Trois ans après , le rythme et l’ampleur des travaux en cours à la Rout Lëns se mesurent actuellement par les terrassements réalisés afin de dépolluer les parcelles qui le nécessitent, et de permettre les travaux de viabilisation début 2023.
Trois ans après avoir dévoilé sa vision pour l’ancien site sidérurgique de 10,5 hectares situé à la frontière avec la France, à savoir la réalisation d’un nouveau quartier durable et innovant à Esch-sur-Alzette, le développeur Iko Real Estate voit dans la cadence du chantier le reflet d’une convergence des volontés autour de ce laboratoire urbanistique.
«La clé de la bonne suite des travaux tient dans le respect avec lequel nous considérons toutes les parties prenantes», résume , managing director d’Iko Real Estate. «Nous voulons tenir compte des souhaits de chacun, de l’État à la commune sans oublier le voisinage. Ce type de projet, qui se veut résolument innovant, ne peut fonctionner qu’en créant des alliances, en dialoguant et en communiquant en permanence.»
C’est dans cette optique qu’a été lancée, le 16 juillet dernier, la première édition de Summer Rout Lëns, une série d’animations qui se déroulent à l’entrée du site jusqu’au 11 septembre prochain, autour d’une terrasse éphémère ouverte au grand public.
En chiffres, ce quartier à usage mixte sera d’abord consacré à du logement réparti sur 130.000m2 (81% de la surface constructible) soit 1.400 logements dont la commercialisation débutera l’an prochain. 30% des 3.000 futurs habitants occuperont des logements sociaux, Rout Lëns figurant parmi les 20 zones prioritaires du plan directeur sectoriel logement (PSL), un des quatre documents-cadres formalisés par le ministère de l’Aménagement du territoire en vue d’harmoniser cette problématique à l’échelle nationale. S’ajoutent au logement les PSL zones économiques, les transports et les paysages.
10.000m2 d’équipements publics (dont une école et une recyclerie), 10.000m2 de bureaux et 3.500m2 de commerces de proximité orientés vers les occupants des lieux compléteront l’ensemble.
Quant à son allure, le quartier sera marqué par rappelant les cheminées de l’usine ArcelorMittal d’autrefois et faisant écho au quartier de Belval, lui aussi reconverti.
L’emplacement des tours a été choisi pour éviter d’éventuels désagréments visuels. (Source: Iko Real Estate)
Un passé industriel qui est pleinement assumé via la renaissance de cinq anciens bâtiments: le Magasin TT, la Halle des turbines, la Halle des soufflantes, les Portiques et le Poste d’aiguillage. L’allée centrale du site sera par ailleurs dénommée «allée de la Culture industrielle», à parcourir en mobilité douce.
Maîtriser les coûts d’exploitation… et l’empreinte carbone
Outre la préparation de la viabilisation du site, les équipes d’Iko Real Estate et leurs partenaires continuent d’affiner les réflexions quant aux technologies qui seront utilisées dans le quartier, de façon pragmatique. Le tout en collaborant avec les instituts de recherche et l’Université.
Le chauffage et le refroidissement reposeront ainsi sur un réseau interconnecté de sources de chaleur grâce à la géothermie (entre 350 et 400 forages sont prévus pour aller chercher l’énergie dans le sol), la récupération de chaleur au niveau des eaux usées ainsi que le solaire.
Nous savions que le changement climatique allait venir.
Des choix qui éviteront de recourir au gaz alors que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le plan de l’approvisionnement en gaz russe ont accéléré les réflexions sur une transition énergétique que d’aucuns avaient déjà anticipée.
«Nous savions que le changement climatique allait venir, nous savions que nous devrions réduire notre impact CO2. Les choix que nous avons effectués résultent simplement d’une lecture des mégatendances et d’une décision d’investir en fonction de celles-ci», résume Éric Lux. Des choix qui s’étudient ou se conçoivent au quotidien via une direction de l’innovation en interne et des retours en provenance de sociétés proptech sur lesquelles le groupe Iko mise au travers de fonds de venture capital dans lequel il est actif.
Le développeur s’inspire aussi des retours d’expérience sur ses autres chantiers, une quinzaine étant en route à des degrés divers comme où des compteurs connectés seront installés pour, par la suite, effectuer du «coaching énergétique» auprès des résidents.
Lire aussi
«La maîtrise des charges d’exploitation est un enjeu dans le cadre de l’augmentation globale du coût du logement», déclare Sandra Huber, d’Iko Real Estate. «Cette maîtrise participe donc aux critères de choix des futurs acquéreurs. D’où notre volonté de nous appuyer sur des technologies qui apportent à la fois du confort aux usagers tout en diminuant les coûts et l’impact CO2.»
Carte de visite du développeur quant à sa volonté d’inscrire la durabilité dans son ADN et de repenser l’impact du secteur immobilier sur son environnement, l’enjeu économique d’un ensemble comme Rout Lëns s’apprécie à la hauteur du montant de l’investissement global évoqué: un milliard d’euros.
Nous allons lancer un plan de compensation des émissions de CO 2 restantes sur le plan local.
«La réussite globale de ce projet se mesurera à l’aune de la valeur sociétale qu’il permettra de créer», ajoute Sandra Huber. Et de citer «l’urban farming» qui verra le jour sans apporter de bénéfice économique, mais dans l’idée de créer du lien social. Quant au choix des matériaux ou de la conception des espaces verts, ils sont également opérés de façon pragmatique, en fonction de l’impact CO2, de la faisabilité et de leur futur entretien.
«Notre parti pris est d’abord de réduire au maximum nos émissions de CO2 et d’agir sur les émissions que nous ne pouvons pas réduire en les compensant sur le plan local avec un plan concret qui sera annoncé ultérieurement», précise Sandra Huber.
Optimiser le logement, repenser le métier
À l’image de la réutilisation d’éléments issus de la démolition de bâtiments pour élaborer les sous-couches des voiries ou d’un parking en surface démontable au besoin, le quartier reflète aussi la remise en question d’un métier, celui de développeur immobilier.
«Le métier a changé et il faut rester dans l’ère du temps», note Éric Lux. «Nous nous plaçons dans une optique de recherche de l’amélioration constante sur base de la technologie, des idées et du retour d’expérience. La manière participative dont nous abordons Rout Lëns nous permet d’être ‘challengés’ encore plus loin. Ce type de projet représente aussi une source de satisfaction pour nos employés actuels et pour attirer de nouvelles compétences.»
D’ici 2025, les premiers logements devraient être livrés dans le quartier qui sortira des Terres Rouges à la bordure de la frontière avec la France. De l’optimisation des relations avec les parties prenantes pour produire des unités d’habitation relativement rapidement à l’utilisation prioritaire des zones constructibles ou à reconvertir, le chantier Rout Lëns concentre à lui seul deux leviers utiles pour répondre au déficit d’offre en logements.
Le master plan de la Rout Lëns a été dessiné par Reichen et Robert & Associés. (Source: IKO Real Estate)