Au Kirchberg: des rayons qui ont été pris d’assaut par les clients. (Photo: Paperjam)

Au Kirchberg: des rayons qui ont été pris d’assaut par les clients. (Photo: Paperjam)

Attente interminable à la caisse, rayons vides, chariots pleins… Les clients ont dévalisé les grandes surfaces après la mise en place de mesures par le gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19. La raison de cette panique? Une pénurie d’informations, selon le sociologue Louis Chauvel.

Au Kirchberg, Auchan était vendredi matin: chariots remplis de pâtes, de papier toilette, de sacs de riz de 20 kilos, de packs d’eau… Les clients font des stocks. Seul secteur boudé: le textile, qui était pourtant mis en avant avec une opération spéciale cette semaine.

Les rayons les plus prisés: pâtes, farine, sucre, eau minérale, alimentation pour bébé et papier toilette. Les clients se sont même rabattus sur les mouchoirs et l’essuie-tout par défaut… Une employée remarque que les rayons d’alimentation pour animaux commencent également à se vider. Des agents de sécurité ont même dû être placés au rayon pâtes en début de journée pour arrêter les bousculades.

Prophétie auto-réalisatrice

Une réaction extrême? Pas tant que cela, selon le sociologue Louis Chauvel, professeur à l’Université du Luxembourg. «Il existe des paniques rationnelles, ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est un fait social réel. Se donner un stockage responsable de quelques semaines n’est pas totalement farfelu», analyse-t-il. «Les consommateurs veulent savoir où en sont les stocks, s’il y en a assez pour une semaine, un mois ou trois mois. Dans le doute, ils se disent qu’il vaut mieux stocker.»

La pénurie se trouverait donc surtout du côté de l’information. «La population réagit moins à une situation de panique qu’au fait que les autorités partent d’un discours rassurant à une prise de décisions en dissonance avec ce dernier qu’elles tenaient seulement quelques jours auparavant», explique-t-il.

S’ajoute à cela l’effet de «prophétie auto-réalisatrice»: on dit que le papier toilette va se faire rare, donc tout le monde en achète et il devient rare.

«Nous avons une société moins préparée, peu habituée au zéro stock», ajoute-t-il, en comparaison avec les générations précédentes qui avaient l’habitude de se préparer aux mois les plus difficiles. Il termine sur une note positive: «Si nous voulons nous rassurer, nous pouvons nous dire que la Chine ne se retrouve pas en rupture complète de la chaîne alimentaire.»

Les magasins rassurent

D'où le mot d’ordre des grandes surfaces: rester calme. Elles s’efforcent de rassurer la clientèle.

«La production suit», affirme Delhaize Luxembourg. «Nous demandons aux gens de ne pas paniquer, nous avons ce qu’il faut. C’est juste l’approvisionnement des rayons qui prend du temps.» L’enseigne avait déjà connu une hausse de . Elle ne connaît pas encore les chiffres exacts des derniers jours, mais estime que ce taux a encore augmenté: «Hier, c’était même plus qu’un jour avant Noël. C’est exceptionnel, nous n’avons jamais vu cela.»

Chez Auchan Luxembourg, «nous avons eu un pic extrême d’affluence, ce que nous avions en magasin n’a pas suffi, mais nous avons multiplié les commandes». Les magasins s’approvisionnent chaque jour et ne disposent pas de stock à long terme, mais affirment être «en mesure d’assurer le réapprovisionnement dans la limite d’une consommation respectueuse et raisonnée». 

Cactus confirme de son côté une affluence importante depuis jeudi et des ruptures ponctuelles sur certains articles. «Nous disposons d’un approvisionnement performant avec des circuits courts depuis nos trois dépôts à Windhof, Capellen et Bertrange qui nous permettront d’adapter notre approvisionnement en conséquence et d’augmenter la fréquence de livraison si nécessaire», déclare l’entreprise, sans donner de chiffres. Suffisant pour rassurer les clients?