Les plaques de plexiglas se font de plus en plus rares avec la reprise économique. Certaines entreprises ont profité de la demande pour réorienter leur offre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les plaques de plexiglas se font de plus en plus rares avec la reprise économique. Certaines entreprises ont profité de la demande pour réorienter leur offre. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les fournisseurs de plexiglas croulent sous les commandes avec la reprise de l’activité dans différents secteurs. La plupart craignent de manquer de ressources pour répondre à la nouvelle vague prévue avec la réouverture des restaurants.

À la caisse des boutiques, entre les bureaux dans les entreprises, et peut-être … Les plaques en plexiglas sont désormais l’un des symboles et éléments caractéristiques de l’époque actuelle. Et de la lutte contre la propagation du coronavirus.

Si bien que les stocks commencent à se tarir. En témoigne le grossiste en matériaux DHK Luxembourg. «Le téléphone n’arrête pas de sonner», rapporte Vincent Bodson, commercial. L’entreprise connaît des ruptures de stock sur le plexiglas depuis fin mars. «Nous avons du mal à nous réapprovisionner». Il ne s’attend pas à en recevoir avant mi-juin.

«Les gens sont même prêts à m’acheter des chutes de plexi, mais je n’en ai plus», s’alarme Vincent Bodson dont les fournisseurs viennent surtout d’Allemagne et d’Angleterre. Malgré une demande qui a plus que doublé depuis la reprise de l’activité économique, le commercial assure ne pas avoir augmenté ses prix affichés à 36 euros le mètre carré. Une activité qui ne suffit cependant pas à compenser la baisse de chiffre d’affaires de l’entreprise, de 46% en mars et de 15% en avril.

Par vagues

Même constat dans les magasins de bricolage. Bâtiself à Foetz constate une «énorme demande». «Elle a doublé», calcule Ismaël Roiz, du rayon construction. La palette de 30 plaques reçue vendredi dernier s’est déjà écoulée. Une nouvelle devrait arriver jeudi ou la semaine prochaine.

«Dès que nous en recevons, deux jours plus tard, nous n’en avons plus», rapporte-t-il. Ici, il faut compter 68 euros pour une plaque de deux mètres sur un et de 5mm d’épaisseur, la plus vendue. L’entreprise propose trois tailles différentes et essaie d’en commander dix de chaque toutes les semaines. Ses fournisseurs viennent principalement d’Allemagne.

«On est en rupture de stock constante, on reçoit au compte-goutte», appuie Sébastien Reuland, directeur menuiserie chez Hoffmann’s, autre enseigne, avec Batiself, du groupe CWA. Les ventes de plexiglas ont été multipliées par quatre. Il ne lui reste qu’une dizaine de panneaux de 3mm d’épaisseur en rayon et il n’a aucune idée de la date de la prochaine livraison. «Les fournisseurs ne nous donnent plus de garantie sur les délais», se plaint-il. Là non plus, pas d’augmentation de prix selon lui. Le panneau de 3mm d’épaisseur de 3 mètres sur 2, «le plus demandé», coûte 250 euros.

«Nous recevons 20 appels par jour pour du plexi. La demande est venue par vagues à chaque reprise d’activité à partir du 20 avril. Nous n’avons pas encore eu le boom des restaurateurs. Je crains un manque d’approvisionnement quand il arrivera», s’inquiète Sébastien Reuland.

700 plaques vendues en deux mois

Un créneau porteur pour les entreprises de mobilier de bureau. Comme M2B, qui s’est mise à la vente de séparations en plexiglas depuis mars. «La demande est extrêmement forte. En deux mois, nous avons vendu plus de 700 plaques», calcule Tania Henriques, fondatrice de la société.

Pour éviter les ruptures de stock, elle travaille avec plusieurs fournisseurs, tous installés en France. La plupart de la demande concerne des bureaux d’entreprises, mais commerçants et restaurateurs comptent aussi parmi leurs clients.

La plus demandée ici: la plaque de 700x900mm à 109 euros. «Nos clients souhaitent aussi des séparations avec un rebord, parce qu’ils ont remarqué que certains salariés indisciplinés se parlaient sur le côté de la vitre», s’étonne-t-elle. De même, ils ont mis en place des plaques avec des trous pour la prise de température des employés d’Amazon. M2B se félicite de ses délais: elle réussit à livrer ses clients en moins de trois jours.

Même si elle remarque une augmentation de 20% du prix du plexiglas, elle affirme ne pas avoir modifié les siens. Après s’être spécialisée sur les équipements de protection pendant la crise, l’entreprise de mobilier de bureaux pense tripler son chiffre d’affaires en 2020 grâce aux solutions déployées pour répondre aux nouveaux besoins engendrés par la crise.

Mais toutes les entreprises n’ont pas autant de succès. «La demande est légèrement plus forte, peut-être de 1 ou 2%», constate une autre entreprise de mobilier de bureau luxembourgeoise, qui souhaite rester anonyme. «Nous avons des articles assez chers, mais de qualité, et nous nous adressons surtout aux entreprises administratives», dit-elle. Comptez 270 euros pour une plaque de 1,20m sur 8 avec fixation. La société ne reçoit pas les demandes de commerçants ou d’artisans. Elle travaille sur commande et ne rencontre pas de difficulté à s’approvisionner pour le moment.