Mathias Cormann (OCDE): «Une réforme globale des retraites – avec une augmentation plus précoce des taux de cotisation, un relèvement de l’âge effectif de départ à la retraite et une croissance plus faible des prestations de retraite – mettrait le système sur une trajectoire durable.» (Photo: Shutterstock)

Mathias Cormann (OCDE): «Une réforme globale des retraites – avec une augmentation plus précoce des taux de cotisation, un relèvement de l’âge effectif de départ à la retraite et une croissance plus faible des prestations de retraite – mettrait le système sur une trajectoire durable.» (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg est confronté à la hausse des coûts des retraites, à la baisse de la productivité, à la faiblesse des investissements dans la R&D et aux pressions sur le logement, et doit agir par le biais de réformes pour préserver ses finances publiques et atteindre ses objectifs en matière de croissance et de climat, selon un nouveau rapport de l’OCDE.

Le Luxembourg doit stimuler l’innovation, améliorer les compétences de la main-d’œuvre et réformer son système de retraite pour maintenir une croissance économique forte et des finances publiques saines, selon la dernière étude économique de l’OCDE sur le Luxembourg le 28 avril 2025.

L’OCDE a constaté que le Luxembourg avait le PIB par habitant le plus élevé des 38 pays de l’OCDE et un faible niveau de dette publique. L’étude prévoit que la croissance du PIB passera de 1,0% en 2024 à 2,1% en 2025 et à 2,3% en 2026. L’inflation globale des prix à la consommation devrait poursuivre son déclin, passant de 2,3% en 2024 à 2,1% en 2025 et 1,9% en 2026.

Selon l’OCDE, la politique budgétaire devrait rester prudente à court terme. Étant donné que le Luxembourg est une économie très ouverte avec un secteur financier important représentant environ un quart du PIB, il reste vulnérable aux chocs économiques mondiaux. Des pressions croissantes sur les dépenses liées au vieillissement de la population, aux besoins en matière de défense et à la transition climatique ont également été observées. L’OCDE a conclu qu’il convenait de maintenir une politique budgétaire rigoureuse, notamment en supprimant progressivement les mesures de soutien à la politique énergétique.

Une réforme des retraites s’impose d’urgence

Selon le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, le Luxembourg se distingue par des niveaux de vie et de revenus très élevés parmi les pays de l’OCDE. Toutefois, il a indiqué que l’optimisation des politiques était nécessaire pour maintenir des finances publiques solides et soutenir la croissance. L’OCDE a conclu qu’une réforme globale des retraites était nécessaire, impliquant une augmentation plus précoce des taux de cotisation, un relèvement de l’âge effectif de départ à la retraite et un ralentissement de la croissance des prestations de retraite pour assurer la viabilité du système.

L’OCDE a souligné que le Luxembourg était confronté à une forte augmentation des dépenses de retraite, le nombre de retraités devant plus que tripler d’ici à 2070. Elle a constaté que l’augmentation des cotisations de retraite à un taux viable à long terme et le relèvement de l’âge effectif de départ à la retraite, actuellement le plus bas de l’OCDE, permettraient de renforcer le système de retraite. En outre, l’enquête recommande de relever l’âge de la retraite anticipée et l’âge légal de départ à la retraite en fonction de l’allongement de l’espérance de vie. Elle suggère également de retirer les années passées dans l’enseignement supérieur du calcul des années de cotisation afin de mieux aligner les prestations de retraite sur l’historique de travail réel.

Défis de la productivité et de l’innovation

Le rapport observe que si la productivité du Luxembourg reste parmi les plus élevées de l’OCDE, elle a baissé au cours des 15 dernières années. Il indique que la croissance future passe par un renforcement de l’innovation dans les entreprises et une plus grande adoption des technologies. Les dépenses des entreprises en matière de recherche et développement ne représentaient que 1,0% du PIB, soit l’un des taux les plus bas de l’OCDE.

L’OCDE a recommandé de renforcer la concurrence, en particulier dans les services, de recentrer le soutien public à l’innovation et d’améliorer l’éducation et la formation des adultes. Elle a constaté que la rationalisation du crédit d’impôt à l’investissement et l’éligibilité des améliorations numériques et technologiques progressives favoriseraient l’adoption de la technologie, en particulier dans les petites entreprises.

Marché du logement et réformes structurelles

L’accessibilité au logement est restée faible malgré une baisse d’environ 20% des prix réels de l’immobilier au cours des deux dernières années, a indiqué l’OCDE. L’OCDE a constaté qu’il était nécessaire de mettre davantage l’accent sur les pénuries structurelles de l’offre. L’introduction prévue par le gouvernement d’une surtaxe foncière au niveau national sur les terrains inutilisés a été citée comme une mesure positive pour décourager la thésaurisation des terrains et augmenter l’offre de logements. L’OCDE a également conclu que la rationalisation du processus d’autorisation des projets de construction rendrait le marché du logement plus réactif à la demande.

Politique climatique

L’OCDE a reconnu que le Luxembourg avait fait des progrès significatifs dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais a déclaré que des mesures supplémentaires étaient nécessaires. Elle recommande de poursuivre le développement des transports publics et des options de mobilité alternative. En outre, elle a suggéré d’aligner plus étroitement les prix des carburants sur ceux des pays voisins et d’ajuster le régime fiscal pour mieux favoriser l’adoption des véhicules électriques afin d’aider le Luxembourg à atteindre ses objectifs climatiques.

Cet article a été rédigé initialement , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.