Les marchés boursiers mondiaux de 3% à 5% en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine jeudi. Le temps d’intégrer le risque géopolitique, les pertes subies sur les cours des actions pourraient se résorber sur le long terme. Interrogé à ce propos par Paperjam quelques heures à la suite des premières frappes russes, Bruno Colmant, group head of private banking chez Degroof Petercam, ne s’était alors pas montré trop alarmiste: «Ça reste peu par rapport à ce qu’on avait connu en 2008, lors de l’effondrement des subprimes. On n’est pas dans une situation cataclysmique. Ça a un impact négatif mais limité sur les bourses de manière générale.»
Selon Bruno Colmant, le risque à surveiller de près reste par contre l’augmentation des prix des matières premières, des produits alimentaires et du gaz. «On peut s’attendre à la persistance d’un contexte inflationniste», signalait-il, rappelant que le taux de l’inflation ne cesse d’augmenter en Europe depuis six mois.
Le contexte de persistance d’une inflation élevée et de ralentissement de la croissance économique a donné lieu à des suggestions selon lesquelles l’économie mondiale pourrait bientôt entrer dans une période de stagflation.
dans la crise ukrainienne, matérialisé par un conflit armé intensif, a amené l’économie mondiale à un point de bascule. Alors que celle-ci sortait à peine de la récession causée par la pandémie et que la plupart des banques centrales annonçaient la fin de leurs programmes de rachat d’urgence, certains analystes économistes n’hésitent pas à évoquer le risque de stagflation. C’est le cas d’Andrea Siviero, investment strategist chez Ethenea: «Le contexte de persistance d’une inflation élevée et de ralentissement de la croissance économique a donné lieu à des suggestions selon lesquelles l’économie mondiale pourrait bientôt entrer dans une période de stagflation.»
Une épine dans le pied de la BCE
Même si les chiffres et les experts s’accordent sur le point que le poids macro-économique de l’Ukraine reste limité, le conflit armé qui s’y déroule et les sanctions occidentales qui en découlent influencent les prix des matières premières et de l’énergie – . Ce qui pourrait bien conduire à un ralentissement de l’économie.
Le cœur du problème repose dans le fait que la Russie et l’Ukraine se trouvent à la croisée des chemins de la production de matières premières vitales, tels le pétrole, le gaz, les céréales, les minéraux et les métaux. «Une flambée continue des prix de l’énergie et des matières premières alimentera les pressions sur les prix, avec des risques considérables de voir l’inflation s’installer, déclenchant des effets secondaires à plus long terme», interpelle Andrea Siviero.
Les défis que doivent relever les responsables de politique monétaire, en particulier la BCE, se sont considérablement compliqués, car un nouveau choc du côté de l’offre frappe le système.
Avec une inflation constamment élevée combinée à un ralentissement de la dynamique économique et à une réduction des soutiens politiques à l’économie, l’arrivée d’une stagflation chamboulerait le travail de normalisation des banques centrales. Pour sa part, Henk-Jan Rikkerink, global head of solutions and multi asset chez Fidelity International, estime que «les défis que doivent relever les responsables de politique monétaire, en particulier la BCE, se sont considérablement compliqués, car un nouveau choc du côté de l’offre frappe le système». Les politiques de resserrement agressives espérées par les acteurs des marchés financiers pourraient bien être reconsidérées en raison d’une nouvelle réalité qui s’impose. Certains commentateurs s’attendant à ce que la Banque centrale européenne renonce à finalement réduire son programme de rachat d’urgence d’actifs, .