Jacques Santer, Jean-Claude Franck, Marc Gerges et Xavier Bettel. Pour le Luxembourg, la modernisation des institutions publiques est tout autant une question de stratégie d’investissement responsable que de volonté d’offrir un excellent service public. (Montage: Maison Moderne)

Jacques Santer, Jean-Claude Franck, Marc Gerges et Xavier Bettel. Pour le Luxembourg, la modernisation des institutions publiques est tout autant une question de stratégie d’investissement responsable que de volonté d’offrir un excellent service public. (Montage: Maison Moderne)

Plus que la décision elle-même, c’est le moment qui a été choisi par la radio 100,7 pour se séparer de son directeur général, Marc Gerges, qui peut surprendre.

De longue date en conflit ouvert avec la rédaction – et avant tout avec son rédacteur en chef, –, l’ancien journaliste et conseiller en communication  n’a pas réussi à rétablir une relation de travail saine au sein de la radio de service public. En surface, cela est apparu comme un bras de fer entre la défense (évidemment essentielle) de l’indépendance journalistique et un encadrement (pourtant légitime) des équipes. En profondeur, il s’agissait en réalité d’une bataille dans la boue quant à l’orientation de la radio publique, ses ambitions, notamment en termes d’audience, son rôle dans la société tout court et, finalement, quant à qui allait être le moteur des projets de développement: le rédacteur en chef ou le directeur général?

Une tentative de médiation a échoué, le conseil d’administration s’est montré hésitant, un ministre a préféré ne pas s’en mêler. Il y a finalement dans cette affaire Gerges-Franck un arrière-goût de l’affaire Lunghi-Schram. Même si, en soi, ces deux cas sont bien différents, ils ont comme point de départ commun la faible gouvernance d’institutions publiques, la radio 100,7 étant un établissement public, tandis que le Mudam est une fondation financée essentiellement par l’État.

Comprendre les origines

Dès les années 1980, l’intelligentsia luxembourgeoise a revendiqué la création d’un musée d’art contemporain, et les étudiants ont réclamé la fin du monopole du marché des radios, dont profitait alors RTL. Une décennie plus tard – on est toujours dans les années fastes de la place financière avec des caisses de l’État bien remplies –, les gouvernements Santer-­Poos décident de doter le Grand-­Duché de nouvelles infrastructures et se lancent non seulement dans la création du plus important musée du pays, mais entament aussi le chantier de la libéralisation du marché des radios, dont émanera la radio socioculturelle.

C’était sans doute une autre époque, mais les erreurs commises sous le Premier ministre Jacques Santer ne sont toujours que partiellement corrigées par le Premier ministre actuel, (DP). Il faut maintenant arrêter une vision claire pour l’institution (le fameux «why» des entrepreneurs à succès), définir des objectifs tangibles (et accompagnés d’indicateurs de performance mesurables) et mettre en place un modèle de gouvernance transparent (en consultant l’ensemble des parties prenantes). À défaut de cette modernisation, les institutions publiques tourneront encore longtemps au ralenti et d’autres directeurs (ambitieux) seront sacrifiés. Rebelote. Pour le Luxembourg, c’est tout autant une question de stratégie d’investissement responsable que de volonté d’offrir un excellent service public.

Cet édito a été rédigé pour l’édition magazine de  qui est parue le 29 avril 2021.

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