Vietnam, en Arménie, en Biélorussie, au Kazakhstan, au Kirghizistan et d’autres.»

Une mesure anticipée depuis 2014

La Russie avait déjà anticipé une éventuelle désactivation des systèmes de paiement internationaux, cela dès l’imposition des premières sanctions suivant l’annexion de la Crimée en 2014. C’est ainsi que le système Mir est devenu, par la suite, obligatoire pour le transfert des salaires des fonctionnaires de l’État russe, le paiement de leurs pensions et de leurs avantages sociaux.

D’une part, 52% des citoyens russes possédaient une carte Mir à la fin de 2021, selon les données publiées par Mir. D’autre part, sur la même année, Mir occupait 25% des parts de marché en Russie en termes de valeurs des transactions, selon le fournisseur de données GlobalData. Des chiffres qui sont en augmentation constante depuis le 24 février – date du début de l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes –, selon les chiffres publiés par le système de paiement russe sur son site web.

Les clients de VTB, l’une des principales banques de Russie, ont par exemple commandé 15% de cartes Mir de plus au cours de la semaine précédente que lors de celle d’avant. Deux autres banques, MKB et Gazprombank, ont quant à elles multiplié leurs émissions de cartes Mir, respectivement par deux et par cinq.

Une mesure compensée par la Chine

Bien que plus de 270 banques sont membres du système Mir, émettent ou acceptent ses cartes, seulement 23 sont des institutions bancaires étrangères. Dès lors, Mir s’est associé avec son homologue chinois UnionPay afin de compenser sa faible couverture internationale. «Pour payer des achats et retirer de l’argent à l’étranger, vous pouvez obtenir une carte co-badgée Mir-UnionPay, qui sera acceptée à la fois en Russie et dans 180 pays qui soutiennent le travail avec Union Pay», peut-on lire dans le dernier communiqué de presse publié par Mir.

Comme rapporté le 21 janvier par l’agence de presse russe TASS, les clients de la Russian Standard Bank peuvent désormais transférer de l’argent sur les cartes du système de paiement chinois UnionPay. À l’heure actuelle, UnionPay rend ses services accessibles aux clients de six banques russes. Un chiffre qui pourrait encore s’accroitre. En effet, Sberbank – la plus grande banque de Russie – et Tinkoff Bank ont annoncé vouloir rejoindre le réseau d’UnionPay.

Déjà bien présente en Russie, UnionPay possède un bureau à Moscou pour ses opérations couvrant le marché russe.

Les cartes d’UnionPay fonctionnent dans 180 pays. En Europe, la société possède un bureau de représentation à Paris. Ses services sont d’ailleurs accessibles en Europe via la banque CITI Europe. Plus particulièrement, UnionPay a débuté ses opérations au Luxembourg à la suite d’un voyage de l’ancien ministre des Finances luxembourgeois, (DP), à Shanghai en octobre 2017. À l’époque, UnionPay n’était encore accepté que dans 162 pays.