Le président du Conseil européen António Costa réunit les 27 pour un sommet sur l’Ukraine. Sommet à l’issue duquel il espère voir des mesures concrètes et fortes être adoptées. (Photo: Shutterstock)

Le président du Conseil européen António Costa réunit les 27 pour un sommet sur l’Ukraine. Sommet à l’issue duquel il espère voir des mesures concrètes et fortes être adoptées. (Photo: Shutterstock)

Les dirigeants de l’Union européenne sont réunis à Bruxelles pour un sommet extraordinaire portant sur la poursuite du soutien à l’Ukraine et l’évolution de la défense européenne. L’enjeu? Rien de plus que la survie politique de l’UE.

Pris en étau entre Vladimir Poutine à l’est et Donald Trump à l’ouest, les dirigeants européens sont au pied du mur. «Nous vivons un moment déterminant pour l’Ukraine et la sécurité européenne», a écrit António Costa, président du Conseil européen dans sa lettre de convocation à cette réunion. Une réunion qui fait suite à la séance de réflexion informelle tenue le 3 février à Bruxelles au Palais d’Egmont et à la réunion organisée ce 2 mars par le Premier ministre britannique, Keir Starmer. Une réunion à laquelle étaient conviés 11 pays membres de l’UE (Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Suède et Tchéquie) ainsi que le Canada, la Norvège et la Turquie – le pays qui fournit le plus grand contingent de soldats au sein de l’Otan.

Qu’attendre de cette réunion? Sûrement pas la décision d’envoyer des soldats européens sur le sol ukrainien. «Ce n’est pas l’ordre du jour», glissait ce 4 mars au sortir de son intervention devant les députés. Une telle décision ne peut être prise en l’état actuel des choses que par l’Otan. Otan dont la prochaine réunion se tiendra en juin aux Pays-Bas. Et c’est bien là tout le problème: la multiplication des réunions pose la vraie question, sans réponse: qui doit faire – ou veut faire – quoi en matière de sécurité en Europe? L’UE est une alliance économique dont la vocation militaire est contrainte et tardive tandis que l’Otan est une alliance militaire dont le bon fonctionnement dépend de la bonne volonté de Washington.

Que les volontaires sortent du rang!

Lors du sommet du 2 mars, Keir Starmer a déclaré que le Royaume-Uni, la France et «un ou deux autres» pays allaient travailler avec l’Ukraine sur un «plan pour arrêter les combats» qu’ils vont par la suite présenter aux États-Unis.

Dit autrement, les Britanniques et les Français cherchent à réunir une coalition de volontaires pour une action sur le terrain. Ce plan pour arrêter les combats reposerait sur trois piliers déjà évoqués par le président français Emmanuel Macron lors du sommet de Paris du 17 février: une Ukraine en position de force capable de se défendre; des garanties de sécurité européennes – donc un déploiement de troupes sur le terrain – et un filet de sécurité américain en dernier recours. Dans cette vision, c’est à l’Europe que reviendrait le gros du travail. Une Europe de volontaires. Une approche qui pose la question de l’unité européenne dans le domaine militaire.

Un ordre du jour économique

En attendant, les discussions de ce 6 mars – en présence du président ukrainien, Volodymyr Zelensky – devraient d’abord porter sur la hausse des dépenses de défense. La hausse des dépenses de défense et, surtout, sur le moyen d’y arriver. Parmi les pistes envisagées, il y a une plus grande flexibilité du Pacte de stabilité pour permettre aux États de dépenser davantage sans être visés par une procédure de déficit excessif. Viennent ensuite une réorientation de l’utilisation des fonds structurels et des fonds non dépensés du plan de relance NextGenEU, un élargissement des missions de la Banque européenne d’investissement et le recours à la dette via une obligation dédiée émise au niveau européen. Une décision symbolique forte qui aurait l’avantage de pouvoir être mise en place rapidement. Le plan ReArm Europe présenté ce 4 mars par la Commission européenne  – un plan qui a tout le soutien de Luc Frieden – devrait s’inviter dans le débat.

Les 27 pourraient aussi annoncer un nouveau paquet d’aide militaire pour l’Ukraine, d’un montant total de 20 milliards d’euros. Depuis le début de l’agression russe, l’UE et les 27 ont fourni pour 135 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, dont 48,7 milliards pour soutenir l’armée de Kiev. De 2021 à 2024, les dépenses totales des 27 en matière de défense ont augmenté de 30%, pour atteindre 326 milliards, soit environ 1,9% du PIB de l’UE.

L’ordre du jour mentionne également un échange de vues sur les contributions européennes aux garanties de sécurité nécessaires pour assurer une paix durable en Ukraine.

António Costa espère que des décisions concrètes seront prises à l’issue de la réunion «afin que l’Europe devienne plus souveraine, plus capable et mieux à même de faire face aux défis immédiats et futurs qui pèsent sur sa sécurité».