Jean-Paul Olinger: «Notre rôle est d’agir comme défenseur de la RSE au Luxembourg, de promouvoir l’écosystème ­existant, d’assurer une veille sur les connaissances en la matière et de réunir les principaux acteurs de la RSE.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Jean-Paul Olinger: «Notre rôle est d’agir comme défenseur de la RSE au Luxembourg, de promouvoir l’écosystème ­existant, d’assurer une veille sur les connaissances en la matière et de réunir les principaux acteurs de la RSE.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Depuis 14 ans, l’Institut national pour le ­développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR) travaille à la ­promotion de la responsabilité sociale des entreprises et à son ­intégration au cœur des sociétés et organisations luxembourgeoises. ­Entretien avec Jean-Paul Olinger, son directeur.

L’INDR a été créé en 2007. À quels enjeux l’institut souhaitait-il répondre à ses débuts?

Jean-Paul Olinger. – «L’INDR a été fondé sur une initiative, à l’époque visionnaire, de la Confédération luxembourgeoise du commerce, sous la présidence d’Erny Lamborelle, et de l’Union des entreprises luxembourgeoises, sous la présidence de , afin de sensibiliser les entreprises au développement durable à travers la RSE. La volonté était de mieux faire connaître le sujet, de le ­promouvoir, d’encourager les entreprises à ­s’impliquer dans cette initiative et de les accompagner pas à pas dans cette voie.

Aujourd’hui, quelles sont les missions de l’INDR?

«Notre principale ambition est toujours restée la même: guider les entreprises du pays dans l’adoption d’une stratégie de RSE afin de ­contribuer au développement durable. Cette démarche commence par la sensibilisation aux différentes ­thématiques inhérentes à la RSE. Pour ce faire, nous organisons régulièrement des événements et des formations sur ces sujets. Nous publions ­également notre Guide ESR, à destination des ­entreprises. Ce document répertorie, de manière didactique, les bonnes pratiques existantes en matière de RSE, tant en ce qui concerne la bonne gouvernance que les aspects environnementaux et sociaux.

Parallèlement, nous avons développé un programme d’accompagnement complet à destination des entreprises pour qu’elles puissent se positionner sur la RSE. Elles ont tout d’abord la possibilité de s’auto-évaluer, en mesurant leur performance ESG (environnementale, sociale et de gouvernance). Puis, nous les aidons à identifier les actions prioritaires qu’elles peuvent mettre en œuvre au sein de leur organisation, à les déployer et à en contrôler l’impact. Elles peuvent ensuite, si elles le désirent, s’engager dans le processus de labellisation ESR – ­Entreprise responsable. L’INDR accorde le label ESR aux entreprises afin de valoriser leur contribution au développement durable.

De plus, en tant qu’acteur institutionnel, notre rôle est d’agir comme défenseur de la RSE au Luxembourg, de promouvoir l’écosystème ­existant, d’assurer une veille sur les connaissances en la matière et de réunir les principaux acteurs de la RSE.

En quoi est-ce essentiel pour une entreprise, quel que soit son secteur d’activité, quelle que soit sa taille, de s’impliquer dans la RSE?

«Les attentes de la société dans son ensemble – clients, partenaires, collaborateurs, actionnaires, etc. – envers les entreprises, envers leur responsabilité sociale, environnementale et de gouvernance ont fortement évolué ces dernières années. Il y a cette volonté qu’une entreprise crée de la valeur ajoutée et la partage avec toutes les parties prenantes. Par exemple, toute société se doit de réduire ses effets négatifs sur l’environ­nement. De la même manière, les nouvelles générations accordent beaucoup plus d’importance à la raison d’être et aux valeurs de l’entreprise pour laquelle elles travaillent. Intégrer la RSE dans la stratégie de sa société, ce n’est donc plus seulement un nice-to-have, mais un must-have. C’est un impératif pour continuer à gagner la confiance de ses investisseurs et de ses clients, pour attirer des talents, pour ­renforcer sa compétitivité et son image.

Comment la RSE est-elle intégrée par les ­entreprises au Luxembourg? Sont-elles conscientes de son importance?

«Ces dernières années, la prise de conscience s’est accélérée, et le niveau de maturité des entreprises a augmenté. Le travail de l’INDR, mais également des deux chambres professionnelles, ainsi que celui de certains acteurs privés, porte ses fruits.

Au cours de ces 14 dernières années, grâce à l’INDR, quelque 1.300 entreprises ont été sensibilisées à la RSE, et environ 150 personnes ont été formées annuellement. 54 entreprises ont obtenu ou renouvelé leur label ESR en 2020, ­portant le nombre total d’entreprises disposant de ce ­dernier à près de 200. Ensemble, elles représentent environ 50.000 salariés au Luxembourg, soit plus de 10% de la masse salariale du pays. Depuis le début de cette année, ce sont 13 entreprises qui ont obtenu leur label, et 30 sont actuellement en cours de vérification.

À quoi être attentif, en tant qu’entreprise, lorsque l’on met en œuvre une stratégie de RSE?

«La bonne compréhension du sujet est importante, aussi pour éviter des malentendus par rapport au greenwashing. C’est à chaque entreprise de définir une stratégie RSE qui fasse sens par rapport à son cas individuel et de la mettre en place de manière sérieuse. Il est donc essentiel de se poser les bonnes questions quant aux thématiques stratégiques sur lesquelles se positionner, et de travailler dans le cadre de son activité, de son organisation et des enjeux auxquels on est confronté.

Aussi, et bien que cela soit déjà un bon point, il est important de ne pas juste se focaliser sur un ou deux éléments isolés, mais d’avoir une vue plus holistique de la RSE, pour véritablement intégrer le sujet à la stratégie globale de la société.

Quels sont les grands projets de l’INDR pour les mois et années à venir?

«Nous souhaitons continuer à grandir, en étant encore plus présents sur le sujet de la RSE au niveau institutionnel, en prenant part aux discus­sions politiques. Nous cherchons ­également à travailler de manière de plus en plus intégrée avec les chambres professionnelles, afin d’être encore plus proches des entreprises, de continuer à les sensibiliser et de les convaincre de se lancer dans la RSE, jusqu’à la labellisation. Par ailleurs, nous avons la volonté de nous associer à des insti­tutions similaires en Europe, pour échanger nos bonnes pratiques et sensibiliser plus d’entreprises à la RSE, notamment à travers la création d’un label européen. Une véritable boîte à outils est en train d’être développée.»

Cet article a été rédigé pour  parue le 24 juin 2021.

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