Malgré leurs réticences, les RH sont près d’un sur deux à faire confiance à l’intelligence artificielle pour rendre un travail de qualité. (Photo: Shutterstock)

Malgré leurs réticences, les RH sont près d’un sur deux à faire confiance à l’intelligence artificielle pour rendre un travail de qualité. (Photo: Shutterstock)

Selon une étude française, l’intelligence artificielle est loin d’avoir franchi les portes des départements RH. Neuf professionnels sur dix travaillent sans, et 76% d’entre eux ne souhaitent même pas en entendre parler. Tout en convenant qu’ils pourraient, les yeux fermés, lui confier des tâches…

Tout le monde en parle, mais personne (ou presque) ne l’utilise vraiment. Pour le moment… À en croire un sondage OpinionWay conduit en France pour la société Kelio auprès d’un panel de plus de 300 professionnels du secteur, plus de neuf professionnels des RH sur dix (91%) n’ont toujours pas recours à l’intelligence artificielle dans l’exercice de leurs fonctions. Et si 15% d’entre eux ne l’utilisent pas actuellement mais aimeraient pouvoir le faire, ils sont 76% à y être résolument réfractaires, ne souhaitant même pas en entendre parler. Seuls 1% des répondants disent en faire usage «de manière importante». Pour le moment…

La peur de ce que l’on ne connaît pas

L’enquête a été menée auprès de cadres RH d’entreprises de 20 salariés et plus, issus des secteurs des services, de l’industrie, de la construction, du commerce, de l’hôtellerie-restauration et des transports. Elle indique que c’est au sein des organisations de plus de 250 employés que l’IA est la mieux implantée: 14% des RH interrogés disent l’avoir déjà intégrée.

Sa lecture témoigne d’une chose: si refus de l’IA il y a à l’instant T, c’est peut-être beaucoup en raison d’un bagage de connaissances insuffisant. Près d’un tiers des répondants (32%) considèrent en effet qu’un manque de compétences ou de formation dédiée constitue le plus gros défi à relever dans l’adoption de l’IA au sein de leurs services, et 29% mettent en avant la résistance au changement au sein des équipes de collaborateurs. Pour 41% d’entre eux, l’incompatibilité (présumée?) de ces outils avec leurs process actuels est une autre difficulté à contourner, de même que le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles (38%).

Aide au recrutement

Ces réserves posées, les RH sont tout de même pratiquement un sur deux (46%) à faire confiance à l’IA pour – telle est l’expression employée dans le sondage – «rendre un travail de qualité». 54% pensent donc le contraire, et ils sont même 20% à indiquer n’avoir «pas du tout confiance».

Lorsque la question de l’utilisation de l’IA sur des tâches précises leur est posée, les RH indiquent malgré tout à 45% qu’elle leur semble intéressante pour la gestion administrative de type paie et congés, et à 41% qu’elle pourrait être une alliée dans le recrutement. Formation et acquisition de compétences (28%), planification stratégique (27%), évaluation des performances (24%) et amélioration de l’environnement de travail (20%) sont les autres domaines cités.

Sur le recrutement, les RH sont 63% à imaginer que l’étape de publication et de diffusion d’une offre d’emploi pourrait être assurée par l’IA, et 57% à dire que cette dernière pourrait la rédiger à leur place. Pour 51% d’entre eux, l’IA pourrait également servir à la vérification des informations fournies par les candidats à l’embauche. Près d’un tiers (31%) l’imaginent effectuer le tri des candidatures et 45% gérer les candidatures non retenues.

S’y préparer

Comme c’est souvent le cas entre le déclenchement d’une révolution d’une telle ampleur et ses premiers déploiements concrets et partagés, il sera sans doute amusant de relire ces chiffres dans quelques années, quand l’IA aura progressivement gagné du terrain dans nos habitudes de travail. Nombreux sont ceux qui s’y préparent ou encouragent à s’emparer de l’IA à bras-le-corps. À l’image de la House of Training, qui propose une formation dédiée aux professionnels RH à l’issue de laquelle les participants seront renseignés sur les impacts de l’IA sur leurs métiers et sauront exploiter ses outils «et en faire des leviers pour le recrutement, la formation et la gestion des talents». Ou du réseau HRCommunity.lu qui, dans , édité en novembre dernier, préconisait notamment de «capitaliser sur l’IA et le big data pour recueillir des informations pertinentes sur les compétences et définir les emplois de demain». Même si, apparemment, la route s’annonce longue.