Arrivé en avril 2015, Robert Goebbels a quitté la présidence du conseil d’administration du Freeport en mars. (Photo: Edouard Olszewski / Archives Paperjam)

Arrivé en avril 2015, Robert Goebbels a quitté la présidence du conseil d’administration du Freeport en mars. (Photo: Edouard Olszewski / Archives Paperjam)

Info Paperjam. Le président du conseil d’administration du Freeport, Robert Goebbels, a démissionné début mars et le CEO, Philippe Dauvergne, s’interroge. Nouvel épisode dans la saga de cette infrastructure lancée par Yves Bouvier, en procès au sujet de son autre Freeport, à Singapour.

Le 2 mars, , 74 ans, a prévenu The Luxembourg Freeport Management Company qu’il démissionnait de la présidence du conseil d’administration et de sa position d’administrateur. L’ancien ministre de l’Économie (LSAP) et ancien député européen était entré au sein du conseil d’administration en avril 2015, au moment où Yves Bouvier avait souhaité disposer de davantage de temps pour se défendre contre les accusations de Dmitry Rybolovlev, notamment président du club de football de Monaco.

«Robert est un bon copain. Son départ le regarde. Je n’ai pas d’autre commentaire à faire», explique calmement le CEO du Freeport, , joint par Paperjam ce lundi matin. «Il est là depuis quelques années, je pense qu’il a fait le tour!»


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Le CEO lui-même ne donne pas cher de son avenir à la tête de cette zone franche. «J’attends des signes de bonne volonté de l’actionnariat. Depuis mon arrivée, en janvier 2017, j’ai redressé pas mal de choses. Un CEO n’a pas vocation à rester à son poste pendant des années. Moi, je suis déjà au Luxembourg depuis 12 ans, le Freeport restera un bon souvenir et je suis président du conseil de surveillance d’une société active dans le domaine de la recherche anticancer. Je pourrais m’imaginer repartir en Normandie et m’occuper de projets qui sont porteurs d’un intérêt commun…»

En 2018, la situation financière du Freeport avait continué à se dégrader: 1,6 million de pertes s’ajoutait aux 6 millions d’euros déjà perdus depuis le début de cette aventure. Sans compter 12 millions d’euros de dettes envers «l’autre Freeport», The Luxembourg Freeport Real Estate (LFRE), qui gère l’infrastructure elle-même. Ces 12 millions d’euros correspondent, dit le dernier bilan annuel disponible, aux loyers depuis 2015. Le LFRE a lui-même près de 30 millions de crédits bancaires (BIL, BCEE, Banque de Luxembourg et Banque Raiffeisen).

«Les comptes de 2019 ne sont pas encore prêts», dit encore M. Dauvergne, qui cumule donc les deux tâches, «mais cela devrait rester dans ces eaux-là».

Bouvier de nouveau devant la justice

Ce lundi, on apprenait aussi que le marchand d’art à l’origine des ports francs, Yves Bouvier, avait introduit une plainte devant la justice de Singapour, où il réside. Selon ses avocats, le Freeport devait être vendu à des hommes d’affaires pour près de 60 millions de dollars américains, qui ont déjà décalé quatre fois la finalisation de ce contrat depuis octobre dernier.

«Nous nions vigoureusement ces fausses allégations», a déclaré le directeur de Tayrona Pacific Star, Jaime Ordonez, dans une réponse par courrier électronique à Bloomberg, s’exprimant au nom de ses associés et de leurs entreprises. «Les accusés dans cette affaire ne sont même pas parvenus à un quelconque accord pour acheter le Freeport», a déclaré le Colombien résidant à Singapour, tout en refusant de commenter davantage, l’affaire étant devant le tribunal.

 À 60 millions de dollars, les investisseurs de départ dans cette infrastructure perdaient déjà une dizaine de millions de dollars, .