Le registre du commerce a publié ce lundi l’immatriculation de Revolut Technologies au 19 rue de Bitbourg, chez Arendt Services. Nikolay Storonsky (cofondateur et CEO), Yatsenko Vladyslav (cofondateur et directeur technique) et Hambrett Thomas (directeur juridique) ont créé leur structure luxembourgeoise le 5 juin.
Il y a un moment que les rumeurs annoncent l’arrivée au Luxembourg de cette fintech star, née en 2015 à Londres, pour continuer à avoir son accès au marché européen après le Brexit.
La fintech, qui propose des services bancaires et financiers pour 0 à 14 euros par mois, n’a pas de licence luxembourgeoise, elle ne figure pas dans les entités surveillées par la Commission de surveillance du secteur financier. Sollicitée par Paperjam, la CSSF indique ne pas donner d'informations ni sur les identités qui ont soumis un dossier d'agrément, ni sur les processus en cours.
Première question parlementaire
«D’après mes informations, au moins une société d’envergure ayant récemment introduit une demande en vue d’obtenir un agrément, serait pointée du doigt dans son pays d’origine pour non-conformité aux réglementations existantes ainsi que pour non-transparence.» Le 27 mai, le député CSV .
«Les sociétés fintech qui exercent une activité financière soumise à agrément et surveillance au titre du droit UE et/ou du droit national relèvent de la surveillance de la CSSF. Tel est notamment le cas des établissements de paiement. Le ministère des Finances n’est pas en charge de la surveillance du secteur financier, ni du secteur de l’assurance ou des marchés financiers», lui a répondu le ministre des Finances, .
«Le programme gouvernemental a identifié la digitalisation du secteur financier comme l’un des domaines d’action prioritaires pour les années à venir. Aux fins de préserver la compétitivité et la réputation de la place financière, une réflexion sur une modernisation/adaptation du cadre légal applicable aux activités du secteur financier aux nouvelles technologies – dans le respect du droit de l’UE – fait partie intégrante du plan d’action du Haut comité de la place financière (HCPF)», poursuit le ministre dans sa réponse.
Licence lituanienne contestée
Depuis fin 2018, Revolut a une licence d’établissement de monnaie électronique en Lituanie, le nouvel eldorado des fintech. Mais en avril, pour la troisième fois en moins d’un an, le Parlement lituanien avait demandé un réexamen de l’octroi de cette licence.
Les députés lituaniens reprochent au fondateur de la fintech, Nikolay Storonsky, et à son père, qui dirige les recherches scientifiques pour une filiale de Gazprom, la société gazière russe, d’être trop proches du pouvoir russe et donc de présenter des risques pour l’image de la Place.
Fin mars, le régulateur britannique a lancé une enquête sur l’interruption, l’été dernier, d’un certain nombre de comptes ouverts chez Revolut, pour des suspicions de blanchiment, .
Draghi critique
Ce lundi, , le patron de la Banque centrale européenne, l’Italien Mario Draghi, émettait un avertissement à peine masqué aux autorités sur le délivrement à toute vitesse de licences bancaires pour les fintech. «C’est une source majeure de croissance future pour la Lituanie et, bien entendu, d’inquiétude et d’attention futures en termes de supervision», a-t-il dit, selon l’agence de presse, à Vilnius à l’occasion de la réunion sur la politique de la Banque centrale européenne, organisée une fois par an, en dehors de Francfort.
Après avoir levé 250 millions d’euros en avril, Revolut est valorisée à 1,7 milliard d’euros – une licorne – et compte quatre millions de clients. Ses fondateurs, qui veulent passer à 100 millions de clients d’ici 2023, ont lancé leurs activités hors d’Europe le 12 juin avec une version test en Australie.
La croissance est tellement rapide qu’elle a valu des ennuis au Royaume-Uni, en interne, avec des pressions exercées par le management sur les employés, et avec le régulateur britannique, qui a été saisi de 171 plaintes entre 2015 et 2018, principalement de clients laissés sans réponse face à leurs interrogations urgentes.