Expert economist chez ING Belux, Philippe Ledent observe que la reprise se fait plus rapidement aux États-Unis qu’en zone euro. (Photo: Maison Moderne)

Expert economist chez ING Belux, Philippe Ledent observe que la reprise se fait plus rapidement aux États-Unis qu’en zone euro. (Photo: Maison Moderne)

Les États-Unis ont déjà enregistré une croissance de 1,6% au premier trimestre alors que la zone euro n’échappera pas à une seconde récession technique. Pour Philippe Ledent, expert economist chez ING Belux, l’Europe tarde, mais la reprise viendra prochainement.

Quelle semaine! Entre les 100 jours de mandat du président Joe Biden, ses annonces d’un nouveau plan pour renforcer le filet de sécurité sociale aux États-Unis, la réunion de la Fed, les indicateurs de confiance et les chiffres de croissance du PIB au premier trimestre tant aux États-Unis qu’en zone euro, il y avait de quoi mettre ses données économiques à jour. Alors, que faut-il retenir de tout cela? Principalement le fait que la reprise économique est bel et bien engagée aux États-Unis, mais qu’elle attendra le deuxième trimestre en zone euro.

Avec 1,6% de croissance par rapport au trimestre précédent, l’économie américaine a en effet fait un grand pas dans la bonne direction au premier trimestre de cette année. Il faut dire qu’un bon chiffre était attendu, compte tenu des différentes aides accordées aux ménages américains dans le cadre du plan de 900 milliards USD voté en tout début d’année et des premiers effets du plan de soutien de 1.900 milliards USD à l’initiative du nouveau président. Si l’on y ajoute que la vaccination avance à un très bon rythme (50% de la population américaine devrait avoir reçu une première dose de vaccin dans très peu de temps), on peut effectivement dire que l’économie américaine est relancée.

Les gouvernements européens n’ont pas sorti une artillerie aussi lourde qu’aux États-Unis pour relancer leur économie.
Philippe Ledent

Philippe Ledentexpert economistING Belux

La situation est différente dans les pays de la zone euro. Avec une contraction du PIB de 0,6% au premier trimestre de cette année, la zone euro n’évite pas une deuxième récession technique dans cette crise (une récession étant définie comme deux trimestres consécutifs au moins de croissance négative). Ce chiffre cache par ailleurs des situations très différentes. D’un côté, la Belgique et la France se sont redressées, et de l’autre, l’Allemagne connaît un important revers, avec une contraction de pas moins de 1,7% de son activité (le chiffre pour le Luxembourg n’est pas encore disponible). Mais en fait, les situations nationales semblent s’équilibrer entre les pays de la zone euro, puisque le dernier trimestre avait révélé le même type de divergence, mais en sens inverse.

Le retard que prend actuellement la zone euro n’est pas étonnant: la pandémie continue de toucher davantage les pays européens et le processus de vaccination avance, mais est en retard par rapport aux États-Unis. Enfin, les gouvernements européens n’ont pas sorti une artillerie aussi lourde qu’aux États-Unis pour relancer leur économie.

Malgré le retard dans la reprise en zone euro, terminons néanmoins sur une note positive: les indicateurs de confiance étaient en forte hausse en avril, traduisant au moins l’envie d’aller de l’avant. Bref, à défaut d’avoir engagé sa reprise, l’économie de la zone euro est dans les starting-blocks!