Rothschild & Co va proposer à ses actionnaires une prime de 34% pour leur racheter leurs titres et pouvoir quitter la bourse. (Photo: Shutterstock)

Rothschild & Co va proposer à ses actionnaires une prime de 34% pour leur racheter leurs titres et pouvoir quitter la bourse. (Photo: Shutterstock)

La banque d’affaires, à ne pas confondre avec Edmond de Rothschild, société distincte, a quitté la bourse. Une stratégie qui connaît de plus en plus de succès. Notamment chez les entreprises familiales jouant le long terme. Un jeu peu apprécié par certains actionnaires.

S’ils partagent le nom de Rothschild, il ne faut pas  Mais des similitudes existent. À l’instar du groupe Edmond de Rothschild qui a il y a maintenant trois ans, Rothschild & Co a décidé de faire de même.

Rothschild & Co, la banque d’affaires ressuscitée en 1982 sur les décombres de la société Paris Orléans par Alexandre et David de Rothschild a annoncé renoncer à sa cotation boursière. Le but est de maintenir le caractère familial de l’entreprise et se protéger de toute tentative de prise de pouvoir «hostile». Pour mener à bien le retrait, ils se sont appuyés sur d’autres grandes familles du capitalisme européen – les Dassault, les Peugeot, les Wertheimer (propriétaires de Chanel) et les Giuliani – ainsi que sur des alliées historiques – les familles Maurel, Dassault – et d’autres branches des Rothschild – ainsi que de plus d’une centaine de partners. Toutes ces parties prenantes sont liées par un pacte de huit ans, «sans promesse d’achat ou de vente à l’issue».

Pour convaincre les actionnaires non conviés à leur céder leurs parts, ils vont leur offrir 48 euros par actions, soit une prime de 34% sur les 120 derniers jours de Bourse. Sur cette valeur, 1,25 milliard d’euros vont être financés par ressources propres par les Rothschild et le solde par endettement. Concordia, le holding des branches française (à 95%) et anglaise des Rothschild, qui détient aujourd’hui 38,9% du capital de la banque en détiendra seul le contrôle à l’issue de l’OPA.

Rothschild & co compte sur cet environnement privé pour accélérer sa croissance.

Quitter la bourse, une stratégie qui se développe

Elle n’est pas la première entreprise à quitter la bourse pour mieux se développer. Au début des années 2000, les sorties de cotation étaient considérées comme une punition des marchés financiers ou un signe de mauvaise santé de l’entreprise. Depuis, les crises financières se succédant, c’est devenu une véritable stratégie.

Pour les tenants d’une telle stratégie, l’intérêt premier est de reprendre le contrôle des opérations et d’échapper à la pression des actionnaires qui sont généralement plus intéressés par les résultats à court terme, synonyme de dividendes, que par le développement à long terme d’une entreprise. Beaucoup estiment que la pression des marchés sous-valorise les entreprises et empêche les investissements à long terme synonyme de baisse des profits et donc des dividendes aujourd’hui. Un «mauvais signal» pour les actionnaires qui risque d’entraîner une baisse des cours.

Se retirer de la cote permet également de s’affranchir des contraintes administratives liées à la cotation sur les marchés (publication des comptes, respect des règles de la plateforme de trading, vulnérabilité aux soubresauts du marché, impact de la réputation sur le cours de l’action, pression des actionnaires sur la stratégie de l’entreprise pour citer les principales).

La sortie n’est pas accessible à toutes les entreprises. Seules celles bénéficiant d’une capitalisation et d’une notoriété suffisante peuvent sauter ce pas.

Le revers de la médaille, c’est que le retrait coûte cher – on l’a vu avec la prime de 34% proposée aux actionnaires –. Ce coût est financé par de la dette, ce qui pèse sur les comptes. Fin octobre 2022, les primes moyennes depuis le début de l’année étaient de 45% pour les entreprises européennes et 42% pour les entreprises américaines.

Ensuite, lever des fonds pour financer sa croissance peut théoriquement devenir plus compliqué. Mais cette difficulté devient théorique à un moment où le private equity se développe fortement et dispose d’importants capitaux à investir. Mais trouver des investisseurs privés reste plus compliqué que trouver des actionnaires via une augmentation de capital.