«En général, cela surprend. Ce n’est pas encore inscrit dans les mœurs.» Dès sa création, en 2018, le cabinet d’externalisation RH Lab s’est positionné sur le créneau du RH à temps partagé, une proposition alors peu connue dans le pays. «C’est du travail en régie. On est davantage habitué à cette formule dans les banques et dans la finance, à travers les services informatiques, que dans les petites et moyennes entreprises. Alors que c’est à elles que s’adresse RH Lab», éclaire la fondatrice et CEO de la structure d’une douzaine de collaborateurs, , 39 ans. En six ans, son cabinet a accompagné une quarantaine de clients à travers le service RH à temps partagé.
Que désigne la fonction de RH partagé?
Lauriane Marlier. – «Il s’agit d’un professionnel des ressources humaines mis à la disposition d’une entreprise. Les entreprises font appel à nous dans des contextes différents.
Lesquels exactement?
«Suite, par exemple, au départ impromptu d’un spécialiste RH, qu’il soit gestionnaire de paie, recruteur, formateur, DRH, HRBP… Tous les métiers sont représentés. On va être dans un contexte d’intérim management pour remplacer un collaborateur sur des aspects stratégiques critiques ou très opérationnels. Cela dépend des circonstances, du type d’activité, et du type d’entreprise. Cela peut aussi être une entreprise ayant grandi rapidement et qui, jusqu’alors, avait confié l’activité RH à une assistante ou à un comptable, parce que les fiches de paie figurent dans le lot. Mais à un moment donné, une certaine expertise est nécessaire. Les ressources humaines, ce sont des méthodes de travail, des outils, des processus, des savoir-faire et des savoir-être qui ne sont pas innés.
Vous êtes présents également dans les transmissions d’entreprise?
«Oui, il y a beaucoup d’entreprises à reprendre au Luxembourg, et dans ce cas notre rôle est de rendre la mariée belle. Lorsqu’on achète une entreprise, on achète une rentabilité, mais aussi un capital humain. Sans cela, c’est une coquille vide. RH Lab réalise alors des audits afin de s’assurer que le climat social est sain, mais également que sur la partie conformité juridique, salariale, management, formation, on dispose d’une vraie force de travail qui en fait une entreprise performante.
Chaque situation est unique et nous nous adaptons aux besoins de nos clients.
Quelle est la durée d’une mission?
«Vous pouvez, par exemple, avoir votre RH à temps partagé un jour par semaine pour une durée indéterminée. Chaque situation est unique et nous nous adaptons aux besoins de nos clients.
Quelle est la première question qu’ils vous soumettent?
«En règle générale, c’est: ‘Vous pouvez commencer quand?’
Parce que vous intervenez dans des situations d’urgence?
«C’est souvent le cas, en effet. Pourtant, nous pouvons aussi intervenir dans un contexte plus serein, lorsque c’est l’option choisie, avec la venue d’un professionnel qualifié, doté d’une boîte à outils déjà construite et constamment alimentée, toujours entouré, et ayant une obligation de résultats. Quand nous partons en mission, celle-ci est verrouillée.
Qu’est-ce qui provoque ces cas d’urgence? Le fait, pour les entreprises, d’avoir négligé les enjeux RH?
«Il peut y avoir de ça. Ces derniers temps, nous sommes beaucoup intervenus sur des projets de mise en conformité avec les nouvelles lois sur le harcèlement, la protection des lanceurs d’alerte, le télétravail, le droit à la déconnexion… Mais aussi la révision de contrats et la rédaction ou la modification de règlements intérieurs. Enfin, nous intervenons également sur des problèmes juridiques, par exemple lorsqu’avec un salarié les choses évoluent mal, ou parce que les contrôles ITM sont aujourd’hui plus nombreux. Autant de sujets délaissés progressivement. Soit par manque de temps, soit par manque de compétences en interne.
En somme, vive la complexité administrative!
«Le législateur est de plus en plus exigeant, il est donc nécessaire d’agir. Mais nous ne faisons pas que cela. Le cabinet intervient aussi sur les salaires, nous exerçons des activités de secrétariat social… En vérité, les problématiques RH et juridiques existent bien en amont de ces nouveaux textes de loi. Nous disposons de plusieurs cordes à notre arc.
On n’incarne pas la fonction de la même manière en étant externe.
Qui sont les experts RH sur lesquels vous vous appuyez?
«Il n’est fait appel à aucun free-lance, ce sont uniquement des salariés de RH Lab. Ce qui fait que nous avons une meilleure maîtrise des choses. Nous connaissons nos collaborateurs, nous les accompagnons, nous les formons, nous les aidons, nous mettons à leur disposition tout ce dont ils ont besoin.
À chaque RH sa spécialité?
«Étant transverse, la fonction RH ne réclame pas de maîtriser un secteur d’activité en particulier. Nous sommes donc généralistes.
Avec des avantages, à vos yeux?
«On n’incarne pas la fonction de la même manière en étant externe. Déjà, en tant que consultant, nous disposons d’un vrai crédit et d’une confiance faisant que nous sommes davantage écoutés. Ensuite, nous sommes plus objectifs, plus neutres. Sur l’aspect prise de décisions et actions complexes, notre position est préférable. Il est plus «facile» de sanctionner ou de licencier un salarié, quand la situation l’exige, parce que nous sommes détachés.
À l’arrivée, les RH partagés sont-ils des RH comme les autres?
«J’effectue moi-même des missions, et je n’ai jamais autant grandi dans ma carrière qu’en étant confrontée aux problématiques de différentes entreprises plusieurs fois dans l’année. Vous savez, rien n’est plus inédit qu’un service RH. Être sans cesse aux prises avec la nouveauté et avec des difficultés fait que nous sommes plus rapidement, et plus efficacement, orientés solutions.»