Andrea Siviero table sur une inflation modérée à court terme. (Photo: Ethenea)

Andrea Siviero table sur une inflation modérée à court terme. (Photo: Ethenea)

Pour Andrea Siviero, investment strategist chez Ethenea, l’actuel rebond de l’inflation ne remettra pas en cause la dynamique positive des marchés. Mais il faudra tenir à l’œil l’évolution des rendements des obligations souveraines.

L’action des autorités monétaires et budgétaires tout au long de la pandémie a créé un environnement reflationniste pour 2021. Pour rappel, la reflation est l’acte de stimuler l’économie en augmentant la masse monétaire ou en réduisant les impôts, en cherchant à la ramener sur sa tendance à long terme après un creux dans le cycle économique. Elle peut être considérée comme une forme d’inflation de «rattrapage». Pour Andrea Siviero, «sauf chocs supplémentaires ou corrections imprévues», cet environnement fournira un soutien appuyé à la croissance économique. Croissance qui restera toutefois hétérogène sur le plan régional, et tributaire de l’évolution de la pandémie.

Le souci – le débat entre économistes –, c’est la poussée actuelle de l’inflation, due principalement à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières et aux contraintes en matière d’offre. Un souci qu’il relativise en pointant du doigt «un écart de production négatif, des freins structurels (démographie, mondialisation et technologies) et un déséquilibre croissant entre épargne et investissement». Pour lui, «cette inflation atteindra son point culminant au deuxième trimestre, mais devrait globalement rester modérée à court terme».

Conséquence: les actuelles politiques monétaires et budgétaires devraient donc rester accommodantes. 

Des marchés toujours porteurs

Qu’est-ce que cela induit pour les marchés financiers? Un maintien des conditions de marché favorables aux actions et aux actifs risqués. «Un environnement reflationniste a tendance à favoriser les actifs corrélés et une accélération de la croissance économique. Par ailleurs, il soutient généralement une rotation au profit des actifs qui ont le plus souffert pendant la phase de récession. Les actions et les matières premières ont tendance à surperformer par rapport aux autres marchés, tout comme les actions des pays émergents par rapport à leurs homologues des pays développés, ou encore les petites capitalisations et les secteurs cycliques face aux grandes capitalisations et aux valeurs de croissance. En période de reflation, les perspectives de croissance et les anticipations de hausse de l’inflation se traduisent par une hausse des rendements des emprunts d’État et la surperformance des obligations à haut rendement par rapport aux titres ‘investment grade’. En règle générale, les cycles de reprise et de reflation vont également de pair avec la dépréciation des devises refuges (dollar américain, yen japonais, franc suisse), dans la mesure où les flux d’investissement sont orientés vers des régions présentant de meilleures perspectives de croissance et des taux d’intérêt supérieurs.»

Des rendements souverains à surveiller

Le risque majeur, ou tout du moins une rupture, pour ce scénario dans la continuité de la croissance des marchés ces dernières années, c’est l’augmentation des anticipations d’inflation, et donc une hausse des rendements souverains qui serait brutale. «Une augmentation durable et significative des taux longs américains pourrait compromettre la reprise cyclique amorcée, mettre un coup d’arrêt à la tendance haussière des marchés et réduire à néant l’effet reflationniste. En outre, le risque posé par la hausse des rendements américains pourrait également soutenir le dollar américain et rediriger les flux d’investissement vers les États-Unis, au détriment des pays émergents. Même si l’environnement reflationniste reste intact, le potentiel de gains supplémentaires sur les actifs risqués diminuera.»

Ce n’est cependant pas son scénario. Pour l’analyste, la hausse des rendements à long terme reflète une nette amélioration des perspectives de croissance mondiales. Et surtout, le soutien politique sans précédent rend cette reprise moins sensible à l’évolution des taux d’intérêt que ce qui était le cas lors des cycles précédents. Pour lui, l’inflation devrait rester durablement modérée, et les banques centrales maintiendront une politique monétaire ultra-accommodante pendant une longue période. Enfin, profitant des taux d’intérêt historiquement bas, les entreprises se sont refinancées à des conditions très favorables, et le rebond économique amplifiera leurs bénéfices.