Évolution de l’IXV et du Space Rider, le REV1 permet d’embarquer une tonne de matériel pour fabriquer de nouveaux matériaux, de nouveaux liquides, de nouvelles plantes ou des cellules dans l’espace. (Photo: Orbital Views)

Évolution de l’IXV et du Space Rider, le REV1 permet d’embarquer une tonne de matériel pour fabriquer de nouveaux matériaux, de nouveaux liquides, de nouvelles plantes ou des cellules dans l’espace. (Photo: Orbital Views)

Le fondateur et CEO de Space Cargo Unlimited, Nicolas Gaume, lève un voile sur son projet futuriste d’usine dans l’espace, le REV1, ce jeudi 27 octobre, à l’occasion de la conférence NewSpace Europe à LuxExpo The Box. Il prend ainsi de vitesse les analystes du marché.

Imaginez. Des mois à finaliser un dossier bien ficelé pour convaincre les autorités de pouvoir s’implanter dans une zone industrielle ou sur un bout de terrain. Les défenseurs de l’environnement qui veillent au grain à ce que cette usine ne vienne pas encore accélérer la dégradation de nos écosystèmes. Les premiers coups de pelleteuse et les premiers camions de terre. Les premières constructions. Ces fils qu’on branche au dernier moment. Ces sols qu’on balaie pour tenir à bonne distance l’image des gueules noires qui remontent de la mine. Cette inauguration au cours de laquelle entrepreneurs et politiques sourient aux photographes et trinquent au crémant luxembourgeois. Ces employés enthousiastes à l’idée d’être de l’aventure et qui regardent avec tendresse les cheminées de l’usine lâcher dans le ciel leurs volutes de fumée blanche.


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REV1, ce n’est pas cette usine-là. Trois ans après vers la Station spatiale internationale – non, pas pour que Thomas Pesquet s’en délecte – le fondateur et CEO de Cargo Space Unlimited, Nicolas Gaume, et Karine Courtin, membre de son conseil d’administration et surtout spécialiste en microtechnologies et microcapteurs, présentent ce jeudi 27 octobre le premier véhicule spatial automatisé réutilisable dédié à la fabrication en orbite.

Comme permettre à des Terriens de comprendre? Cette «usine spatiale» est un module d’un peu moins de trois tonnes, doté de technologies comme l’impression en 3D et complètement autonome, technologies qui vont servir à la fabrication de liquides, de matériaux ou de cellules humaines et animales dans l’espace, pour profiter des effets de la microgravité. Elle offre 1.200 litres de volume pour une charge d’une tonne.

20 missions par capsule à partir de 2025

La capsule, conçue avec Thales Alenia Space, sur la base des programmes – et de l’Agence spatiale européenne, pourra être lancée de plusieurs lanceurs différents et relancée jusqu’à 20 fois, pour une mission de deux à trois mois à chaque fois, à partir de la fin 2025.

Il existe de nombreux cas d’usage. «Vous pouvez prendre un liquide, l’amener dans l’espace et le durcir pour créer une lentille optique avec la surface polie la plus pure alors que cela prendrait des mois à polir sur Terre à grands frais», commente la responsable de la communication de l’entreprise qui a posé un pied au Luxembourg en 2014, Maryse Camelan. «Dans le domaine des biotechnologies, un bioréacteur est une usine en soi, dans laquelle tout le processus consiste à accélérer la réplication des cellules souches. Certains projets prévoient de réutiliser des ressources minérales trouvées sur des planètes ou des astéroïdes», ce qui était un enjeu de l’initiative Space Resources lancée au Luxembourg, avant qu’elle évolue.

Le business model semble être une «space factory as a service» pour singer le vocabulaire des consultants. Mettons qu’une grande marque de cosmétiques veuille développer un nouveau produit contre le vieillissement des cellules. Elle pourra booker une mission ou une partie de mission pour aller créer des cellules dans cette perspective et les récupérer trois mois plus tard, poursuivre ses analyses et mettre au point son produit.

«Il était de mon intérêt de suivre l’après-IXV et nous avons réussi à faire financer SpaceRider», explique l’ex-directeur général de l’Agence spatiale européenne, Johann-Dietrich Wörner. «La prochaine étape logique est la commercialisation d’expériences embarquées en orbite terrestre basse. REV1 relève exactement de cette approche.»

Un marché à 20 milliards d’ici 2035

SCU a levé des fonds auprès de sociétés de capital-risque, comme Eurazeo, Expansion (promue par Charles Beigbeder et François Chopart de Starburst), Thales Corporate Ventures et de business angels.

Alors que Morgan Stanley estime que la fabrication dans l’espace représentera un marché de 10 milliards de dollars d’ici 2040, SCU pense qu’avec des solutions comme son REV1, il pourrait être deux fois plus important avec cinq années d’avance.

«C’est un voyage incroyable que Space Cargo Unlimited a débuté il y a sept ans», s’enthousiasme Mme Courtin. «Il n’y a pas de planète B et nous voulons créer un avenir meilleur en aidant à inventer et à accélérer la fabrication spatiale au profit de l’humanité. Les principales industries verront un impact grandissant, dont la biotechnologie, les produits pharmaceutiques, l’agriculture et les nouveaux matériaux.»