En avril prochain, (LSAP) fêtera ses 60 ans. C’est-à-dire l’âge moyen de la retraite au Luxembourg. C’est également l’âge que le ténor socialiste a donc choisi pour tirer, lui aussi, sa révérence sur le plan politique, En bon ministre de la Sécurité sociale qu’il est depuis 2013, il profitera ainsi d’une retraite anticipée après avoir cotisé 41 années.
Une suite logique pour celui qui avait déjà annoncé avant les dernières élections législatives qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en 2023. Qui plus est, «ma santé ne s’est pas améliorée», comme il l’expliquait lui-même au moment de commenter son départ.
Un rêve de gosse
Il va ainsi mettre fin à une carrière politique de 27 ans, débutée en 1994 dans l’opposition en tant que conseiller communal dans son fief de Wiltz. Une expérience formatrice, selon ses dires, pour celui qui était alors fonctionnaire auprès de l’Administration de l’emploi (Adem). Formatrice, comme l’a été, par la suite, la période de 2000 à 2009 qu’il a passée en tant que bourgmestre de sa ville.
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Il faut dire que c’était là en quelque sorte un rêve d’enfant qui devenait réalité pour celui qui est né dans une famille modeste. «Mon père travaillait à la Brasserie Simon, à Wiltz. Son salaire n’avait rien de mirobolant, même s’il suffisait pour vivre et faire des études. Une situation qui m’a sans doute poussé à penser assez tôt à m’engager sur la voie politique. Dans mon souvenir, à 12 ou 13 ans, je lisais déjà le bulletin communal et le compte-rendu des conseils», sourit-il, les yeux un rien embués.
Un «type sympa, proche des gens»
Ceux qui le connaissent savent que ce n’est pas du «chiqué». D’ailleurs, la remarque qui revient le plus souvent quand on évoque Romain Schneider avec ceux qui le connaissent bien, c’est qu’il est dans la vie politique comme dans la vie privée: ce «type sympa, vraiment proche des gens». «Il n’a jamais eu à se forcer. Il est vraiment comme ça et n’a pas changé avec les responsabilités et la reconnaissance», glisse un proche.
On comprend ainsi mieux pourquoi il s’était dit touché par certaines attaques et commentaires suite à la réforme de l’assurance-dépendance qu’il avait menée en 2016 et 2017. Un moment compliqué, peut-être le plus compliqué des 12 dernières années passées au sein du gouvernement.
À l’Agriculture après 30 ans de CSV
Une aventure commencée après les élections législatives de 2009. Tête de liste LSAP dans la plus grande des circonscriptions, celle du Nord, celui qui était alors secrétaire général du parti, et député depuis 2004, avait réussi à dépasser les 10.000 voix. Parvenant à fortifier la présence socialiste dans cette circonscription. Héritant donc, dans la foulée, au sein du gouvernement de coalition CSV-LSAP Juncker-Asselborn II, d’une triple casquette: ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, ministre des Sports et ministre délégué à l’Économie solidaire.

En visite sur le chantier du Stade de Luxembourg. C’est lors de son mandat au ministère des Sports que l’effort décisif avait été effectué pour sa construction. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)
Au même titre que la Sécurité sociale (dont il est le titulaire depuis 2013), l’Agriculture et les Sports resteront les matières auxquelles on l’associera. La première étant un domaine essentiel dans une région rurale comme l’est la circonscription du Nord, dont il est l’élu. Mais ce fut surtout un sacré défi pour le Wiltzois, ce dernier ayant été, en 2009, le premier ministre non CSV à obtenir ce ministère en près de 30 ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela avait fait grincer quelques dents dans les rangs des agriculteurs, beaucoup de ceux-ci se considérant alors un peu «trahis» par Jean-Claude Juncker, le Premier ministre. Ce dernier se sentant même obligé de déclarer alors que le CSV «restait le parti de l’agriculture».
Schneider, lui, demeura quatre ans en poste, poussant notamment pour la promotion du bio, avant de passer le relais, sans vraiment en avoir fait la demande. Puis de revenir aux affaires après les élections de 2018, faisant notamment parler de lui lors de la crise de la peste porcine africaine qui avait frappé le Luxembourg belge.
Le sport dans le sang
Mais s’il y a un ministère qui a véritablement collé à la peau du nordiste, c’est celui des Sports. S’il apprécie celui-ci, ce n’est pas seulement parce qu’il permet de distribuer régulièrement pas mal de subsides à droite à gauche à travers le pays. Lui-même s’est ainsi souvent défini comme «provenant du sérail». Rappelant qu’il a été footballeur au sein du FC Wiltz 71, un grand nom du ballon rond luxembourgeois. Un club dont il a aussi occupé la présidence et dont on dit qu’il ne manque quasiment jamais une rencontre à domicile.
Il se souviendra aussi sûrement longtemps de ce jour de mai 2012 où, au Casino de Mondorf, il était accompagné de Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, et de l’ancien champion Bernard Hinault pour célébrer le cycliste Andy Schleck. Et lui attribuer le maillot jaune final d’un Tour de France 2010 où il avait fini deuxième, à Paris, deux ans plus tôt. Devancé par l’Espagnol Alberto Contador, convaincu par la suite de dopage.
Et si on dit que Romain Schneider laissa, la mort dans l’âme, ce ministère des Sports à son collègue du LSAP, , en 2018, on retiendra que c’est sous son mandat que l’effort décisif avait été effectué pour la construction du Stade de Luxembourg. Un monument pour l’histoire.