Frédéric Blanc-Brude (EDHEC Infrastructure & Private Assets Research Institute): «Toutes les infrastructures ont été conçues pour résister aux conditions météorologiques actuelles, mais si les conditions météorologiques futures sont inconnues et potentiellement beaucoup plus dommageables, comment les investisseurs devraient-ils gérer ce risque?» (Photo: EDHEC)

Frédéric Blanc-Brude (EDHEC Infrastructure & Private Assets Research Institute): «Toutes les infrastructures ont été conçues pour résister aux conditions météorologiques actuelles, mais si les conditions météorologiques futures sont inconnues et potentiellement beaucoup plus dommageables, comment les investisseurs devraient-ils gérer ce risque?» (Photo: EDHEC)

Alors que 97% des investisseurs interrogés considèrent que le risque climatique physique est important, plus de trois quarts d’entre eux estiment que les modèles climatiques actuels utilisés par les institutions financières pour évaluer les risques de transition pour les infrastructures sont inadéquats, ce qui met en évidence une lacune dans la compréhension et la gestion de ces risques dans le secteur des infrastructures, selon l’EDHEC.

Une récente enquête auprès des investisseurs a révélé des préoccupations importantes concernant les risques physiques liés au climat pour les actifs d’infrastructure non cotés en bourse. L’enquête, menée par l’EDHEC Infrastructure & Private Assets Research Institute, affilié à l’EDHEC Business School, a révélé que 97% des personnes interrogées considèrent le risque climatique physique comme important, 76% d’entre elles estimant qu’il aura un effet moyen à élevé sur leurs investissements. Toutefois, seuls 16% d’entre eux estiment que l’impact de ces risques est actuellement compris.

L’EDHEC a interrogé 70 professionnels du secteur de l’investissement dans le monde, dont deux Luxembourgeois, qui gèrent collectivement plus de 2 billions de dollars.

Les indices et les références produits par l’institut – et reconnus par l’Autorité européenne des marchés financiers – sont devenus des outils essentiels pour les investisseurs qui gèrent 400 milliards de dollars d’actifs dans le domaine des infrastructures. L’EDHEC a récemment élargi sa base de données pour y inclure des données climatiques uniques sur les infrastructures non cotées, reconnaissant ainsi le rôle crucial du secteur dans la transition climatique.

L’enquête a mis en évidence l’inadéquation des scénarios climatiques existants utilisés par les institutions financières pour évaluer les risques climatiques physiques. 76% des personnes interrogées ont déclaré que les scénarios climatiques utilisés par les institutions financières pour évaluer les risques liés à la transition des infrastructures ne sont pas adaptés à l’évaluation des risques climatiques physiques. Les résultats ont également mis en évidence un manque d’évaluation individuelle des risques climatiques physiques par les investisseurs, ce qui exacerbe le défi de la gestion de ces risques au sein de portefeuilles très concentrés.

Frédéric Blanc-Brude, directeur fondateur de l’EDHEC Infrastructure & Private Assets Research Institute, a souligné la question importante, mais souvent négligée, du risque physique pour les investisseurs en infrastructures. Il a souligné que si les infrastructures actuelles sont construites pour résister aux conditions météorologiques d’aujourd’hui, l’incertitude et la gravité potentielle des conditions météorologiques futures constituent un défi de taille. Le dilemme pour les investisseurs consiste à décider s’ils doivent investir dans le renforcement de leurs actifs, ce qui est coûteux, en particulier au moment où l’économie mondiale vise la décarbonisation pour prévenir le changement climatique. Dans le rapport, Frédéric Blanc-Brude s’interroge sur la viabilité d’un renforcement sélectif de la résilience des actifs et souligne l’importance de prendre une décision proactive, en déclarant: «On ne peut pas le faire ‘en moyenne’ pour certains actifs et pas pour d’autres.» Ce choix pourrait signifier accepter des bénéfices moindres dans un monde qui réussit à se décarboniser ou risquer la destruction d’actifs si les objectifs de zéro émission nette ne sont pas atteints. Il conclut en disant: «La première étape pour résoudre ce dilemme est de disposer de meilleures données.»

Le rapport de 23 pages est disponible .