Serge Majerus a repris l’entreprise de toiture Lucien Heinz en 2011: «Maintenant, je fais encore comme si c’était un héritage de famille.» (Photo: Serge Majerus)

Serge Majerus a repris l’entreprise de toiture Lucien Heinz en 2011: «Maintenant, je fais encore comme si c’était un héritage de famille.» (Photo: Serge Majerus)

Serge Majerus a repris en 2011 l’entreprise de toiture Lucien Heinz qui devait fêter ses 100 ans d’existence cette année. Mais le coronavirus a chamboulé l’agenda non seulement des célébrations, mais aussi de l’ensemble de l’entreprise. Son patron partage avec nous son ressenti.

Les charpentes, l’isolation, les façades ou encore les constructions: l’entreprise de toiture Lucien Heinz façonne le bois au gré de la demande de ses clients. «J’ai toujours été passionné par le bois», explique Serge Majerus, le dirigeant de cette PME basée à Deiffelt.

Après avoir travaillé en tant que technicien pour une commune, le jeune artisan a franchi en 2011 le cap de l’entrepreneuriat avec la reprise de cette entreprise familiale. «Lucien Heinz recherchait un repreneur, il avait déjà 57 ans environ, pas de repreneur dans la famille: c’était moi ou la fin de l’entreprise», explique Serge Majerus. Il a d’abord bénéficié de l’accompagnement de l’ancien patron histoire de prendre pleinement ses marques. «Maintenant, je fais encore comme si c’était un héritage de famille», dit-il.

C’était moi ou la fin de l’entreprise.
Serge Majerus

Serge Majerusdirigeant de l’entreprise de toiture Lucien Heinz

L’arrêt forcé des activités au printemps pour raisons sanitaires a sans nul doute marqué Serge Majerus. «C’était un peu bizarre parce que comme on est une entreprise qui travaille à l’extérieur, on a déjà l’expérience du chômage technique, surtout en hiver. Mais rester à la maison quand il fait 20°C, du soleil, c’est bizarre.»

En tant que chef d’entreprise, le jeune artisan a fait ses comptes: les charges ont continué à courir, mais le chômage partiel a permis de limiter les dégâts dans la trésorerie de l’entreprise membre de l’association . La structure était déjà montée à bord du train de la digitalisation avec notamment un investissement dans un nouveau serveur permettant un accès à distance aux données de travail. Tout ce nouveau processus avait été implémenté en 2019. «Je me suis dit qu’il fallait faire cela tant que ça allait bien, car la prochaine crise allait venir, mais je ne pensais pas qu’elle viendrait aussi vite», observe Serge Majerus.

Des dommages collatéraux à venir?

Aujourd’hui, les activités ont repris, mais l’impact du coronavirus n’a pas disparu: «C’est l’incertitude. Pour nous, la crise est encore là, mais je pense que dans 2 ou 3 ans, ça ira.» L’artisan redoute un effet domino induit par une baisse possible des investissements de l’État.

La pandémie de Covid-19 a aussi été vue comme une leçon pour le jeune entrepreneur. «On doit toujours être bien préparé», pointe-t-il alors que la crise est loin d’être terminée à ses yeux. «Il y a beaucoup d’entreprises qui vont arrêter dans les prochaines années, pas seulement à cause de la crise, mais aussi parce qu’elles n’ont pas de repreneur.»

Serge Majerus n’a que neuf ans d’ancienneté, mais est à la tête d’une firme centenaire. Son expérience, il la partage volontiers et n’a qu’une envie: voir davantage d’appétence au risque des artisans pour reprendre des entreprises et continuer à écrire leur histoire pour des années encore.